Cancer et FA : quelle prise en charge ?

 

Jean-Pierre Usdin

25 janvier 2022

 

Modérateurs Pr Joachim ALEXANDRE (Pharmacologie clinique, Caen) et Dr Arnaud BISSON (Cardiologue/Oncologue, Tours)

Paris, France – Le risque hémorragique d’un patient ayant un cancer est majoré par rapport à la population générale et la survenue d’une FA l’expose aux complications thrombotiques avec un risque hémorragique plus élevé. La spécificité du patient ayant ces deux affections concomitantes tient aussi au traitement anticancéreux, parfois pourvoyeur de FA et induisant des modifications enzymatiques.

Les traitements anti-arythmiques et anticoagulants – déterminés par des scores cliniques – doivent tenir compte de cette interférence pour la prescription et la posologie.

S’il n’existe pas d’études randomisées chez ces patients avec les anticoagulants oraux directs (AOD), les métanalyses signalent une efficacité/sécurité correcte : ils peuvent – voire doivent – être utilisés les patients cancéreux souffrant d’une FA.

La collaboration du cardiologue et de l’oncologue permettra dans la plupart des cas la poursuite du traitement anti-cancéreux. Le sujet a fait l’objet d’une présentation par 4 experts lors des Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie (JESFC 2022).

Retrouvez l’article complet ici: Cancer et FA

Traitement curatif contre le Covid-19 : un nouvel anticorps monoclonal dans l’arsenal thérapeutique

Dans le contexte d’émergence de nouveaux variants du Covid-19, nous restons mobilisés pour permettre aux patients un accès le plus précoce possible aux traitements innovants. A ce titre, nous avons participé au niveau européen à l’évaluation de la monothérapie par anticorps monoclonal Xevudy (sotrovimab, GSK) qui a obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne le 17 décembre 2021.

Dans l’attente de la mise à disposition de ce traitement dans le cadre de son AMM, une autorisation d’accès précoce a été donnée par la HAS ce 7 janvier 2022.

Communiqué HAS : Covid-19 : accès précoce accordé au Xevudy® en traitement curatif

L’arrivée de ce nouvel anticorps monoclonal va permettre de disposer d’un second traitement en curatif pour les patients infectés par le Covid-19. A ce jour, c’est le seul traitement par anticorps monoclonal autorisé en curatif et dont l’activité neutralisante devrait être conservée contre le variant Omicron.

Xevudy est indiqué pour le traitement des adultes et adolescents (âgés de 12 ans et plus et pesant au moins 40 kg) atteints de la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) qui ne nécessitent pas de supplémentation en oxygène et qui présentent un risque accru d’évolution vers une forme sévère de la Covid-19.

L’utilisation de cette monothérapie doit se faire dans le respect du protocole d’utilisation thérapeutique (PUT) défini par la HAS et inclure un suivi virologique.

A ce jour, Xevudy et Ronapreve s’administrent en établissement de santé, en raison de la surveillance d’au moins une heure qui doit être mise en place après administration. Evusheld est disponible en ambulatoire en prophylaxie, sur prescription hospitalière (rétrocession).

Médicaments disponibles au 10 janvier 2022
En traitement curatif

  • Ronapreve (casirivimab/imdevimab) : son utilisation demeure possible en curatif chez les patients infectés par le variant Delta. Un criblage doit donc être réalisé avant l’administration de Ronapreve.
    En présence du variant Omicron, Ronapreve ne doit pas être administré. Toutefois, dans le contexte actuel, compte tenu des délais parfois très longs pour obtenir les résultats des tests de criblage, un accès à Ronapreve pourra être envisagé au cas par cas au regard de la situation épidémiologique au niveau local après accord de l’ANSM via une autorisation d’accès compassionnel.
  • Xevudy (sotrovimab) – devrait être disponible d’ici fin janvier 2022 : son utilisation est possible chez les patients infectés par le Sars-CoV-2, y compris ceux infectés par le variant Omicron.

En prophylaxie pré-exposition

  • Evusheld (tixagévimab/cilgavimab) – disponible en ambulatoire sur prescription hospitalière : seul Evusheld peut être utilisé dans cette indication en raison de la présence désormais majoritaire du variant Omicron dans la population.

    Ronapreve ne doit plus être utilisé. Pour les personnes ayant déjà bénéficié d’une prophylaxie pré-exposition par Ronapreve, le passage à Evusheld doit être fait le plus rapidement possible, ou au plus tard un mois suivant la dernière injection de Ronapreve, et ne doit pas dépendre d’un dosage d’anticorps anti-S. Afin de vérifier l’absence de contamination par le Sars-CoV-2, il convient d’effectuer un test RT-PCR 72 heures avant l’administration d’Evusheld.

En prophylaxie post-exposition

  • Ronapreve (casirivimab/imdevimab) : son utilisation demeure possible en post-exposition uniquement chez les patients exposés au variant Delta. Par conséquent, il est nécessaire de disposer du résultat du criblage du patient index (= la personne ayant contracté le Covid-19 et avec laquelle la personne concernée a été en contact).
    En présence du variant Omicron, Ronapreve ne doit pas être administré.

Covid-19 : accès précoce accordé au Paxlovid en traitement curatif

Dans le contexte de très forte circulation du SARS-CoV-2, la Haute Autorité de santé (HAS) et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) restent mobilisées pour permettre aux patients un accès le plus précoce possible aux traitements innovants de la Covid-19. En complément de la vaccination, levier le plus efficace pour éviter les formes sévères, des traitements médicamenteux sont désormais validés pour apporter une solution complémentaire aux personnes les plus vulnérables. Suite à l’avis de l’ANSM, la HAS autorise l’accès précoce au traitement Paxlovid (nirmatrelvir/ritonavir) du laboratoire Pfizer pour les adultes atteints de Covid-19 ne nécessitant pas d’oxygénothérapie et à risque élevé d’évolution vers une forme grave de la maladie. La HAS publie parallèlement des Réponses rapides afin d’accompagner l’arrivée de ce traitement en médecine de ville dès la fin du mois de janvier.

En complément de la campagne de vaccination notamment la campagne de rappel et du renforcement des gestes barrières, la recherche française et internationale s’est mobilisée avec une rapidité inédite. Trois traitements constitués d’anticorps monoclonaux sont d’ores et déjà pris en charge de façon dérogatoire en France : Ronapreve, Evusheld et Xevudy.
Aujourd’hui, la HAS donne son feu vert à l’utilisation du Paxlovid. Cet antiviral est indiqué pour les adultes infectés par le SARS-CoV-2 qui ne nécessitent pas une supplémentation en oxygène et qui présentent un risque élevé d’évolution de leur infection vers une forme sévère de la maladie. Cette autorisation d’accès précoce est accordée suite à l’avis de l’ANSM ayant conclu sur la base de l’évaluation des données précliniques et cliniques disponibles à un rapport bénéfice/risque présumé favorable dans l’indication thérapeutique.

La HAS rappelle que Paxlovid n’est pas destiné à être utilisé comme substitut à la vaccination contre le SARS-CoV-2. Plus largement, la mise en œuvre des traitements anti-Covid-19 ne dispense pas les patients du respect des mesures barrières et de distanciation physique.

La HAS valide l’utilisation de Paxlovid dans le traitement curatif de la Covid-19

Le Paxlovid (nirmatrelvir PF-07321332 / ritonavir) est le premier antiviral anti-SARS-CoV-2 à obtenir une autorisation d’accès précoce. Il se présente sous forme de comprimés (2 comprimés de nirmatrelvir PF-07321332 et 1 comprimé de ritonavir) à prendre par voie orale deux fois par jour pendant cinq jours. Il est recommandé de l’administrer dès que possible après le diagnostic positif à la Covid-19 et au maximum dans les cinq jours suivant l’apparition des symptômes.
Ce traitement cible l’enzyme nécessaire à la réplication virale, la protéase 3C-like, et en inhibant son action, il bloque la réplication du SARS-CoV-2 dans l’organisme.

Dans le contexte de prédominance du variant Omicron, et malgré sa moindre sévérité, la HAS considère que le besoin en traitements pour les patients fragiles atteints par la Covid-19 n’est pas satisfait. Les données disponibles pour évaluer l’efficacité de ce traitement ont démontré une réduction du risque de progression vers une forme sévère de la Covid-19 (hospitalisation ou décès) d’environ 85,2 % (étude EPIC-HR) après son administration. De plus, le mécanisme d’action du Paxlovid laisse espérer une efficacité maintenue sur les différents variants, y compris Omicron. Des données préliminaires in vitro suggèrent en effet que les variants préoccupants qui circulent actuellement sont sensibles au traitement. La HAS souligne par ailleurs que la présentation du Paxlovid sous forme de comprimés facilite son accessibilité en ville.
Compte tenu de ces éléments, la HAS autorise l’accès précoce au Paxlovid pour les populations à risque élevé de forme sévère de la maladie.

Néanmoins, la HAS relève que l’antiviral est contre-indiqué chez les personnes avec une insuffisance hépatique sévère ou une insuffisance rénale sévère. Une adaptation de la posologie est nécessaire chez les patients présentant une insuffisance rénale modérée. Par ailleurs, il n’est pas recommandé d’utiliser Paxlovid pendant la grossesse.
La HAS pointe également le risque important d’interactions médicamenteuses lors de la prise de Paxlovid pour les patients qui prennent un autre traitement. Ces interactions vont constituer :

  • Soit une contre-indication à l’utilisation de Paxlovid (dans ce cas : ou les traitements en place peuvent être interrompus le temps de la prise du Paxlovid, ou ils ne peuvent pas l’être, et alors le patient ne pourra pas bénéficier du Paxlovid) ;
  • Soit les interactions médicamenteuses permettent, avec un arrêt provisoire ou une adaptation des doses des médicaments déjà pris selon les cas, la prescription concomitante du Paxlovid  et des traitements déjà suivis par le patient.

C’est au médecin qu’il revient d’apprécier avec son patient les contre-indications médicamenteuses à l’utilisation de Paxlovid. Ces interactions nécessitent la mise en place d’un suivi rapproché.
En raison de ce risque d’interactions médicamenteuses, la HAS souhaite la rapide mise à disposition des prescripteurs d’un outil pratique d’aide à la prescription.
La HAS rappelle qu’en cas de contre-indication, le recours à l’anticorps monoclonal Xevudy est possible en curatif. En outre, le traitement prophylactique par anticorps monoclonaux Evusheld doit pouvoir être proposé aux patients éligibles.

La HAS recommande la mise en place d’une cohorte de suivi de ce traitement anti-Covid-19, qui aura pour objectif d’évaluer l’efficacité immunovirologique et clinique dans divers groupes de patients et de suivre le risque d’émergence de résistances potentielles, notamment chez les patients immunodéprimés. La HAS souhaite être destinataire de toute nouvelle donnée permettant de réévaluer l’intérêt de ce traitement. Elle souhaite par ailleurs que des essais cliniques sur ce traitement en association puissent être prochainement mis en place.

Comme pour chacune de ses évaluations, la HAS relève que l’indication du Paxlovid est susceptible d’évoluer en fonction de l’état des connaissances scientifiques et du contexte épidémiologique.

La HAS a élaboré des Réponses rapides pour accompagner auprès des médecins de ville l’arrivée des premières doses de Paxlovid

Le Paxlovid est le premier traitement de la Covid-19 qui sera accessible en ville et pourra être prescrit par les médecins généralistes. Afin de les accompagner, notamment lors de l’arrivée des premières doses qui sont en nombre limité, la HAS publie de nouvelles Réponses rapides. Elle rappelle à cette occasion la liste des personnes concernées en premier lieu par ce traitement.

Si les patients ne présentent pas de contre-indication, la HAS recommande de prescrire Paxlovid pour les patients adultes à risque de forme grave de Covid-19, c’est-à-dire :

  • Quel que soit leur l’âge et leur statut vaccinal, les patients adultes sévèrement immunodéprimés ou présentant une pathologie à très haut risque de forme grave (en particulier cancers en cours de traitement, polypathologies, trisomie 21 ou certaines maladies rares) ;
  • Les patients au-delà de 65 ans présentant des facteurs de risque de développer des formes graves (diabète, obésité, insuffisance rénale chronique, insuffisance cardiaque, hypertension artérielle, insuffisance respiratoire…), en particulier lorsque ces personnes ne sont pas ou pas complètement vaccinées.
Les données d’activité in vitro disponibles des traitements de la Covid-19 disponibles sur le variant Omicron montrent :

Anticorps monoclonaux

  • Ronapreve (casirivimab/imdevimab) et l’association bamlanivimab/étésevimab : une perte totale d’activité neutralisante ;
  • Regkirona (regdanvimab), non disponible à ce jour en France : une perte totale d’activité neutralisante ;
  • Evusheld (tixagevimab/cilgavimab) : conserve une activité neutralisante malgré une perte partielle d’activité ;
  • Xevudy (sotrovimab) : conserve une activité neutralisante.

Antiviraux

  • Paxlovid (nirmatrelvir/ritonavir) : conserve une activité antivirale sur les différents variants.

Rupture d’approvisionnement du cœur artificiel SynCardia

L’ANSM a été informée de la rupture d’approvisionnement imminente, dès janvier 2022, du cœur total artificiel SynCardia ( Dispositif bi-ventriculaire implantable et pulsatile, remplaçant les ventricules et les valvules natifs du patient, qui permet la circulation du sang à la fois dans le système pulmonaire et dans le système de circulation générale) en France. Celle-ci est liée à des facteurs d’ordre réglementaire et logistiques.

Selon les informations communiquées par le distributeur français, les stocks d’équipements externes en France sont suffisants pour assurer la prise en charge des patients actuellement porteurs d’un cœur artificiel SynCardia jusqu’à leur transplantation.

Le fabricant SynCardia Systems LLC travaille actuellement à trouver des solutions dans les meilleurs délais. Cependant, les informations disponibles à ce jour laissent penser que cette situation pourrait s’étendre sur toute l’année 2022 voire jusqu’en 2023.

Dans l’intervalle, l’ANSM travaille avec l’ensemble des parties prenantes pour identifier les solutions alternatives disponibles sur le marché en France et en Europe afin d’assurer la continuité des soins des patients atteints d’insuffisance cardiaque bi-ventriculaire terminale.

Voici l’annonce officielle de SynCardia: Rupture Syncardia

Dans la plupart des cas, une malformation cardiaque congénitale ne contre-indique pas la grossesse

Linda Carroll

26 octobre 2021

Allemagne – Selon une nouvelle étude menée en Allemagne, la majorité des femmes atteintes de malformations cardiaques congénitales peuvent envisager une grossesse en toute sécurité et donner naissance à des bébés en bonne santé.

En analysant les données administratives de 7512 grossesses chez 4015 femmes atteintes de cardiopathie congénitale, les chercheurs ont constaté que les taux de complications maternelles et néonatales étaient plus élevés que dans un groupe témoin apparié : selon le rapport publié dans l’European Heart Journal , le risque de mortinatalité ou de décès néonatal était légèrement plus élevé chez les femmes atteintes de cardiopathie congénitale, et le taux de récurrence de la cardiopathie congénitale chez les nourrissons était six fois plus élevé. Cependant, les taux absolus restaient faibles, et il n’y avait pas de décès maternel à déplorer.

« Cette étude est un message d’espoir », affirme la première auteure, le Dr Astrid Lammers, consultante en cardiologie pédiatrique à l’hôpital universitaire de Münster. « Il y a seulement 50 ans, 85 % des enfants nés avec une cardiopathie congénitale mouraient avant d’atteindre l’âge adulte. Aujourd’hui, bien plus de 90 % d’entre eux survivent jusqu’à cet âge, et ils sont nombreux à atteindre la vieillesse. »

Les résultats de l’étude montrent que « les femmes traitées pour une cardiopathie congénitale – sans doute l’une des formes les plus graves de cardiopathie – peuvent mener une grossesse à terme et fonder leur propre famille », ajoute Astrid Lammers. « Ces observations rassurantes témoignent des progrès de la cardiologie congénitale et de la chirurgie cardiaque, qui permettent à la plupart des femmes porteuses d’une malformation cardiaque congénitale de survivre et de mener une vie relativement normale. »

Astrid Lammers conseille cependant aux femmes concernées de consulter un spécialiste avant d’entamer une grossesse. « Il est important que les femmes porteuses d’une cardiopathie congénitale soient suivies dans une clinique spécialisée, et qu’elles reçoivent des conseils et des soins appropriés avant et pendant la grossesse. Aujourd’hui, dans les pays développés, la majorité de ces femmes peuvent mener à bien leur grossesse en toute sécurité. Si le taux de mortalité est très faible, les complications chez ces futures mères sont, en revanche, relativement fréquentes, et elles le sont plus particulièrement chez leurs nouveau-nés. Mais la plupart des problèmes touchant ces bébés peuvent être surmontés grâce à des soins médicaux et un soutien néonatal. »

Pour étudier de plus près les grossesses chez les femmes atteintes de cardiopathie congénitale, Astrid Lammers et son équipe se sont tournés vers les données administratives de la compagnie d’assurance-maladie BARMERGEK, qui assure environ 1 personne sur 9 en Allemagne et dont les cotisants sont représentatifs de la population générale.

Au total, 25585 femmes atteintes de cardiopathie congénitale adulte et âgées entre 10 et 55 ans étaient incluses dans la base de données. Parmi elles, 4015 ont eu au moins une grossesse entre 2005 et 2018. Les chercheurs ont identifié par ailleurs une cohorte appariée selon l’âge de 50 813 femmes sans cardiopathie congénitale, cohorte qui a servi de groupe témoin. Parmi elles, 6502 femmes ont connu au moins une grossesse pendant la période étudiée.

Les accouchements par césarienne étaient plus fréquents chez les patientes atteintes de cardiopathie congénitale que dans le groupe témoin (40,5 versus 31,5 %). Il n’y a pas eu de surmortalité et les taux de complications maternelles, faibles en termes absolus, étaient pour la plupart similaires à ceux du groupe témoin. Les femmes atteintes de cardiopathie congénitale présentaient toutefois un taux statistiquement significatif d’AVC (1,03 versus 0,17 %), surtout celles qui présentaient des malformations cardiaques de complexité modérée (9,8 fois plus élevées que les témoins) ou élevée (6,6 fois plus élevées).

La mortalité néonatale était faible dans l’absolu mais toujours significativement plus élevée dans le groupe cardiopathie congénitale (0,83 versus 0,22 %). En outre, les nouveau-nés dont la mère était atteinte de cardiopathie congénitale étaient plus susceptibles d’avoir un poids de naissance insuffisant (7,54 versus 5,25 %) ou très faible (1,01 versus 0,53 %), et de nécessiter une ventilation mécanique (8,74 versus 3,57 %).

Les enfants de femmes atteintes de cardiopathie congénitale étaient également plus susceptibles d’être atteints du syndrome de Down (0,91 versus 0,21 %), de présenter d’autres syndromes génétiques (1,16 versus 0,31 %), d’avoir un code de cardiopathie congénitale enregistré (17,7 versus 2,9 %) et de devoir subir une intervention chirurgicale cardiaque avec assistance par machine cœur-poumon avant l’âge de 6 ans (5,95 versus 0,39 %).

Les prédicteurs significatifs d’une issue néonatale défavorable comprenaient la complexité de l’anomalie maternelle, l’hypertension artérielle, l’insuffisance cardiaque, un traitement antérieur de l’infertilité et l’anticoagulation par un antagoniste de la vitamine K.

« L’élément le plus important à retenir de cette étude est qu’il ne devrait pas y avoir autant d’hésitation à ce que les femmes atteintes de cardiopathie congénitale entament une grossesse », commente le Dr Ari Ceders, professeur associé de médecine et de pédiatrie à l’hôpital Johns Hopkins de Baltimore. « L’article s’ajoute aux données croissantes qui suggèrent que ces femmes peuvent vivre une vie normale. Néanmoins, il existe un petit groupe de femmes atteintes de cardiopathie congénitale qui seraient plus à risque. Il s’agit des femmes souffrant d’aortopathie grave, d’hypertension pulmonaire, de cardiopathie valvulaire gauche sévère ou de dysfonctionnement important du ventricule gauche »

Pour sa part, le Dr Arvind Hoskoppal, qui dirige le programme de cardiopathie congénitale pour adultes à l’UPMC de Pittsburgh insiste sur la nécessité de suivre ces femmes dans des centres spécialisés. « Elles devraient recevoir des conseils dès avant la conception. La stratification des risques et la prise en charge médicale sont importantes. Néanmoins, il n’y a que de rares cas où nous déconseillons la grossesse à cause d’un risque de mortalité maternelle ».

Cœur artificiel Carmat : suspension des implantations jusqu’à nouvel ordre

 

7 décembre 2021

Vélizy-Villacoublay,France — Suite à un problème qualité ayant affecté certains cœurs artificiels Aeson® (voir encadré), les implantations sont suspendues temporairement à titre préventif, a annoncé la société Carmat en fin de semaine dernière .

« Cet événement va être investigué conformément au protocole prévu à cet effet. Suite à cette investigation, CARMAT communiquera, dès qu’elle sera en mesure de le faire, sur la reprise de ses implantations », indique l’entreprise.

« Les problèmes de qualité constituent des événements habituels dans le cycle de vie des dispositifs médicaux, tout particulièrement dans les phases de montée en capacité de la production […] La qualité d’Aeson® et la sécurité des patients demeurent notre première priorité, et je reste très confiant dans la capacité de notre cœur artificiel à représenter une solution pour les patients souffrant d’insuffisance cardiaque avancée, confrontés au manque notoire de greffons humains disponibles » a indiqué Stéphane Piat, directeur général de Carmat.

Cet arrêt des implantations est un nouveau coup dur alors que la startup a franchi plusieurs nouvelles étapes importantes depuis cet été.

Le 19 juillet, l’entreprise française a annoncé la première implantation commerciale de son cœur artificiel en Italie alors que quelques jours auparavant, le dispositif avait été implanté pour la première fois chez l’homme aux Etats-Unis, dans le cadre d’une étude clinique prévoyant d’inclure 10 patients.

Fin juillet, le cœur artificiel a été implanté pour la première fois en Allemagne. Le 21 septembre, il a été implanté pour la première fois chez une femme et mi-novembre, une première pose avait été réalisée aux Pays-Bas.

Le cœur artificiel total de CARMAT est composé d’une bioprothèse implantable et d’un système portable d’alimentation externe auquel elle est reliée en permanence. Il a été inventé par le Pr Alain Carpentier pour pallier le manque de greffons pour les personnes souffrant d’insuffisance cardiaque terminale irréversible. La première implantation chez l’homme a été réalisée en 2013 à l’hôpital européen Georges-Pompidou. En 2016, la startup française a cependant dû stopper son essai clinique après la mort d’un cinquième patient. Aussi, en 2018, la société a suspendu son essai en Europe en raison des risques de dysfonctionnement des prothèses. Après des modifications, le cœur artificiel a obtenu le « marquage CE » pour l’indication d’attente de transplantation, fin décembre 2020. En parallèle, l’ANSM a autorisé Carmat à reprendre les implantations en France en octobre dernier. Une nouvelle étude clinique chez 52 patients greffés a débuté.

Depuis la première opération, une vingtaine de patients ont reçu cette prothèse en Allemagne, au Danemark, en France, en Italie, au Kazakhstan, aux Pays-Bas, en République tchèque et aux Etats-Unis. Symbole de ce développement laborieux, le dispositif est commercialisé sous le nom de marque Aeson®, en référence au héros de la mythologie grecque ramené à la vie, rajeuni par la sorcière Médée.

 

Un acte chirurgical simple pour réduire le risque de FA après chirurgie cardiaque

 

Marilynn Larkin

21 décembre 2021

New York, Etats-Unis — Une technique appelée péricardiotomie postérieure gauche, qui consiste à drainer l’espace péricardique dans la cavité pleurale gauche, a permis de réduire de plus de 50% le risque de fibrillation auriculaire dans une étude randomisé, contrôlée et monocentrique.

« Cette intervention n’est pas très connue au sein de la communauté chirurgicale », explique le Dr Mario Gaudino (Weill Cornell Medicine et NewYork-Presbyterian, à New York. « Elle avait déjà été testée dans de très petits études en dehors des États-Unis, et elle semblait très efficace. Face à ces résultats prometteurs, j’ai estimé qu’il était probablement temps de la tester dans une étude de puissance appropriée et de conception rigoureuse. »

L’intervention consiste à pratiquer une petite incision dans la partie postérieure du péricarde et à insérer un tube de drainage pleural gauche, qu’on retire généralement quelques jours plus tard. L’excès liquidien s’écoule par cette fente péricardique jusqu’à ce qu’il se tarisse spontanément.

« Il ne semble pas y avoir de conséquence néfaste liée à cette technique. Seul un petit pourcentage de patients peut ne pas être éligible, en raison d’une contrindication anatomique telle que des adhérences dans la cavité pleurale gauche ou une déformation thoracique qui rendrait l’opération plus complexe. De manière anecdotique, nous avons reçu des milliers de mails de chirurgiens affirmant qu’ils allaient modifier leur pratique habituelle. Et donc, même si nous n’avons pas encore de preuve définitive de son efficacité, les chirurgiens peuvent tout de même envisager de l’essayer. »

Comme expliqué dans le Lancet et présenté lors des sessions scientifiques de l’American Heart Association il y a quelques semaines, Mario Gaudino et son équipe ont randomisé en deux groupes 420 patients subissant une intervention élective sur les coronaires, la valve aortique ou l’aorte ascendante : 212 d’entre eux ont subi une péricardiotomie postérieure gauche, à l’inverse des 208 autres. Les deux groupes avaient des caractéristiques cliniques et chirurgicales similaires : âge médian de 61 ans, 24% de femmes, et CHA2DS2-VASc médian à 2,0.

Le suivi a été effectué 30 jours après la sortie de l’hôpital. Trois patients du groupe intervention n’ont finalement pas bénéficié de l’intervention, tandis que deux patients du groupe intervention et un patient du groupe abstention sont décédés au cours du suivi.

En période postopératoire, l’incidence de la FA était significativement plus faible dans le groupe intervention (17% contre 32%; OR ajusté pour la variable de stratification : 0,44), tout comme celle de l’épanchement péricardique postopératoire (12% contre 21%; RR : 0,58).

Des événements indésirables majeurs sont survenus chez six (3 %) patients du groupe intervention et chez quatre (2 %) du groupe abstention. Aucune complication liée à la péricardiotomie postérieure gauche n’a été observée.

Les auteurs concluent donc que « sur base de la concordance entre les preuves précédentes et nos résultats, de l’effet important du traitement et du rapport risque/bénéfice très favorable, la péricardiotomie gauche postérieure devrait être envisagée dans la majorité des interventions de chirurgie cardiaque. »

Interrogé par Reuters Health, le docteur Mario Pascual, électrophysiologiste au Miami Cardiac and Vascular Institute de Baptist Health, en Floride, félicite les auteurs cette étude randomisée, qu’il estime bien conçue. « La péricardiotomie est un acte simple à réaliser lors d’une intervention cardiaque. Je n’ai aucune inquiétude au sujet de cette procédure. Néanmoins, je suis d’accord pour dire qu’une étude multicentrique est nécessaire avant son implémentation à grande échelle. »

Un cœur de porc greffé sur un homme!

Dave Bennett, un patient de 57 ans, a accepté d’être le cobaye d’une opération risquée. Après neuf heures de chirurgie Samedi 8 Janvier 2022, des médecins du centre médical de l’université du Maryland, aux États-Unis, ont réussi à remplacer son cœur par celui d’un porc de 1 an, génétiquement modifié dans ce but précis, raconte USA Today. Une première mondiale. “Ce n’est rien de moins qu’un miracle”, a déclaré le fils de David Bennett. “Les cochons ont des organes similaires à ceux des humains”, indique le journal. Avec plus de 100 000 patients sur liste d’attente pour une greffe d’organe, ce type d’intervention pourrait révolutionner la médecine et sauver 6 000 vies par an, soit le nombre de patients qui, en moyenne, meurent avant de recevoir l’organe dont ils ont besoin.

Mise à jour du 18/01/2022:

Première mondiale : xénogreffe d’un cœur de cochon

Marine Cygler

17 janvier 2022

Baltimore, Etats-Unis – Et de deux. Trois mois et demi après la première xénotransplantation d’un rein de porc chez une patiente en état de mort cérébrale, l’école de médecine de l’université du Maryland (Baltimore, Etats-Unis) a annoncé lundi 10 janvier qu’un cœur de cochon génétiquement modifié avait été transplanté avec succès chez un homme de 57 ans.

Trois jours après l’intervention, il se portait bien.« Cette transplantation d’organe démontre pour la première fois qu’un cœur issu d’un animal génétiquement modifié peut fonctionner comme un cœur humain sans rejet immédiat par l’organisme receveur », se sont enthousiasmés les chirurgiens américains qui ont réalisé la prouesse.

Atteint d’une insuffisance cardiaque au stade terminal et d’une arythmie, David Bennett, qui a reçu le cœur porcin, avait été déclaré inéligible à la transplantation classique.  Interrogé par Medscape édition française, le Pr Philippe Ménasché (chirurgien cardiaque, HEGP, Paris), pionnier de la thérapie cellulaire, a déclaré : « Je suis admiratif de ce succès car je me rends compte qu’il s’agit de l’aboutissement d’années et d’années de travail ». Si la prouesse a été saluée partout dans le monde, le recul n’est que de 72 heures après l’intervention, puisqu’il n’y a pas eu de communication depuis le 10 janvier.

Un cœur d’un cochon génétiquement modifié

Le cœur utilisé est issu d’un cochon génétiquement modifié dans un double objectif : empêcher le rejet hyperaigu et éviter la contamination du receveur par un virus endogène du porc. Grâce à l’éditing des gènes, le greffon est notamment dépourvu de sucre alpha-gal à la surface de ses cellules, ce qui permet de résoudre ce problème d’incompatibilité et de rejet aigu. D’autre part, six gènes humains associés à la tolérance immunitaire ont été introduits dans le génome porcin. De plus, une autre modification génétique par la technique des ciseaux moléculaires CRISPR-Cas9 a permis de se débarrasser du matériel génétique du virus endogène porcin (PERV).

Il faut savoir que l’ADN viral, incorporé au sein même du génome du porc, se transmet au fil des générations de porcs. « Enfin, un gène porcin a été inactivé afin d’éviter que le cœur du cochon ne grossisse trop. Dix gènes ont été en tout modifiés dans le cochon donneur », indique le communiqué.  La biotech, Revivicor, d’où provient le cœur est la même qui avait fourni le rein modifié il y a quelques mois.

En attendant la transplantation classique

Si la FDA a autorisé cette procédure expérimentale à titre compassionnel pour David Bennett, quel est l’avenir de la xénogreffe cardiaque ? « Selon moi, la xénogreffe cardiaque serait idéalement indiquée pour les patients ayant besoin d’une suppléance cardiaque en attendant une transplantation cardiaque classique », considère le Pr Ménasché qui détaille « Pour certains patients, elle pourrait remplacer le dispositif d’assistance, beaucoup plus lourd en termes de complications thromboemboliques et infectieuses ».

Il n’est pas favorable au fait que les patients récusés pour la transplantation classique puissent avoir accès à une xénogreffe. « Je trouve que c’est surprenant de pouvoir envisager une transplantation « low-cost » » argumente-t-il préférant imaginer la xénogreffe comme une solution d’attente quand les patients sont sur liste d’attente pour une transplantation classique.  Le recul n’est pas encore suffisant pour préconiser de se passer de la transplantation cardiaque, une procédure de routine validée, au profit d’une procédure toute récente et non validée.

Que devient la thérapie cellulaire ? Piste prometteuse dans l’insuffisance cardiaque, la thérapie cellulaire continue de faire l’objet d’essais cliniques, a indiqué Philippe Ménasché. Les quelques milliers de patients ayant déjà eu accès à cette procédure ont vu pour la plupart une amélioration de leur fonction cardiaque. Pour certaines cela a permis de retarder le moment de la transplantation.

D’autres approches, plus récentes, enthousiasment le chirurgien chercheur, comme le fait d’utiliser des CAR T cells qui expriment des anticorps contre la fibrose ou bien une approche régénérative fondée sur la prolifération des cellules restantes après un infarctus du myocarde. A suivre.

 

Mise à jour du 22/03/2022

Baltimore, Etats-Unis – David Bennett, le premier patient de l’histoire à avoir reçu un cœur de porc génétiquement modifié, est décédé le 8 mars.

Il avait reçu la greffe le 7 janvier et a vécu pendant deux mois après la chirurgie.

David Bennett

« Son état a commencé à se détériorer il y a quelques jours. Et lorsqu’il est devenu évident qu’il ne s’en remettrait pas, il a reçu des soins palliatifs. Il a pu communiquer avec sa famille pendant ses dernières heures », indique le communiqué de l’Université du Maryland où l’intervention a eu lieu.

« Nous sommes dévastés par la perte de Mr Bennett. Il s’est avéré être un patient courageux qui s’est battu jusqu’au bout. Nous adressons nos plus sincères condoléances à sa famille », a déclaré le Dr Bartley P. Griffith (UMMC) qui a réalisé la transplantation de cœur de porc chez le patient.

David Bennett s’était rendu pour la première fois à l’UMMC en octobre 2021, où il avait été mis sous oxygénation par membrane extracorporelle (ECMO). Atteint d’une insuffisance cardiaque au stade terminal et d’une arythmie, David Bennett avait été déclaré inéligible à la transplantation classique. Le 31 décembre, la Food and Drug Administration américaine avait accordé une autorisation d’urgence compassionnelle pour la xénogreffe.

« Après la chirurgie, le cœur transplanté a très bien fonctionné pendant plusieurs semaines sans aucun signe de rejet », indique l’Université du Maryland.

« Comme pour toute première intervention chirurgicale de transplantation au monde, celle-ci a fourni des informations précieuses qui, espérons-le, aideront les chirurgiens transplanteurs à améliorer les résultats afin d’offrir potentiellement un gain de vie aux futurs patients », a commenté le Dr Griffith.

« Nous restons optimistes et prévoyons de poursuivre nos travaux dans de futurs essais cliniques », a ajouté le Dr Muhammad M. Mohiuddin (Professeur de Chirurgie et Directeur Scientifique du Programme de Xénotransplantation Cardiaque à l’UMSOM).

Interrogé après la transplantation en janvier par Medscape édition française, le Pr Philippe Ménasché (chirurgien cardiaque, HEGP, Paris), pionnier de la thérapie cellulaire s’était montré « admiratif de ce succès […] l’aboutissement d’années et d’années de travail », tout en indiquant que selon lui, la xénogreffe cardiaque serait idéalement indiquée pour les patients ayant besoin d’une suppléance cardiaque en attendant une transplantation cardiaque classique. « Pour certains patients, elle pourrait remplacer le dispositif d’assistance, beaucoup plus lourd en termes de complications thromboemboliques et infectieuses ».

Un cœur d’un cochon génétiquement modifié

Le cœur utilisé qui a été utilisé est issu d’un cochon génétiquement modifié dans un double objectif : empêcher le rejet hyperaigu et éviter la contamination du receveur par un virus endogène du porc. Grâce à l’éditing des gènes, le greffon est notamment dépourvu de sucre alpha-gal à la surface de ses cellules, ce qui permet de résoudre ce problème d’incompatibilité et de rejet aigu. D’autre part, six gènes humains associés à la tolérance immunitaire ont été introduits dans le génome porcin. De plus, une autre modification génétique par la technique des ciseaux moléculaires CRISPR-Cas9 a permis de se débarrasser du matériel génétique du virus endogène porcin (PERV).

Il faut savoir que l’ADN viral, incorporé au sein même du génome du porc, se transmet au fil des générations de porcs. « Enfin, un gène porcin a été inactivé afin d’éviter que le cœur du cochon ne grossisse trop. Dix gènes ont été en tout modifiés dans le cochon donneur », indique le communiqué.  La biotech, Revivicor, d’où provient le cœur est la même qui avait fourni le rein modifié il y a quelques mois.

 

Mise à jour du 14-05-22

Xénogreffe de cœur de porc : le virus porcin suspecté dans la mort du patient américain

11 mai 2022

Baltimore, Etats-Unis – David Bennett, le premier patient de l’histoire à avoir reçu un cœur de porc génétiquement modifié, est décédé le 8 mars sans que l’origine de sa mort ne soit communiquée.

Il avait reçu la greffe le 7 janvier et a vécu pendant deux mois après la chirurgie.

Un rapport publié le 4 mai dans MIT Technology Review semble apporter une explication à son décès

Un cytomégalovirus porcin (CMVP) présent dans le cœur n’avait pas été détecté avant l’opération et pourrait (ou non avoir) contribué à la mort, selon l’article.

« La question fait maintenant l’objet de grandes discussions parmi les spécialistes, qui pensent que l’infection a potentiellement contribué à la mort de David Bennett et constitue une raison plausible expliquant que le cœur n’ait pas fonctionné plus longtemps », indique le journaliste Antonio Regalado.

C’est le chirurgien qui a pratiqué l’opération, Bartley P. Griffith (University of Maryland School of Medicine, Baltimore), qui a annoncé la découverte du CMVP lors d’une présentation en ligne de la Société américaine de transplantation le 20 avril dernier.

Suite à la greffe, l’évolution clinique initialement prometteuse du patient s’est compliquée d’épisodes répétés d’infections et d’ajustements de son traitement immunosuppresseur. Selon les experts, ces épisodes pourraient avoir contribué à sa mort, dont la cause réelle reste indéterminée ou du moins non-encore-confirmée.

« Nous commençons à comprendre pourquoi il est décédé », indique le Dr Griffith dans l’article, reconnaissant que le virus porcin « était peut-être l’agent » déclencheur des événements qui ont conduit à la mort de David Bennett.

Nous commençons à comprendre pourquoi il est décédé. Bartley P. Griffith

Les spécialistes de la xénotransplantation savent que le CMVP causer problème dans l’utilisation des organes de porc et recherchent sa présence avant de tenter une greffe sur des modèles animaux, précise l’article qui fait référence à une série de greffes de cœur de porc pratiquée sur des babouins en Allemagne. Les cœurs « n’ont fonctionné que quelques semaines lorsque le virus était présent, tandis que les organes exempts d’infection pouvaient fonctionner plus de six mois ».

Le cœur que David Bennett a reçu avait fait l’objet d’un dépistage bactériologique et virologique approfondi mais les recherches ont apparemment échoué. Dans l’article du MIT Technology Review, le premier auteur de la série allemande sur les babouins avance une explication.

« L’équipe américaine semble avoir recherché le virus au niveau du museau du porc, mais il se cache souvent plus profondément dans les tissus », explique le Pr Joachim Denner (Institut de virologie, Université libre de Berlin) qui soutient que « le virus peut être détecté et facilement éliminé des populations de porcs, mais malheureusement, ils n’ont pas utilisé un bon test et n’ont pas détecté le virus ».

Que le CMVP ait échappé à la détection avant l’opération « apporte de nouveaux arguments aux personnes qui se demandent si l’expérience aurait réellement dû avoir lieu », souligne l’article du MIT Technology Review. « C’est un signal d’alerte », commente le Pr Arthur Caplan, bioéthicien (Université de New York, New York) dans le journal ajoutant : « Si les médecins ne peuvent pas prévenir ou contrôler l’infection, alors de telles expériences sont difficiles à justifier ».

Voir aussi: Dans l’Actu : les xénogreffes

Covid-19 : l’appel à Macron des patients immunodéprimés « face à l’hécatombe qui les menace »

 

Six présidents d’associations (Ellye, Transhépate, France Rein, Vaincre la mucoviscidose, SOS hépatites et Renaloo), représentants de personnes immunodéprimées, exhortent Emmanuel Macron à tout faire pour « protéger les plus fragiles ».

Photo d'illustration.
Photo d’illustration. (Sipa)

Leur appel : « Monsieur le Président de la République, les personnes immunodéprimées sévères, qu’elles soient transplantées, dialysées, atteintes de certains cancers ou prenant certains traitements, sont actuellement en grand danger en raison de l’ampleur de la pandémie de Covid en France et de leur réponse nulle ou insuffisante à la vaccination. Dès à présent, elles représentent jusqu’à 30% des séjours en réanimation dans certains hôpitaux, alors qu’elles sont moins de 300.000 au total en France, et qu’elles ont d’ores-et-déjà reçu trois, quatre, voire cinq doses de vaccin.

Leur mortalité en cas de contamination reste très élevée – de l’ordre de 15 à 20% – sensiblement supérieure à celle des résidents d’Ehpad ; leur faible réponse vaccinale risque d’être encore plus insuffisante face à Omicron ; le risque encouru par chacune d’entre elles est très largement supérieur à celui des non-vaccinés du fait de leurs fragilité.

A l’heure actuelle, plus aucun traitement curatif du Covid n’est disponible en France, jusqu’aux livraisons attendues en février de Sotrovimab et Paxlovid

Si notre pays a été le tout premier au monde à autoriser le recours aux anticorps monoclonaux en prévention du Covid, dès aout dernier, moins de 10% des patients concernés ont pu en bénéficier, beaucoup d’hôpitaux ayant fait le choix de ne pas les administrer, ou ayant renoncé à le faire faute de moyens.

A l’heure actuelle, en raison de la perte d’efficacité de la plupart des anticorps monoclonaux face à Omicron, plus aucun traitement curatif du Covid n’est disponible en France, jusqu’aux livraisons attendues en février de Sotrovimab et Paxlovid.

Cette situation est d’autant plus préoccupante que, dans le contexte d’une forte tension hospitalière, les immunodéprimés dont l’état va s’aggraver en raison de la non-disponibilité de ces traitements risquent de se voir refuser l’accès des services de réanimation, en faveur de patients dont le pronostic sera meilleur.

Pour toutes ces raisons, un véritable drame humain se joue en ce moment même. Or, il peut être évité, tout comme la contribution démesurée de cette population à la mise en tension de notre système de santé.

Les personnes sévèrement immunodéprimées doivent désormais faire l’objet de messages de prévention larges, portés par l’Etat et relayés par les médias

Les personnes sévèrement immunodéprimées doivent désormais faire l’objet de messages de prévention larges, portés par l’Etat et relayés par les médias, les appelant à se protéger, y compris par un auto-confinement transitoire, mais aussi destinés à faire connaître au grand public la nécessité de la protection solidaire à leur apporter. Des masques FFP2 pris en charge doivent leur être proposés. Leurs employeurs, publics et privés, doivent être sensibilisés afin d’accompagner leur maintien à domicile, via le télétravail ou le chômage partiel.

Un dispositif permettant d’assurer leur protection par le traitement préventif Evusheld, dont l’accès précoce vient d’être rendu possible, doit être mis en place en urgence. Dans un contexte où la prophylaxie a jusque-là été un échec, et où la présence de patients immunodéprimés dans des hôpitaux surchargés de Covid constitue d’ores-et-déjà un danger immédiat pour eux, l’administration d’Evusheld à domicile, notamment par des prestataires, est un enjeu crucial.

Afin d’optimiser la prise en charge des patients immunodéprimés contaminés, des conditions prioritaires et sécurisées d’accès aux tests en cas de symptômes sont nécessaires. Dans l’attente de la disponibilité du Sotrovimab et du Paxlovid, des alternatives thérapeutiques doivent être rapidement recherchées : accès dérogatoire à Evusheld en curatif, recours à du plasma de convalescents, etc.

La circulation très intense d’Omicron fait aujourd’hui peser sur elles le risque d’une surmortalité aussi lourde qu’évitable

Monsieur le Président de la République, les personnes immunodéprimées que nous représentons ont d’ores et déjà payé un très lourd tribut à la pandémie : décès, séquelles, déprogrammations des soins, suspensions des greffes, qui menacent du reste de se produire à nouveau… La circulation très intense d’Omicron fait aujourd’hui peser sur elles le risque d’une surmortalité aussi lourde qu’évitable. Nous comptons sur vous pour que la France, qui a toujours affirmé sa priorité de protéger les plus fragiles, fasse clairement le choix qu’elle ne se produise pas. »

 

Les signataires : 

Guy Bouguet, président de Ellye

Eric Bulleux, président de Transhépate

Jean-Marc Charrel, Président de France Rein

Pierre Foucaud, président de Vaincre la mucoviscidose

Pascal Mélin, président de SOS hépatites

Nathalie Mesny, présidente de Renaloo