Mesurer la rigidité artérielle, grâce à un outil appelé CAVI, pour prédire le risque cardiovasculaire

Nancy, France — D’après une étude menée auprès de 1250 européens, une rigidité artérielle élevée est liée à une augmentation du risque cardiovasculaire. Les auteurs de ces travaux suggèrent d’utiliser la mesure de la rigidité artérielle comme outil de prédiction du risque cardiovasculaire, grâce à un outil appelé CAVI (Cardio Ankle Vascular Index ou Indice vasculaire cardio/cheville)[1]. Magnus Bäck, directeur de recherche Inserm à Nancy et co-auteur de l’étude, la détaille à Medscape.

Rigidité artérielle

Au fur et à mesure du vieillissement, les artères deviennent de plus en plus rigides. Cette perte de souplesse peut être accélérée par des facteurs comme l’hypertension ou le diabète et la littérature scientifique indique qu’elle est associée à un risque cardiovasculaire accru. Néanmoins, l’examen de la rigidité artérielle ne figure pas parmi la liste des pratiques recommandées en clinique actuellement.

En se basant sur ces données, des chercheurs de l’Inserm, de l’Université de Lorraine et du CHRU de Nancy se sont penchés sur l’intérêt d’étudier la rigidité artérielle pour prévenir le risque cardiovasculaire. Pour cela, ils ont suivi 1 250 personnes originaires de 18 pays européens, toutes âgées de plus de 40 ans.

Un indice pour définir la souplesse des artères

Après avoir renseigné leurs antécédents médicaux, elles ont passé un examen physique incluant une évaluation de leur rigidité artérielle grâce à l’outil de mesure CAVI (Cardio Ankle Vascular Index ou Indice vasculaire cardio/cheville). « Pour l’utiliser, la personne examinée est placée sur le dos et on lui pose des brassards autour des deux bras et des deux chevilles » explique Magnus Bäck. « Un microphone est placé au niveau du cœur afin de monitorer ses battements. Nous mesurons les pressions et la vitesse de circulation du sang jusqu’aux bras et aux chevilles et un algorithme calcule ensuite un indice qui permet de définir la souplesse des artères. Plus l’indice est élevé, plus la rigidité des artères est forte », détaille-t-il.

Nous avons observé que chaque augmentation d’un point de l’indice CAVI, soit une hausse d’environ 10 % de la rigidité artérielle, est associée à un risque accru de 25 % de survenue d’un événement CV dans les années suivant la mesure Magnus Bäck

Outil rapide et non invasif

« Cet outil comporte plusieurs avantages : il est facile à utiliser, rapide, non invasif et permet d’obtenir des résultats indépendants de la pression artérielle », ajoute-t-il.

Les personnes étudiées ont ensuite été reçues pour un examen de suivi deux ans après et, pour certaines d’entre elles, jusqu’à 5 ans après la première mesure. « Cela nous permet de voir la progression de la rigidité des artères et de la corréler avec l’état général des personnes », souligne le chercheur. Des événements cardiovasculaires ont été enregistrés chez 129 participants.

« Nous avons observé que chaque augmentation d’un point de l’indice CAVI, qui correspond à une hausse d’environ 10 % de la rigidité artérielle, était associée à un risque accru de 25 % de survenue d’un événement cardiovasculaire dans les années suivant la mesure », explique Magnus Bäck.

L’évolution de la rigidité artérielle était influencée par le vieillissement, mais aussi par une pression artérielle élevée.

« Pour pouvoir utiliser l’indice CAVI en clinique, nous avons déterminé un seuil de rigidité artérielle associé à un risque cardiovasculaire accru. Au-delà de 60 ans, nous avons relevé que le seuil au-delà duquel le risque augmente est de 9,25. Pour des personnes plus jeunes, entre 40 et 60 ans, les événements cardiovasculaires sont moins fréquents. Nous avons aussi pu déterminer un seuil, à 8,3, mais avec moins de sécurité », précise-t-il.

Pour lui, « l’indice CAVI est un outil facile et non invasif pour prédire le risque cardiovasculaire. Notre étude ouvre la voie à son utilisation parmi les outils utilisés en clinique dans la liste des examens recommandés », estime Magnus Bäck. Lors de leur étude, les chercheurs ont également observé des effets des traitements de prévention sur la progression de la rigidité artérielle. « Certains traitements permettraient de la retarder, mais il est trop tôt pour le déterminer avec certitude et des études complémentaires davantage ciblées sur cette question sont nécessaires », conclut-il.