Coronavirus : description d’un premier cas de transmission asymptomatique

Stéphanie Lavaud
4 février 2020
Munich, Allemagne – Publiée le 30 janvier dernier, une lettre du New England Journal of Medicine cosignée de plusieurs chercheurs et médecins allemands relate le scénario de la première transmission humaine identifiée du coronavirus par un patient asymptomatique [1]. Un cas qui peut peut-être permettre de mieux appréhender l’épidémie en cours.
De l’importance de connaitre la contagiosité du virus
Pour comprendre une épidémie et l’endiguer, certains paramètres sont importants à connaitre, en particulier la contagiosité du virus. Dans le cas du coronavirus, il a été établi que le délai d’incubation du virus est en moyenne de 5/6 jours – il peut aller de 2 à 12/14 maximum. Pendant cette période, la personne est porteuse de la maladie mais sans en développer les symptômes. Peut-elle pour autant transmettre le virus ? La question est cruciale, et les réponses encore plus pour savoir quelles précautions prendre pour minimiser tout risque de transmission.
On sait, par exemple, que le Sras ou encore Ebola ne sont contagieux qu’après apparition des symptômes. De telles épidémies sont donc « relativement » simples à stopper puisqu’identifier, isoler les personnes malades et surveiller les personnes avec qui elles ont été en contact permet de circonscrire, dans une certaine mesure, l’épidémie. A l’inverse de la grippe qui, elle, est contagieuse avant même de savoir que l’on a contracté le virus.
Sans en être au stade d’une pandémie mondiale, stopper une épidémie quand on sait que le virus responsable est contagieux avant même l’apparition des symptômes ne serait évidemment pas pour faciliter la tâche des autorités chinoises – qui ont déjà fort à faire au vu de la densité de population dans certaines grandes villes du pays.
La dame de Shanghai
C’est pourtant à ce stade une hypothèse plus que probable. Des fonctionnaires chinois ont, en effet, déclaré fin janvier que tel était le cas [2]. Tandis que des médecins et chercheurs allemands viennent de publier la description d’un cas de transmission interhumaine sur le territoire en l’absence de symptômes [1].
Voici comment les choses se sont passées. Une jeune chinoise de Shanghai a réalisé un voyage en Allemagne pour raisons professionnelles du 19 au 22 janvier 2020. Pendant son séjour outre-Rhin, elle n’a ressenti ni vu apparaître de symptômes particuliers. En revanche alors qu’elle était dans l’avion de retour en Chine, elle a commencé à se sentir malade et a présenté toux et fièvre. Il a été confirmé, en Chine, le 26 janvier qu’elle était bien atteinte du coronavirus, appelé provisoirement 2019-nCov.
Entre temps, le 24 janvier, un cadre allemand, qui avait rencontré la jeune chinoise sur le territoire allemand pour raisons professionnelles le 20 et le 21 janvier, s’est mis lui aussi à tousser, frissonner et à ressentir douleurs musculaires, symptômes suivis de fièvre (39,1°C) et de toux, le lendemain. Puis il s’est remis et est retourné travailler le 27 janvier.
Infection confirmée par le département des maladies infectieuses de Munich
Après que la jeune chinoise ait informé la société de son infection virale au coronavirus, la recherche des contacts a démarré, et l’homme qui avait eu rendez-vous avec elle, a été envoyé dans le département des maladies infectieuses et de médecine tropicale à Munich pour de plus amples investigations. Alors qu’il avait totalement récupéré, et n’avait effectué aucun déplacement dans les 15 jours précédents avant le début des symptômes, une RT-PCR quantitative sur deux prélèvements nasopharyngés et un échantillon d’expectoration a montré qu’il avait néanmoins contracté le coronavirus. Un suivi par qRT-PCR a, par ailleurs, révélé une charge virale élevée de 108 copies par millilitre dans ses expectorations les jours suivants.
Au 28 janvier, trois collègues de l’homme d’affaire allemand ont eux aussi été testés positifs pour le virus. Sachant qu’un seul d’entre eux avait été en contact avec le cas index – la jeune femme chinoise –, les deux autres n’ayant eu contact qu’avec le patient 1, à savoir, le cadre allemand (voir ci-dessous, déroulé dans le temps de l’exposition au cas index asymptomatique). Tous ont été suivis à Munich sans qu’aucun ne montre de signes sévères de la maladie.
Déroulé dans le temps de l’exposition au cas index asymptomatique en Allemagne [1]
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Coronavirus premier cas asymtomatique