COVID-19 : quel rôle pour les animaux dans la transmission ? 

France – Les animaux qui nous sont familiers transmettent-ils le SARS-CoV-2 ? A priori, non, mais l’épisode d’abattage massif des visons au Danemark a entrainé un regain d’intérêt pour la question de la propagation du virus au sein de la population animale et de sa transmission à l’homme. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) vient justement  de mettre à jour son expertise sur la question et confirme que les animaux domestiques et les animaux sauvages ne jouent aucun rôle épidémiologique dans le maintien et la propagation du SARS-CoV-2 en France. Cependant, prévient-elle en référence à l’actualité récente au Danemark, « certaines situations particulières, comme une forte concentration d’animaux réceptifs au SARS-CoV-2, appellent toutefois à la vigilance pour ne pas constituer, à l’avenir, un réservoir animal favorable à la propagation du virus ». Elle conseille, par ailleurs, de respecter les mesures barrières avec l’animal, en cas d’infection au Covid-19 (voir encadré ci-dessous).

L’Anses recommande aux personnes atteintes par la maladie Covid-19 d’éviter tout contact étroit avec les animaux, « sans pour autant compromettre leur bien-être ». Lorsque le contact ne peut être évité (soins aux animaux par exemple), il leur est recommandé de porter un masque et de se laver les mains avant et après le contact avec les animaux.

En s’appuyant sur les données disponibles dans la littérature, l’Anses a classé les animaux selon leur réceptivité au SARS-CoV-2, à savoir la capacité d’une espèce animale à héberger le virus sans forcément développer de symptômes, et leur sensibilité, soit la capacité de l’espèce animale à exprimer des signes cliniques et/ou des lésions dues au virus.

Poulets, dindes, canards, bovins et porcs

Aucune infection expérimentale n’a pour le moment montré que les  poulets, les dindes et les canards étaient réceptifs ou sensibles au SARS-CoV-2. Par ailleurs, aucune donnée d’infection naturelle n’a été enregistrée à ce jour.

Concernant les bovins et les porcs,  des études complémentaires s’avèrent nécessaires pour confirmer ou infirmer leur réceptivité au SARS-CoV-2 mais les études publiées montrent que ces animaux n’y sont pas sensibles. En ce qui concerne les animaux d’élevage,  représentent-ils un risque pour l’Homme ?

Chiens et lapins

Chiens et lapins  sont réceptifs au SARS-CoV-2, en revanche, « très peu de chiens ont développé des signes cliniques en condition naturelle au regard des niveaux d’exposition au virus pourtant très élevés (des milliers de personnes infectés par la COVID-19 ont été en contact étroit avec leur chien) » écrit l’Anses. Quant au lapin, les infections expérimentales tendent à montrer la présence de lésions dues au virus, mais celles-ci nécessitent d’être confirmées.

Chats, furets, hamsters, visons…

Il en va différemment des chats, hamsters, furets et autres visons qui ont une réceptivité et une sensibilité au SARS- CoV-2 établies.

Les chats  sont réceptifs et sensibles au SARS- CoV-2 avec une transmission intra-espèce, c’est-à-dire entre individus d’une même espèce, avérée. Fait rassurant pour l’humain, « il n’existe à ce jour pas de données scientifiques mettant en évidence une transmission du SARS-CoV-2 depuis le chat vers une autre espèce ». En revanche, le chat peut s’infecter par le SARS-CoV-2 « dans un contexte de forte pression virale » et « par contacts étroits avec leurs propriétaires atteints par la Covid-19 ».

Les furets et hamsters  sont réceptifs et sensibles au virus SARS-CoV-2, avec une transmission intra-espèce avérée. Cependant, il n’existe à ce stade pas de données scientifiques montrant une transmission du SARS-CoV-2 depuis ces animaux vers d’autres espèces, ni d’infection naturelle.

Concernant le vison , « les données d’infections naturelles rapportées aux Pays-Bas, au Danemark, en Espagne et aux États-Unis montrent que cette espèce est réceptive et sensible au SARS-CoV-2, avec une transmission intra-espèce avérée et inter-espèce présumée » souligne l’Agence. Mais « si les évènements survenus aux Pays-Bas et plus récemment au Danemark, sont en faveur d’une transmission-retour du virus à partir des visons infectés vers les humains », l’Anses précise toutefois que ces évènements sont « vraisemblablement à relier au contexte de forte pression virale due à une densité élevée de la population animale au sein de ces élevages ». On rappellera que le  Danemark a abattu plus de 15 millions d’animaux après qu’une mutation a été retrouvée.

Ont participé à la rédaction des articles : Anne-Gaelle Moulun, Véronique Duquéroy, Aude Lecrubier, Marcia Frelick, Stéphanie Lavaud