COVID-19 : l’ESC conseille de continuer les antihypertenseurs en dépit des inquiétudes

Miriam E. Tucker

17 mars 2020

 

France – La Société Européenne de Cardiologie (ESC) a publié vendredi dernier un communiqué sur son site demandant instamment aux médecins et aux patients de continuer leur traitement antihypertenseur à base d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IEC) et de bloqueurs des récepteurs de l’angio II (ARA II), précisant que la nouvelle théorie, basée sur ce qui s’est passé en Chine,  qui voudrait que ces agents puissent augmenter le risque de développer le COVID-19 ou d’augmenter sa sévérité, n’a pas été validée scientifiquement et/ou cliniquement [1].

Les antihypertenseurs, facteurs aggravant de l’infection à Covid-19

L’inquiétude vis-à-vis des traitements antihypertenseurs trouve son origine dans des observations montrant que le nouveau coronavirus SARS-CoV-2 à l’origine de la maladie Covid-19 se lie à l’enzyme de conversion de l’angiotensine 2 (ACE2) pour infecter les cellules, et que les IEC et les ARA II augmentent tous les deux les taux de ACE2.

 

Il a été postulé que ce mécanisme pourrait constituer un potentiel facteur de risque facilitant l’acquisition de l’infection à COVID-19 et aggravant sa gravité. Néanmoins, de façon paradoxale, l’hypothèse a aussi été émise que cela puisse protéger d’une atteinte sévère des poumons associée à la maladie.

Dans le même temps, un article du Lancet Respiratory publié le 11 mars est titré : « Les patients atteints d’hypertension et de diabète ont-ils un risque accru d’infection à COVID-19 ? ».

« Nous…faisons l’hypothèse que les traitements du diabète et de l’hypertension à base de médicaments stimulant la production d’ACE2 augmentent le risque de développer une maladie à COVID-19 particulièrement grave et léthale », écrivent les auteurs.

Ces propos, fortement relayés par les médias britanniques et « amplifiés sur les réseaux sociaux », ont entrainé l’inquiétude des patients, avec parfois, des arrêts de traitement.

 

C’est pourquoi, dans un communiqué posté sur son site vendredi dernier, l’ESC a réagi via sa branche Hypertension de l’ESC et fait savoir que ces inquiétudes étaient entièrement spéculatives.

Dans ce communiqué, les experts de l’ESC « recommandent que les médecins et les patients continuent leur traitement avec leur médicament antihypertenseur habituel car il n’y a aucune preuve clinique ou scientifique suggérant qu’un traitement par IEC ou ARA II doivent être arrêté à cause de l’infection à Covid-19. »

Le communiqué, signé du Pr Giovanni de Simone, au nom des autres membres du groupe d’experts, précise aussi que les données sur le potentiel effet protecteur de ces antihypertenseurs contre des complications pulmonaires viennent d’observations sur l’animal et non chez l’homme.

 

« Les spéculations sur la sécurité des IEC ou des ARA II en lien avec le Covid-19 ne reposent pas sur une base scientifique ou des preuves » conclut le panel d’experts.