FA : une étude randomisée confirme la non infériorité de l’ablation par électroporation

Vincent Richeux

31 octobre 2023

Amsterdam, Pays-Bas – Dans le traitement de la fibrillation auriculaire (FA) paroxystique, une ablation par électroporation à l’aide du dispositif Farapulse® (Boston Scientific) est au moins aussi efficace et sûre que l’ablation thermique standard (radiofréquence ou cryothérapie), selon l’essai randomisé ADVENT, dont les résultats à un an ont été présentés lors du congrès de la Société européenne de cardiologie (ESC 2023). Ces résultats devraient conduire à la validation de cette nouvelle approche qui a l’avantage d’être plus rapide à réaliser.

Une technique qui utilise des micro-chocs électriques de haut voltage

« Cet essai sera utilisé par le fabricant pour obtenir auprès de la Food and Drug Administration (FDA) la validation du cathéter d’électroporation », a précisé l’auteur principal, le Pr Vivek Reddy (Icahn School of Medicine, New York, Etats-Unis), lors d’une conférence de presse. « On peut espérer que le dispositif sera approuvé aux Etats-Unis l’année prochaine », a ajouté le cardiologue. En Europe, il a déjà obtenu le marquage CE en 2021.

L’isolement des veines pulmonaires est recommandé dans le traitement de la FA symptomatique ou réfractaire au traitement par antiarythmiques. Jusqu’à présent, l’ablation est obtenue par des méthodes thermiques, en utilisant la radiofréquence (> 50°C) ou la cryoablation (-60°C). En plus du risque non négligeable d’hématome ou de tamponnade, les techniques d’ablation thermique peuvent affecter sérieusement les structures anatomiques entourant l’oreillette gauche, en particulier l’oesophage et le nerf phrénique.

L’électroporation est perçue comme une alternative plus sûre, puisqu’elle épargne les tissus et organes environnants. Cette technique utilise des micro-chocs électriques de haut voltage (> 2 000 V) pour ouvrir des pores à l’échelle nanométrique dans les membranes des cellules cardiaques ciblées impliquées dans les troubles du rythme cardiaque, ce qui entraine leur destruction. Elle a aussi l’avantage d’être plus simple et plus rapide à réaliser, la durée d’intervention étant d’une heure environ contre deux heures avec une méthode thermique.

Plusieurs études ont pu montrer récemment l’efficacité de l’électroporation, suscitant au passage l’enthousiasme de la communauté des électrophysiologistes, qui évoquent une avancée majeure dans le traitement de la FA. Les résultats de l’essai ADVENT présentés à l’ESC 2023 étaient d’autant plus attendus qu’il s’agit du premier essai randomisé à comparer l’électroporation à l’ablation thermique standard.

FA paroxystique symptomatique résistante au traitement par antiarythmique

Mené dans 30 centres des Etats-Unis, l’essai a inclus 687 patients (65% d’hommes) présentant une FA paroxystique symptomatique résistante au traitement par antiarythmique. Ils étaient âgés de 62 ans en moyenne. Après une première prise en main du dispositif Farapulse® par les électrophysiologistes, 607 patients ont été randomisés pour être traités soit par électroporation, soit par une méthode d’ablation thermique au choix.

Le critère principal d’évaluation est le taux de succès de l’intervention défini par un succès immédiat ou à plus long terme (absence à un an d’arythmie atriale, de traitement médicamenteux, de cardioversion ou d’ablation répétée). Le taux de succès est de 73,3% dans le groupe électroporation contre 71,3% avec l’ablation thermique. La non-infériorité de l’électroporation par rapport aux techniques standard a pu être établie.

Concernant la sécurité, des effets indésirables graves ont été rapportés chez 2% des patients traités par électroporation (six événements, dont un décès et deux tamponnades), contre 1,3% avec l’ablation thermique (quatre événements, dont un AVC). Là encore, l’électroporation est non inférieure. Le critère secondaire porte sur le rétrécissement des veines pulmonaires. Il s’observe chez respectivement 3,3% et 19,5% des patients. Sur ce point, la nouvelle technique se montre supérieure.

Interpellé sur le décès survenu dans le groupe testant la nouvelle technique, le cardiologue a répondu qu’il n’est pas lié spécifiquement au dispositif, même si ce décès est consécutif à une perforation lors de l’utilisation du cathéter. Pour preuve, il a rappelé que le marquage CE a été obtenu après la pratique de l’électroporation chez plus de 1 500 patients dans 24 centres de l’Union Européenne. « Seul un décès a été rapporté, soit une mortalité de 0,06% ».

Selon lui, les résultats de cette technique devrait également s’améliorer avec l’expérience. « Les 65 praticiens qui ont participé à l’essai n’avaient jamais pratiqué l’électroporation auparavant », a-t-il souligné.

 

L’essai ADVENT a été financé par Boston Scientifics, fabricant du dispositif d’électroporation testé.

La fibrillation auriculaire est un effet secondaire des esters éthyliques d’oméga-3, alerte l’EMA

 

Aude Lecrubier

10 octobre 2023

Amsterdam, Pays-Bas—L’agence européenne du médicament (EMA) considère désormais la fibrillation auriculaire comme un effet secondaire des esters éthyliques d’oméga-3.

La FA s’ajoute donc aux troubles digestifs, à l’acné, l’eczéma, les augmentations des transaminases hépatiques et aux saignements, comme troubles déjà connus pour être associés à cette supplémentation.

La notice de ces compléments alimentaires, utilisés dans le traitement de l’hypertriglycéridémie, devrait donc être bientôt modifiée, annonce l’agence.

« L’analyse de revues systématiques de la littérature et de méta-analyses d’essais cliniques contrôlés randomisés a mis en évidence un risque accru de fibrillation auriculaire, dépendant de la dose, chez les patients atteints de maladies cardiovasculaires ou présentant des facteurs de risque cardiovasculaire et traités par des esters éthyliques d’acides oméga-3 par rapport au placebo. Le risque le plus élevé étant observé avec une dose de 4 g/jour », indique l’EMA qui ajoute « qu’en cas de fibrillation auriculaire, le traitement doit être arrêté définitivement ».

Une communication directe aux professionnels de santé (Direct Healthcare Professional Communication – DHPC) sera envoyée prochainement pour fournir aux médecins des informations complémentaires.

Une longue histoire

Fin 2018, « en raison de l’absence d’efficacité démontrée en prévention secondaire de l’infarctus du myocarde », l’EMA avait retiré l’AMM des médicaments contenant des esters éthyliques d’acide gras oméga- 3 polyinsaturés en post SCA, mettant fin à une indication ayant perduré 18 ans.

Ces médicaments sont donc restés approuvés uniquement dans le traitement de l’hypertriglycéridémie en association avec les autres traitements de référence lorsqu’une modification du régime alimentaire et du mode de vie n’est pas suffisante.

Cependant, plusieurs études ont montré une association entre la prise de ces traitements et un sur-risque de FA.

En ce sens, une méta-analyse de 5 essais randomisés publiée en 2021 et colligeant les données de plus de 50 277 participants ayant reçu la supplémentation en oméga-3 ou un placebo, suivis entre 2 et 7 ans, a rapporté que la supplémentation en acides gras omega-3 était associée à un risque significativement accru de 37% de fibrillation auriculaire vs placebo, chez des patients déjà à risque cardiovasculaire élevé.

A noter toutefois qu’une différence pourrait être observée entre les apports alimentaires et la supplémentation. Une méta-analyse de 17 études de cohortes publiée dans le JACC en juillet a montré que des niveaux élevés d’acide eicosapentaénoïque (EPA) dans la circulation et les tissus adipeux provenant de l’apport alimentaire n’augmentait pas le risque de FA. D’ailleurs, le risque semblait diminuer de manière significative avec ces niveaux d’acide docosahexaénoïque (DHA), d’acide docosapentaénoïque (DPA) et d’EPA plus DHA.

Les signaux de risque de FA associés à des doses élevées d’acides gras oméga-3 sous forme de suppléments ou de prescriptions dans certains essais cliniques « ne sont pas nécessairement généralisables à des apports alimentaires habituels d’oméga-3 à plus faible dose », ont conclu les auteurs.

Le deuxième patient greffé d’un cœur de porc à l’université du Maryland se porte bien

 

Steve Stiles

28 septembre 2023

Maryland, Etats-Unis — Le deuxième patient à qui l’on a greffé un cœur de porc génétiquement modifié au centre médical de l’université du Maryland (UMMC), à Baltimore, est stable et se porte bien après l’opération du 22 septembre, a indiqué l’université dans un communiqué. A ce stade, l’organe n’a pas subi de rejet.

Les médecins du patient, un ancien technicien de laboratoire de 58 ans dont la demande d’allogreffe standard a été rejetée à plusieurs reprises, affirment qu’ils mettent à profit les leçons tirées du cas de David Bennett, qui a survécu difficilement à l’hôpital pendant deux mois après avoir reçu le premier cœur de ce type en janvier 2022.

L’évolution clinique de David Bennett, d’abord prometteuse, s’était détériorée après des épisodes répétés d’infection, suivis d’ajustements de son traitement immunosuppresseur et d’autres complications.

On avait également appris, quelques semaines après l’opération de xénogreffe, que le cœur du porc donneur génétiquement modifié avait transmis un cytomégalovirus porcin à l’organisme de David Bennett, bien qu’il n’y ait jamais eu de preuve que le virus ait infecté d’autres organes ou joué un rôle clé dans son décès.

Le nouveau receveur de la xénogreffe, Lawrence Faucette, de Frederick (Maryland), bénéficie de cette expérience, qui a été documentée dans le NEJM .

Lawrence Faucette avait été refusé par l’UMMC « et plusieurs autres grands hôpitaux pratiquant des transplantations en raison de sa maladie vasculaire périphérique préexistante et de complications liées à une hémorragie interne », précise le communiqué de presse de l’UMMC décrivant son intervention.

Le patient « respire actuellement seul et son cœur fonctionne bien sans l’aide d’aucun dispositif de soutien », précise le communiqué.

 

 

Malgré quelques aléas, Lawrence Faucette est « sur la bonne voie », a déclaré Muhammad M. Mohiuddin, chirurgien et directeur du programme de xénotransplantation à l’école de médecine de l’université du Maryland (UMSOM), lors d’une interview.

« Nous prenons les choses au jour le jour. Son système immunitaire est toujours intact, malgré la forte suppression immunitaire », a-t-il déclaré à theheart.org | Medscape Cardiology. Son cœur n’était pas porteur d’un virus et « n’a montré aucun signe de rejet jusqu’à présent ».

L’équipe d’UMSOM, a déclaré le Dr Mohiuddin, « a bon espoir de pouvoir au moins mobiliser le patient et de le faire sortir de l’hôpital. Mais il est encore un peu trop tôt pour se prononcer ».

Dans le cadre de son traitement immunosuppresseur, Faucette reçoit du tegoprubart (Eledon Pharmaceuticals), un anticorps expérimental qui bloque le ligand CD40. Son prédécesseur David Bennett, en revanche, recevait un bloqueur du récepteur CD40 (Kiniksa Pharmaceuticals) ainsi que d’autres immunosuppresseurs plus courants.

Le nouveau bloqueur du ligand anti-CD40, a indiqué Eledon, fait l’objet d’études de phase 1 visant à évaluer son efficacité chez les patients ayant subi une transplantation rénale classique.