Le deuxième patient greffé d’un cœur de porc à l’université du Maryland se porte bien

 

Steve Stiles

28 septembre 2023

Maryland, Etats-Unis — Le deuxième patient à qui l’on a greffé un cœur de porc génétiquement modifié au centre médical de l’université du Maryland (UMMC), à Baltimore, est stable et se porte bien après l’opération du 22 septembre, a indiqué l’université dans un communiqué. A ce stade, l’organe n’a pas subi de rejet.

Les médecins du patient, un ancien technicien de laboratoire de 58 ans dont la demande d’allogreffe standard a été rejetée à plusieurs reprises, affirment qu’ils mettent à profit les leçons tirées du cas de David Bennett, qui a survécu difficilement à l’hôpital pendant deux mois après avoir reçu le premier cœur de ce type en janvier 2022.

L’évolution clinique de David Bennett, d’abord prometteuse, s’était détériorée après des épisodes répétés d’infection, suivis d’ajustements de son traitement immunosuppresseur et d’autres complications.

On avait également appris, quelques semaines après l’opération de xénogreffe, que le cœur du porc donneur génétiquement modifié avait transmis un cytomégalovirus porcin à l’organisme de David Bennett, bien qu’il n’y ait jamais eu de preuve que le virus ait infecté d’autres organes ou joué un rôle clé dans son décès.

Le nouveau receveur de la xénogreffe, Lawrence Faucette, de Frederick (Maryland), bénéficie de cette expérience, qui a été documentée dans le NEJM .

Lawrence Faucette avait été refusé par l’UMMC « et plusieurs autres grands hôpitaux pratiquant des transplantations en raison de sa maladie vasculaire périphérique préexistante et de complications liées à une hémorragie interne », précise le communiqué de presse de l’UMMC décrivant son intervention.

Le patient « respire actuellement seul et son cœur fonctionne bien sans l’aide d’aucun dispositif de soutien », précise le communiqué.

 

 

Malgré quelques aléas, Lawrence Faucette est « sur la bonne voie », a déclaré Muhammad M. Mohiuddin, chirurgien et directeur du programme de xénotransplantation à l’école de médecine de l’université du Maryland (UMSOM), lors d’une interview.

« Nous prenons les choses au jour le jour. Son système immunitaire est toujours intact, malgré la forte suppression immunitaire », a-t-il déclaré à theheart.org | Medscape Cardiology. Son cœur n’était pas porteur d’un virus et « n’a montré aucun signe de rejet jusqu’à présent ».

L’équipe d’UMSOM, a déclaré le Dr Mohiuddin, « a bon espoir de pouvoir au moins mobiliser le patient et de le faire sortir de l’hôpital. Mais il est encore un peu trop tôt pour se prononcer ».

Dans le cadre de son traitement immunosuppresseur, Faucette reçoit du tegoprubart (Eledon Pharmaceuticals), un anticorps expérimental qui bloque le ligand CD40. Son prédécesseur David Bennett, en revanche, recevait un bloqueur du récepteur CD40 (Kiniksa Pharmaceuticals) ainsi que d’autres immunosuppresseurs plus courants.

Le nouveau bloqueur du ligand anti-CD40, a indiqué Eledon, fait l’objet d’études de phase 1 visant à évaluer son efficacité chez les patients ayant subi une transplantation rénale classique.