Un acte chirurgical simple pour réduire le risque de FA après chirurgie cardiaque

 

Marilynn Larkin

21 décembre 2021

New York, Etats-Unis — Une technique appelée péricardiotomie postérieure gauche, qui consiste à drainer l’espace péricardique dans la cavité pleurale gauche, a permis de réduire de plus de 50% le risque de fibrillation auriculaire dans une étude randomisé, contrôlée et monocentrique.

« Cette intervention n’est pas très connue au sein de la communauté chirurgicale », explique le Dr Mario Gaudino (Weill Cornell Medicine et NewYork-Presbyterian, à New York. « Elle avait déjà été testée dans de très petits études en dehors des États-Unis, et elle semblait très efficace. Face à ces résultats prometteurs, j’ai estimé qu’il était probablement temps de la tester dans une étude de puissance appropriée et de conception rigoureuse. »

L’intervention consiste à pratiquer une petite incision dans la partie postérieure du péricarde et à insérer un tube de drainage pleural gauche, qu’on retire généralement quelques jours plus tard. L’excès liquidien s’écoule par cette fente péricardique jusqu’à ce qu’il se tarisse spontanément.

« Il ne semble pas y avoir de conséquence néfaste liée à cette technique. Seul un petit pourcentage de patients peut ne pas être éligible, en raison d’une contrindication anatomique telle que des adhérences dans la cavité pleurale gauche ou une déformation thoracique qui rendrait l’opération plus complexe. De manière anecdotique, nous avons reçu des milliers de mails de chirurgiens affirmant qu’ils allaient modifier leur pratique habituelle. Et donc, même si nous n’avons pas encore de preuve définitive de son efficacité, les chirurgiens peuvent tout de même envisager de l’essayer. »

Comme expliqué dans le Lancet et présenté lors des sessions scientifiques de l’American Heart Association il y a quelques semaines, Mario Gaudino et son équipe ont randomisé en deux groupes 420 patients subissant une intervention élective sur les coronaires, la valve aortique ou l’aorte ascendante : 212 d’entre eux ont subi une péricardiotomie postérieure gauche, à l’inverse des 208 autres. Les deux groupes avaient des caractéristiques cliniques et chirurgicales similaires : âge médian de 61 ans, 24% de femmes, et CHA2DS2-VASc médian à 2,0.

Le suivi a été effectué 30 jours après la sortie de l’hôpital. Trois patients du groupe intervention n’ont finalement pas bénéficié de l’intervention, tandis que deux patients du groupe intervention et un patient du groupe abstention sont décédés au cours du suivi.

En période postopératoire, l’incidence de la FA était significativement plus faible dans le groupe intervention (17% contre 32%; OR ajusté pour la variable de stratification : 0,44), tout comme celle de l’épanchement péricardique postopératoire (12% contre 21%; RR : 0,58).

Des événements indésirables majeurs sont survenus chez six (3 %) patients du groupe intervention et chez quatre (2 %) du groupe abstention. Aucune complication liée à la péricardiotomie postérieure gauche n’a été observée.

Les auteurs concluent donc que « sur base de la concordance entre les preuves précédentes et nos résultats, de l’effet important du traitement et du rapport risque/bénéfice très favorable, la péricardiotomie gauche postérieure devrait être envisagée dans la majorité des interventions de chirurgie cardiaque. »

Interrogé par Reuters Health, le docteur Mario Pascual, électrophysiologiste au Miami Cardiac and Vascular Institute de Baptist Health, en Floride, félicite les auteurs cette étude randomisée, qu’il estime bien conçue. « La péricardiotomie est un acte simple à réaliser lors d’une intervention cardiaque. Je n’ai aucune inquiétude au sujet de cette procédure. Néanmoins, je suis d’accord pour dire qu’une étude multicentrique est nécessaire avant son implémentation à grande échelle. »