Séquelles cardiaques à long terme fréquentes chez les patients COVID-19 sévères avec troponine élevée

Caroline Guignot

8 mars 2021

Royaume-Uni, Etats-Unis – Selon une petite étude multicentrique britannique, les anomalies cardiaques sont fréquentes après une hospitalisation pour Covid-19 sévère associé à un taux élevé de troponine cardiaque. Après un délai médian de 68 jours post-diagnostic, près de la moitié des patients qui avaient guéri avaient des anomalies à l’imagerie par résonance magnétique (IRM), avec principalement des lésions de type myocardite ou ischémique.

Reste à déterminer si les anomalies observées étaient en fait cliniquement silencieuses et préexistantes ou s’il s’agissait de changements de novo liés au Covid-19, indiquent les chercheurs.

148 patients hospitalisés pour Covid-19 sévère

L’élévation de la troponine cardiaque est fréquente chez les patients hospitalisés pour Covid-19. Elle est classiquement associée aux comorbidités du patient, mais des complications liées à l’infection virale peuvent également être impliquées. Reste à déterminer dans quelle mesure cette souffrance myocardique persiste à long terme. Aussi, six hôpitaux britanniques ont formé une cohorte de 148 patients ayant été hospitalisés pour Covid-19 sévère et ayant eu des taux élevés de troponine. Ils ont été comparés après appariement (âge, sexe, diabète, hypertension artérielle) à une cohorte contrôle formée avant la pandémie et rassemblant des patients sans suspicion de pathologie cardiaque.

Des anomalies cardiaques chez 54 % des patients

Les patients de la cohorte avaient en moyenne 64 ans, étaient pour 70% des hommes et avaient eu recours à une assistance respiratoire dans 32% des cas. La durée médiane d’hospitalisation avait été de 9 jours et l’imagerie avait été réalisée après un nombre médian de 68 jours post-diagnostic.

Concernant la fonction cardiaque, une dysfonction ventriculaire gauche a été observée pour 11% des patients. Des anomalies cardiaques ont été identifiées chez 54% des sujets : 26% étaient de type non ischémique, 22% de type ischémique (majoritairement IDM), tandis que 6% des cas étaient de type mixte. Une ischémie inductible par le stress était observée chez un quart des patients soumis à une IRM cardiaque de stress. Parmi ceux présentant des lésions ischémiques, 66% n’avaient pas d’antécédents de maladie coronarienne (soit 27 patients au total).

Parmi les 46% de patients ayant une IRM normale, ceux qui avaient bénéficié d’un scanner durant l’hospitalisation (environ la moitié) avaient eu une embolie pulmonaire pour 29% d’entre eux (vs 43% de ceux qui avaient eu une IRM anormale, NS).

Les auteurs n’ont pas observé d’association prédictive entre le taux de troponine (moyen ou pic) durant l’admission et le diagnostic de myocardite. L’ensemble de ces données suggère des lésions cardiaques chez une partie significative de patients sans pathologie cardiaque pré-existante, probablement liées à des mécanismes sous-jacents différents.