Conduite automobile et maladies cardiaques: que disent les recommandations?

Pr Hervé Douard, Pr Antoine Leenhardt
30 janvier 2020
Quelles sont les restrictions de conduite automobile après un infarctus, ou en cas de troubles du rythme ou de canalopathies? Quid des porteurs de défibrillateur? Quel est le rôle du médecin lors de la déclaration? Le point avec les Prs Hervé Douard et Antoine Leenhardt.
TRANSCRIPTION
Hervé Douard — Bonjour, je suis le Pr Hervé Douard, du CHU de Bordeaux et j’ai le plaisir de vous accueillir avec le Pr Antoine Leenhardt, de l’hôpital Bichat. Nous avons assisté à une session sur la conduite automobile dans différentes pathologies, dans le cadre des Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie (JESFC) 2020 . Tout d’abord, pour rappel, quels sont les différents types de permis, notamment les permis légers ?
Antoine Leenhardt — Il y a effectivement deux types de permis : le permis léger, pour les voitures de moins de 3,5 t, le permis lourd, pour les véhicules de plus de 3,5 t, et on assimile aussi au permis lourd les taxis, ambulanciers, VtC, et les moniteurs d’auto-école. Donc ces derniers, même s’ils conduisent des véhicules légers, sont assimilés au permis lourd et on verra que les règles sont un peu différentes.
Hervé Douard — Il ne faut pas qu’ils aient de pathologies graves.
Antoine Leenhardt — Absolument, il ne faut pas qu’ils aient de pathologies graves. On va peut-être commencer, d’ailleurs, par parler de l’infarctus du myocarde.
Conduite après un infarctus
Hervé Douard — D’accord. Après un infarctus qui « se passe bien », il y a très peu de complications et les gens peuvent finalement reprendre une conduite automobile classique très rapide. La législation est très différente en Europe : il y a eu des consensus de 2013 où on disait d’attendre quelques semaines, en Angleterre c’est une semaine, en Espagne c’est trois semaines. Globalement, en réadaptation, nous accueillons des gens qui reprennent leurs voitures deux ou trois semaines après l’infarctus, sans problème.
Antoine Leenhardt — Donc on a parlé d’atteinte myocardique significative qui permettait de faire le tri avec les patients. Que peut-on comprendre par atteinte myocardique significative ?
Hervé Douard — Effectivement, il y a quand même des infarctus qui, malheureusement, sont relativement graves, avec de l’insuffisance cardiaque séquellaire. Donc pour ces patients, il
faut faire attention. Il n’y a pas de chiffres précis en termes de fraction d’éjection, tout est une question de bon sens. Il faut savoir attendre que les gens se rétablissent, mais dans l’immense majorité des cas, chacun peut reprendre son véhicule.
En ce qui concerne les autres troubles du rythme, est-ce qu’il y a des choses précises dans les guidelines, notamment européens ?
Antoine Leenhardt — Alors je vais rester sur l’infarctus pour l’instant et on va parler d’abord du défibrillateur.
Le défibrillateur peut être posé en prévention primaire, après un infarctus qui n’a pas causé de trouble du rythme ventriculaire, mais chez un patient qui a une grosse dysfonction ventriculaire gauche. En prévention primaire, la recommandation est d’éviter la conduite automobile dans les deux semaines qui suivent l’implantation du défibrillateur. En prévention secondaire, quand un patient a présenté un trouble du rythme ventriculaire sévère, la recommandation est de trois mois. Donc trois mois d’interdiction de conduite automobile après l’implantation. Et il en est de même chez un patient qui a eu une arythmie ventriculaire choquée de manière appropriée. À ce moment-là, c’est également trois mois d’interdiction de conduite automobile.

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