Fluoroquinolones : attention au risque d’anévrisme et de dissections aortiques

 12 novembre 2018

Saint Denis, France – L’ANSM vient de diffuser une nouvelle alerte de sécurité concernant les antibiotiques fluoroquinolones quelques semaines seulement après que l’agence européenne du médicament (EMA) a demandé que leur usage soit fortement limité en raison d’un rapport bénéfice-risque généralement défavorable. On connait surtout leurs effets secondaires sur les muscles, les tendons, les articulations et sur le système nerveux. Mais, dans une nouvelle lettre aux professionnels de santé, l’agence française du médicament alerte sur un risque jusqu’ici inconnu : celui d’anévrisme et de dissections aortiques après traitement par des fluoroquinolones (ciprofloxacine, lévofloxacine, moxifloxacine, norfloxacine, fluméquine et ofloxacine ).

Un effet probablement lié à l’impact sur les tendons

Selon l’ANSM, les études épidémiologiques rapportent un risque presque doublé de survenue d’anévrisme et de dissection aortique chez les patients prenant des fluoroquinolones par voie systémique, en comparaison avec ceux ne prenant pas d’antibiotiques ou prenant d’autres antibiotiques (amoxicilline) ; les personnes âgées présentent un risque encore plus élevé.

En parallèle, une étude non-clinique a montré que la ciprofloxacine augmente la susceptibilité à la dissection et à la rupture aortique dans un modèle de souris. « Ce résultat est probablement en relation avec un effet de classe des fluoroquinolones similaire à celui impactant les tissus tendineux conduisant à un risque majoré de troubles tendineux », souligne l’agence.

Ce résultat est probablement en relation avec un effet de classe des fluoroquinolones similaire à celui impactant les tissus tendineux ANSM

Précautions d’emploi

Pour l’ANSM, chez les patients présentant un risque de survenue d’anévrisme et de dissection aortique, les fluoroquinolones ne doivent être utilisées qu’après une évaluation attentive du rapport bénéfice/risque et après prise en compte des alternatives thérapeutiques.

L’agence française rappelle que l’anévrisme et la dissection aortique sont des évènements rares, ayant une incidence d’environ 3 à 30 cas sur 100 000 personnes par an et que les facteurs prédisposant à la survenue d’un anévrisme et d’une dissection aortique comprennent les antécédents familiaux d’anévrisme, la préexistence d’un anévrisme ou d’une dissection aortique, le syndrome de Marfan, le syndrome vasculaire d’Ehlers-Danlos, l’artérite de Takayasu, l’artérite à cellules géantes (ou maladie de Horton), la maladie de Behçet, l’hypertension artérielle et l’athérosclérose.

En sus, elle souligne que « les patients doivent être informés du risque d’anévrisme et de dissection aortiques. Ils doivent être avertis de la nécessité d’une prise en charge immédiate par un médecin au sein d’un service d’urgence en cas d’apparition brutale d’une douleur intense abdominale, thoracique ou dorsale. »