L’analyse de la déformation myocardique par speckle tracking permet de suivre l’évolution du Tako-Tsubo

Dr Walid Amara

2 mars 2009

Boulogne, France — Le syndrome de Tako-Tsubo ou cardiomyopathie de stress est caractérisé par la survenue d’une ballonisation transitoire de l’apex du ventricule gauche, tel que cela pourrait être observé dans un infarctus du myocarde apical, mais sans qu’une lésion coronaire ne soit identifiable. Cette ballonisation de l’apex du ventricule gauche est transitoire et régresse en général en un mois.

Le suivi échographique des patients atteints de cette pathologie occupe une place majeure. Les nouveaux outils échographiques tels que le speckle tracking sont d’utilisation croissante en cardiologie. Ces outils pourraient, d’une part être utiles dans le suivi des patients atteints de cette pathologie, mais également pourraient permettre de la distinguer dès la phase aiguë d’une pathologie coronaire.

 Dr Nicolas MansencalAmerican Journal of Cardiology :

« Le speckle tracking est un outil moderne d’échographie qui permet de suivre de manière reproductible les vélocités et la déformabilité du ventricule gauche » commente le Dr Masencal pour heartwire . En effet, il permet de différencier précocement un Tako-Tsubo d’un infarctus apical.

Le Dr Mansencal a mené une étude cas-témoin monocentrique ayant inclus 42 patientes appariées pour l’âge à un groupe contrôle.

  • Les patientes du groupe 1 (au nombre de 14) avaient un syndrome de Tako-Tsubo (avec une coronarographie normale).
  • Les patients du groupe 2 (au nombre de 14) présentaient un infarctus apical (avec une sténose de l’IVA qui a été dilatée).
  • Les patientes du groupe 3 (au nombre de 14) étaient des sujets sains.

Toutes les patientes avec un syndrome de Tako-Tsubo ont eu une échographie à l’admission, à J7 et 1 mois.

Une dysfonction circulaire dans le Tako-Tsubo

Le speckle tracking est un outil moderne d’échographie qui permet de différencier précocement un Tako-Tsubo d’un infarctus apical — Dr Masencal (hôpital Ambroise-Paré, Boulogne)

Les différentes parois ont été évaluées pour les paramètres strain et strain rate en speckle tracking (pic systolique de vélocité V, pic systolique de strain S et pic systolique de strain rate SR).

L’étude publiée par le (hôpital Ambroise-Paré, Boulogne) dans l’ confirme la pertinence du speckle tracking pour le suivi des patients atteints d’un syndrome de Tako-Tsubo.

« Nous avons constaté la présence d’anomalies en speckle tracking au niveau des segments atteints par un syndrome de Tako-Tsubo » explique le Dr Masencal. « Les différentes valeurs V, S et SR étaient diminuées significativement chez les patientes atteintes d’un syndrome de Tako-Tsubo au niveau des segments moyen et apical du septum inter-ventriculaire, de la paroi latérale, de même qu’au niveau des segments basaux ».

Le p était inférieur à 0,05 en comparaison au groupe 3.

Dans le groupe 2, les valeurs étaient également diminuées mais de manière asymétrique entre les segments septaux et latéraux, ce qui n’était pas le cas chez les patientes du groupe 1. Ainsi, dans le groupe 2, les valeurs de V étaient significativement plus élevées au niveau du septum basal en comparaison à la paroi latérale basale (p = 0,03), et étaient significativement plus basses au niveau du septum apical en comparaison à la paroi latérale dans son segment apical (p = 0,04).

« La dysfonction est circulaire dans le Tako-Tsubo, territoire non coronaire, alors qu’elle est asymétrique dans l’infarctus car la répartition des artères coronaires est asymétrique » indique N Masencal.

La dysfonction est circulaire dans le Tako-Tsubo, territoire non coronaire, alors qu’elle est asymétrique dans l’infarctus car la répartition des artères coronaires est asymétrique

En revanche, à J7 l’évolution des vélocités en cas de syndrome de Tako-Tsubo était asymétrique ce qui ne permettait pas, à cette phase, de le différencier d’un infarctus apical. Cela est surtout valable en pratique pour les patients vus tardivement après 24 heures d’évolution.

Une amélioration significative de la fraction d’éjection, a été constatée dans le syndrome de Tako-Tsubo qui est passée de 39 + 11 % à l’admission, avec une valeur de 45 + 7 % à J7 (p < 0,0001) et à un mois FE 56 + 5 % (p < 0,0001 en comparaison à J7).

« Les évaluations ont été faites par deux opérateurs et nous avons observé une forte reproductibilité inter- et intra-observateur » précise N Masencal.

Notre étude va contre l’hypothèse d’un spasme coronaire : Dr Mansencal

« Le speeckle tracking est un outil encourageant qui, nul doute, va occuper une place grandissante dans notre pratique ».

Pour lui, « si les hypothèses pour le développement d’un syndrome de Tako-Tsubo sont multiples — effet des catécholamines, spasme coronaire, myocardite, obstruction intraVG — on peut déjà dire que cette étude va plutôt contre l’hypothèse d’un spasme coronaire ».