Résultats positifs pour l’ablation de la fibrillation Atriale par électroporation

Vincent Richeux

21 mars 2023

Nouvelle-Orléans, Etats-Unis — La nouvelle technique d’ablation par électroporation s’est avérée aussi sure et efficace dans le traitement de la fibrillation atriale (FA) que les techniques standards d’ablation thermique (radiofréquence ou cryothérapie), selon les résultats de l’essai PULSED-AF présentés lors du congrès de l’American College of Cardiology (ACC 2023). Cette méthode étant plus rapide à réaliser, elle devrait facilement s’imposer dans cette indication.

« L’efficacité de la procédure est similaire à celle de l’ablation thermique, mais les résultats sont obtenus plus rapidement et avec davantage de sécurité », a déclaré le Dr Atul Verma (Southlake Regional Health Center, Toronto, Canada), principal auteur de l’étude. « Il s’agit là d’une avancée majeure en électrophysiologie », a-t-il ajouté. Les résultats ont été publiés dans Circulation.

L’efficacité de la procédure est similaire à celle de l’ablation thermique, mais les résultats sont obtenus plus rapidement et avec davantage de sécurité.

 

L’électroporation utilise des micro-chocs électriques de haut voltage pour ouvrir des pores à l’échelle nanométrique dans les membranes des cellules cardiaques ciblées impliquées dans les troubles du rythme cardiaque, ce qui entraine leur destruction. La technique a l’avantage de ne pas engendrer de dommage pour les tissus collatéraux non cardiaques, alors que les techniques d’ablation thermique actuelles peuvent affecter les tissus voisins, en particulier l’œsophage et le nerf phrénique.

Les techniques d’ablation par radiofréquence ou cryothérapie sont par ailleurs des procédures complexes pratiquées par un nombre limité de cardiologues. Elles nécessitent deux heures d’intervention ou plus, tandis que l’ablation par électroporation peut être réalisée en près d’une heure, ce qui pourrait faciliter le recours à l’ablation de la FA, qui en viendrait à être plus facilement généralisée.

Menée dans 41 centres de neuf pays, l’étude prospective PULSED-AF a inclus 300 patients avec une FA paroxystique (n=150) ou persistante (n=150) symptomatique en échec thérapeutique sous antiarythmiques de classe I ou III. Ils ont tous été pris en charge pour recevoir une ablation par électroporation. Les chercheurs précisent que la procédure a été réalisée en moins d’une heure.

Le critère principal d’efficacité était une absence combinée d’échec de procédure, de récidive d’arythmie, de nouvelle ablation, de recours à la cardioversion ou de traitement par dose accrue d’antiarythmique dans un délai de 3 à 12 mois après la procédure.  Après un suivi d’un an, basé notamment sur la réalisation d’un électrocardiogramme (ECG) à 3, 6 et 12 mois, 66,2 % des patients souffrant de FA paroxystique et 55% des patients avec une FA persistante répondent au critère. Selon les chercheurs, ces taux d’efficacité sont comparables à ceux obtenus avec les procédures d’ablation thermique.

Plus précisément, l’absence de récidive d’arythmie cardiaque à un an a été observée chez 69,5% des patients avec FA paroxystique, contre 62,3% de ceux avec une FA persistante. Le succès clinique de la procédure, défini par une absence de récidive d’arythmie symptomatique, a été constaté chez respectivement 79,7% et 80,8% des patients.

Tous les patients ont rapporté une amélioration de leur qualité de vie. Concernant le profil de sécurité, un accident vasculaire cérébral (AVC) a été rapporté dans chacun des groupes, soit un taux de événements indésirables de 0,7%. Le seuil de tolérance pour valider l’approche était fixé à 13%. Aucune lésion sur œsophage, nerf phrénique ou veine pulmonaire n’a été rapportée.

Selon les chercheurs, les résultats pourraient encore s’améliorer avec la pratique et les évolutions technologiques. Des études de plus grande envergure sont nécessaires pour apporter des preuves définitives sur la sécurité de la procédure. Un essai randomisé avec un groupe contrôle est également indispensable avant de valider cette approche, précisent-ils.

« Cette technologie a suscité beaucoup d’enthousiasme chez les électrophysiologistes. Beaucoup de médecins estiment que l’ablation par électroporation va être à l’avenir la méthode majoritaire. En ce sens, il s’agit d’un réel changement de paradigme », a commenté le Dr Verma.