COVID-19 : des séquelles réelles, mais peu documentées

Serge Cannasse

15 octobre 2020

France – Les médias se sont faits l’écho de publications rapportant la persistance de troubles après la phase aiguë de Covid-19. À la demande de la Direction générale de la santé, le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) a étudié la littérature parue sur le sujet, dans le but d’aider les praticiens à repérer et traiter les patients concernés. Il avertit d’emblée que les travaux sont trop peu nombreux et le recul insuffisant pour tirer des conclusions générales et valides. Néanmoins, il dresse un état des lieux des pathologies observées, en prenant garde de ne pas affirmer de lien direct avec la maladie Covid-19 et de laisser supposer leurs mécanismes physiopathologiques. Ainsi, pour la gériatrie, il explique qu’il « y a un manque total de données prospectives. » Il signale cependant le lancement de l’étude française COVID-OLD coordonnée par Gaëtan Gavazzi et à laquelle participent de nombreuses études dont celle de Nancy. Elle suivra pendant 1 an l’évolution de la fonctionnalité chez les patients de plus de 70 ans atteints par le SARS-CoV-2.

Manifestations respiratoires

Là aussi, les données sont « limitées ». Les symptômes retrouvés sont un syndrome restrictif et/ou diminution de la DLCO (Capacité de diffusion du monoxyde de carbone – CO), une fibrose. Un travail a montré l’intérêt d’une réhabilitation respiratoire.

Complications cardiaques

Leur prévalence a été estimée entre 7 et 22% des formes graves. Ce sont : atteintes myocardites aiguës ischémiques, arythmie par fibrillation auriculaire, troubles de la conduction, tachyarythmie, fibrillation ventriculaire. 

 

Les patients ayant une pathologie cardiaque antérieure à l’infection par le SARS-CoV-2 sont plus à risque de complication. « C’est pourquoi ils ne doivent pas interrompre leur traitement habituel, en particulier les IEC/ARA2 et leur accès aux soins, éventuellement par téléconsultation, ne doit pas être limité », précise le texte.

Il faut rechercher des séquelles cardiaques chez tous les patients ayant eu une maladie Covid-19 avec manifestations cardiaques quelle qu’en soit la sévérité (au minimum, ECG sur 24 heures, échographie cardiaque, test d’effort et/ou IRM cardiaque).

Une tachycardie est fréquemment rapportée, mais n’est pas associée à un surrisque de décès. 

Troubles secondaires de l’immunité

Certaines ont été rapportées à distance de l’infection à SARS-CoV-2, avec quelques formes graves spécifiques aux enfants (par exemple, un syndrome Kawasaki-like).

Manifestations neurologiques

Par rapport aux manifestations respiratoires, elles semblent bien moins fréquentes, mais elles sont potentiellement nombreuses, notamment encéphalite, encéphalomyélite, syndrome de Guillain-Barré, rhabdomyolyse, avec une fréquence particulièrement élevée d’événements cérébro-vasculaires (62% des troubles post-Covid dans une étude) : ischémie, hémorragie intracérébrale, vascularite du système nerveux central.

Complications neuropsychologiques

Elles sont très fréquemment rapportées, avec des fréquences variant fortement d’une étude à l’autre, selon les pays et les groupes sociaux. Elles semblent favorisées par l’isolement, la quarantaine, l’exercice d’une profession exposant au risque d’infection. Un soutien social est associé à une diminution du risque d’anxiété et/ou de dépression.

 

Complications ORL

Les troubles olfactifs sont fréquents pendant la phase aiguë et peuvent perdurer ensuite, de 1 à plus de 4 semaines, mais les données manquent sur le long terme.

 

Conclusion

Le HCSP formule plusieurs recommandations : standardisation du recueil des données, inclusion dans une cohorte de suivi post-Covid des patients non inclus dans la cohorte French COVID (patients hospitalisés à la phase aiguë), coordination nationale des cohortes existantes.

 

Ce résumé clinique a été publié initialement sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape.

Nouvelles recommandations européennes en cardiologie du sport: focus sur les arythmies

Vincent Richeux
6 octobre 2020
Les nouvelles recommandations européennes sur la pratique d’une activité sportive chez les patients atteints de pathologies cardiovasculaires ont été présentées lors du congrès virtuel de la Société européenne de cardiologie (ESC) 2020[1,2]. Dans cette partie sont présentées les directives concernant les cinq arythmies les plus fréquentes et les porteurs de dispositifs cardiaques implantables. Avec les commentaires du Dr Stéphane Doutreleau, cardiologue du sport au CHU de Grenoble-Alpes.
Les dernières recommandations principales de l’ESC en cardiologie du sport dataient de 2005, auxquelles se sont rajoutées deux annexes à partir de 2018. Publiée dans European Heart Journal, cette actualisation concerne à la fois la pratique sportive en compétition et le sport de loisirs.
« Ces recommandations sont dans l’ensemble encore marquées par le manque de données en cardiologie du sport, entre autres dans les troubles du rythme. Il s’agit souvent d’avis d’experts plus que de recommandations basées sur des preuves. En cela, elles restent assez restrictives et parfois éloignées des réalités de la pratique », a commenté le Dr Doutreleau, auprès de Medscape édition française.
Le cardiologue évoque notamment des différences d’interprétation sur certains critères morphologiques à l’échographie ou des exigences sur la fréquence des bilans complets, alors que ceux-ci ne sont pas toujours justifiés et que la multiplication des consultations peut s’avérer inutile. « C’est au cardiologue d’évaluer au cas par cas », estime-t-il.
Davantage de décisions partagées
Dans ces nouvelles recommandations, on peut souligner une incitation plus nette à impliquer le patient dans la prise de décision. C’est ce qu’a notamment rappelé le Dr Hein Heidbuchel (Antwerp University, Antwerp, Belgique), lors de sa présentation virtuelle consacrée à la pratique du sport en cas d’arythmies. « Beaucoup d’aspects ne sont pas encore bien connus dans ce domaine. La décision doit donc être prise en concertation avec le patient ».
« Prendre l’avis du patient en considération est assez nouveau. Cet aspect était déjà présent dans les deux annexes des dernières recommandations, mais il se retrouve ici davantage renforcé. C’est un point important au moment d’émettre un certificat médical de non contre-indication, compte tenu du risque lié à la pratique sportive chez ces patients. La décision doit être partagée », a souligné le Dr Doutreleau.
Pour guider le praticien, le Dr Heidbuchel a également rappelé les trois questions fondamentales qu’il est nécessaire de se poser face à un patient atteint d’arythmies désirant pratiquer un sport: « le risque d’arythmie potentiellement mortelle est-il accru par l’activité?

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Nouvelles recommandations européennes en cardiologie du sport

Le sport n’est plus interdit aux insuffisants cardiaques

Marine Cygler
29 septembre 2020
De nouvelles recommandations en cardiologie du sport ont été présentées au cours du congrès de la Société Européenne de Cardiologie (ESC) . Medscape édition française a décidé de consacrer plusieurs articles à ces nouvelles recommandations. Après un premier article sur les sujets sains avec ou sans facteur de risque sont abordés ici le cas des personnes insuffisantes cardiaques.
« Pour la première fois, il est clairement indiqué qu’on peut parler de sport dans l’insuffisance cardiaque, et pas seulement d’exercice modéré. Le message, qui est nouveau, est que le sport n’est pas interdit a priori » indique le Dr Philippe Meurin, cardiologue (centre de réadaptation cardiaque Les Grands Prés, Villeneuve-Saint-Denis, 77). Avant de nuancer : « Toutefois, il faut rester très prudent car la moyenne d’âge des patients en IC est de 75 ans et que nos patients plus jeunes sont souvent gravement atteints. ».
Pour le spécialiste, il est important de classer les IC selon l’altération ou pas de la fonction systolique. « Quand la fonction systolique est préservée ou modérément altérée, il est possible de faire du sport. C’est intéressant car il y a un nombre conséquent de patients avec une FEVG à 45 % » explique-t-il.
Pour la première fois, il est clairement indiqué qu’on peut parler de sport dans l’insuffisance cardiaque, et pas seulement d’exercice modéré Dr Philippe Meurin

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Recommandations pour la reprise du sport pour les insuffisants cardiaques

Persistance des symptômes de COVID: étude au CHU de Rennes

Stéphanie Lavaud
16 septembre 2020
Poitiers, France – Quelle est la prévalence et le mécanisme des symptômes persistants à distance de l’infection ? Pour mieux comprendre, Lucas Armange, interne dans le service des maladies infectieuses et tropicales du Pr Pierre Tattevin au CHU de Rennes, et ses collègues ont mené une étude sur les patients suivis par une application mise en place dès le début de l’épidémie. Les résultats ont été présentés lors des Journées Nationales d’Infectiologie (JNI) 2020 au Futuroscope de Poitiers [1].
Eclairer les zones d’ombre
« Il y a eu beaucoup de littérature scientifique publiée ces 6 derniers mois à propos du COVID. On connait ses caractéristiques structurelles, on sait comment il se transmet, on sait comment il se présente à la phase initiale de la maladie, qui fait des formes sévères et qui en meurt. Mais il reste des zones d’ombre, et notamment l’évolution à moyen terme des gens qui ont fait un COVID et on est en droit de se demander si ces personnes présenteront à terme des séquelles » a déclaré Lucas Armange en préambule de sa présentation.
« Des articles donnent déjà des indices. Une étude italienne à J60 chez 140 personnes qui ont fait une maladie à COVID montre que plus de 50% des personnes sont fatiguées à J60 et plus de 40% sont dyspnéiques [2]. Et une étude anglaise menée chez 30 patients passés en réanimation et une soixantaine de patients post-hospitalisation indique, elle aussi, que des symptômes persistent entre 4 et 6 semaines post-COVID, avec des chiffres de prévalence assez élevés [2]. Les symptômes persistants les plus fréquents sont la fatigue, la dyspnée et la détresse psychologique ».
D’où l’idée d’étudier la persistance des symptômes à 6 semaines de l’infection et de chercher à comprendre en mettant en place des explorations complémentaires pourquoi les patients restaient symptomatiques.

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Persistance des symptômes de COVID

Cardiopathies congénitales de l’adulte : recommandations ESC 2020

Dr Jean-Pierre Usdin
16 septembre 2020
 Les recommandations européennes pour la prise en charge des maladies cardiaques congénitales de l’adulte n’avaient pas été revisitées depuis dix ans. C’est chose faite. Le nouveau texte a été présenté lors du congrès de l’ESC 2020 [1]. En voici les principaux aspects, commentés pour Medscape édition française par les Drs Magalie Ladouceur, Laurence Iserin et Victor Waldmann , cardiologues à l’Hôpital Européen Georges Pompidou (HEGP, Paris).
Plus d’adultes que d’enfants
Les progrès du dépistage des malformations in utero, la prise en charge très précoce et les traitements endovasculaires, entre autres, permettent désormais à 90% des enfants atteints d’affections cardiaques congénitales d’arriver à l’âge adulte.
Il existe donc aujourd’hui plus d’adultes que d’enfants atteints de maladies cardiaques congénitales.
Toutefois, si de nombreux patients survivent, la majorité d’entre eux ne sont pas pour autant guéris. Ces cardiopathies sont évolutives et des pathologies propres à l’adulte vont se superposer.
Pour ces raisons, la Société Européenne de Cardiologie (ESC) a jugé utile de réactualiser ces recommandations pour la prise en charge des maladies cardiaques congénitales de l’adulte.
Passage à l’âge adulte et complexité de la prise en charge
« Lorsque les patients atteints de maladie cardiaque congénitale approchent de l’âge adulte, ils doivent être transférés en soins « adultes ». Un transfert qui doit être précédé d’une phase de transition préparatoire qui se poursuit à l’âge adulte en fonction des besoins du patient », indiquent les recommandations.
Interrogée par Medscape édition française, le Dr Magalie Ladouceur (HEGP, qui ne fait pas partie des auteurs) insiste sur le fait qu’il faut en effet un programme de transition de l’enfance à l’âge adulte pour préparer les enfants, les parents et… les pédiatres.
« Dès l’âge de 12 ans il faut parler à l’enfant et aborder les questions sur le futur métier, la contraception, la grossesse…les facteurs de risque, le sport, comme cela se fait pour d’autres pathologies congénitales qui atteignent maintenant l’âge adulte : une spécialité à reconnaître en France ».

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Article d’origine complet de l’ESC (en anglais): ehaa554