Bornes de recharge pour voitures électriques : y-a-t-il un risque pour les porteurs de dispositifs cardiaques ?

Nadine Eckert

22 mai 2023

Berlin, Allemagne – D’après une nouvelle étude du Centre allemand du Cœur de Munich (Deutsches Herzzentrum), les porteurs d’un stimulateur cardiaque ou d’un défibrillateur automatique implantable (DAI) peuvent recharger leur voiture électrique à une borne de recharge rapide (BRR) sur l’autoroute sans risque de perturber leur dispositif. Ce résultat est important car « les nouvelles stations de recharge à haute puissance pour les voitures électriques peuvent générer de forts champs électromagnétiques et provoquer des interférences électromagnétiques sur les stimulateurs cardiaques et les défibrillateurs, ce qui pourrait entraîner des dysfonctionnements », explique le Dr Carsten Lennerz, auteur principal de l’étude publiée dans la revue EP Europace.

Voitures électriques et dispositifs cardiaques : une préoccupation ancienne

Ce n’est pas la première fois que la sécurité des voitures électriques et de l’infrastructure liée à leur recharge est étudiée chez les porteurs d’implants cardiaques électriques (cardiac implantable electronic devices, CIED) tels que les stimulateurs, les DAI et les systèmes de resynchronisation cardiaque (CRT).

Comme l’explique Daniel Steven, porte-parole du groupe de travail « Electrophysiologie et rythmologie » de la Société allemande de cardiologie (DGK), « les groupements d’intérêts de l’industrie automobile et des forums internet les plus divers se préoccupent depuis des années de savoir si le champ électromagnétique émis par les batteries de voiture peut interférer avec le bon fonctionnement des CIED. »

Les experts ont, en effet, craint que les stimulateurs cardiaques ne tombent en panne ou que les DAI ne détectent à tort des arythmies, délivrant alors des décharges électriques douloureuses. À l’origine, la question était de savoir si des interférences pouvaient déjà se produire entre le champ électromagnétique généré par les batteries à haute tension et les CIED lors de l’utilisation d’une voiture électrique. « À partir d’une intensité de champ magnétique de 300 µT, on peut effectivement supposer que des interférences peuvent se produire avec les systèmes implantés », justifie Daniel Steven, qui dirige le département d’électrophysiologie au Centre cardiaque de l’université de Cologne.

La conduite et la recharge à domicile se sont avérées sûres

Néanmoins, les premières études qui ont été menées sur le sujet, se sont avérées rassurantes : même lorsque les batteries délivrent une puissance élevée au cours de la conduite, aucune interférence avec les stimulateurs cardiaques n’a été observée. Les intensités de champ se situaient entre 30 et 50 µT et ne présentaient donc aucun risque pour les patients. « Les batteries haute tension sont bien isolées, ne serait-ce que pour éviter les interférences avec les systèmes électriques de la voiture. Les constructeurs automobiles ont donc un intérêt intrinsèque à réduire l’intensité du champ dans la voiture », explique Daniel Steven.

D’autres recherches ont porté sur la recharge des voitures électriques à domicile. Les stations de recharge domestiques fonctionnent avec du courant alternatif, ont une puissance de 11 kW et sont moins bien protégées que les BRR. « Mais, là encore, on a constaté que ni le contact avec le câble ni celui avec la station de recharge ne dépassaient une intensité de champ de 150-180 µT. »

Les chargeurs rapides sont également sûrs

L’étude présentée ici s’est intéressée aux bornes à haute puissance, qui doivent recharger le plus rapidement possible les voitures électriques sur l’autoroute. Ces BRR ont une puissance de recharge allant jusqu’à 350 kW et fonctionnent avec du courant continu, ce qui leur permet de fournir rapidement plus d’énergie.

Carsten Lennerz et son équipe ont recruté 130 patients portant un stimulateur cardiaque, un DAI ou un système CRT. Ils étaient âgés en moyenne de 59 ans, et près de 80% étaient des hommes. Les voitures électriques utilisées étaient une Tesla Modèle 3, une Audi E-tron 55 Quattro, une VW ID.3 et une Porsche Taycan Turbo. Comme ces voitures ne sont pas encore en mesure d’absorber la charge maximale de 350 kW, des processus de charge ont en outre été effectués avec une voiture test de Ionity conçue à cet effet.

Afin d’exclure tout risque potentiel, les dispositifs implantables des participants à l’étude ont été programmés de manière à détecter les interférences électromagnétiques de manière optimale. En outre, les participants ont placé les câbles de charge sur leur épaule de manière à ce qu’ils se trouvent directement au-dessus du stimulateur cardiaque ou du DAI.

Aucune interférence malgré le scénario du pire

« Cette étude a été conçue comme un scénario du pire, en maximisant le risque d’interférences électromagnétiques. Malgré cela, nous n’avons pas constaté d’interférence cliniquement significative ni de dysfonctionnement des appareils pendant l’utilisation des BRR », rapporte Carsten Lennerz.

Au total, les participants à l’étude ont effectué 561 processus de charge, au cours desquels il n’y a eu ni défaillance des stimulateurs cardiaques, ni détection erronée d’arythmies. D’après les auteurs, aucune modification de la programmation ni aucun dommage sur les appareils eux-mêmes n’ont été observés à la suite des processus de charge.

« En raison des grandes quantités d’énergie délivrées par les BRR, les câbles eux-mêmes doivent être fortement isolés et en partie refroidis. Et cette densité d’isolation autour des câbles fait que le champ électromagnétique est très fortement confiné », explique Daniel Steven. En fait, les intensités de champ les plus élevées qu’ont mesurés les chercheurs munichois étaient de 80-90 µT – et ce, au niveau de la station de recharge, à hauteur de la tête de l’utilisateur, donc loin du câble et de la voiture elle-même.

Garder ses distances ne peut nuire

« Il semble que ni l’utilisation d’une voiture électrique, ni les processus de recharge avec un chargeur à courant alternatif au domicile ou par un chargeur à haute puissance ne génèrent des interférences pouvant être dangereuses pour les porteurs de stimulateur cardiaque », explique Daniel Steven.

Et Carsten Lennerz de conclure : « Les patients porteurs d’un CIED peuvent être rassurés. Le risque de dysfonctionnement des stimulateurs cardiaques et des DAI est extrêmement faible. Au moment de la recharge, il n’y a pas de danger à s’asseoir dans la voiture ou à rester debout à côté du câble ou de la station de recharge. Nous recommandons cependant de ne pas placer le câble de charge directement sur le dispositif cardiaques et de garder une certaine distance avec les éléments de charge. »

Résultats positifs pour l’ablation de la fibrillation Atriale par électroporation

Vincent Richeux

21 mars 2023

Nouvelle-Orléans, Etats-Unis — La nouvelle technique d’ablation par électroporation s’est avérée aussi sure et efficace dans le traitement de la fibrillation atriale (FA) que les techniques standards d’ablation thermique (radiofréquence ou cryothérapie), selon les résultats de l’essai PULSED-AF présentés lors du congrès de l’American College of Cardiology (ACC 2023). Cette méthode étant plus rapide à réaliser, elle devrait facilement s’imposer dans cette indication.

« L’efficacité de la procédure est similaire à celle de l’ablation thermique, mais les résultats sont obtenus plus rapidement et avec davantage de sécurité », a déclaré le Dr Atul Verma (Southlake Regional Health Center, Toronto, Canada), principal auteur de l’étude. « Il s’agit là d’une avancée majeure en électrophysiologie », a-t-il ajouté. Les résultats ont été publiés dans Circulation.

L’efficacité de la procédure est similaire à celle de l’ablation thermique, mais les résultats sont obtenus plus rapidement et avec davantage de sécurité.

 

L’électroporation utilise des micro-chocs électriques de haut voltage pour ouvrir des pores à l’échelle nanométrique dans les membranes des cellules cardiaques ciblées impliquées dans les troubles du rythme cardiaque, ce qui entraine leur destruction. La technique a l’avantage de ne pas engendrer de dommage pour les tissus collatéraux non cardiaques, alors que les techniques d’ablation thermique actuelles peuvent affecter les tissus voisins, en particulier l’œsophage et le nerf phrénique.

Les techniques d’ablation par radiofréquence ou cryothérapie sont par ailleurs des procédures complexes pratiquées par un nombre limité de cardiologues. Elles nécessitent deux heures d’intervention ou plus, tandis que l’ablation par électroporation peut être réalisée en près d’une heure, ce qui pourrait faciliter le recours à l’ablation de la FA, qui en viendrait à être plus facilement généralisée.

Menée dans 41 centres de neuf pays, l’étude prospective PULSED-AF a inclus 300 patients avec une FA paroxystique (n=150) ou persistante (n=150) symptomatique en échec thérapeutique sous antiarythmiques de classe I ou III. Ils ont tous été pris en charge pour recevoir une ablation par électroporation. Les chercheurs précisent que la procédure a été réalisée en moins d’une heure.

Le critère principal d’efficacité était une absence combinée d’échec de procédure, de récidive d’arythmie, de nouvelle ablation, de recours à la cardioversion ou de traitement par dose accrue d’antiarythmique dans un délai de 3 à 12 mois après la procédure.  Après un suivi d’un an, basé notamment sur la réalisation d’un électrocardiogramme (ECG) à 3, 6 et 12 mois, 66,2 % des patients souffrant de FA paroxystique et 55% des patients avec une FA persistante répondent au critère. Selon les chercheurs, ces taux d’efficacité sont comparables à ceux obtenus avec les procédures d’ablation thermique.

Plus précisément, l’absence de récidive d’arythmie cardiaque à un an a été observée chez 69,5% des patients avec FA paroxystique, contre 62,3% de ceux avec une FA persistante. Le succès clinique de la procédure, défini par une absence de récidive d’arythmie symptomatique, a été constaté chez respectivement 79,7% et 80,8% des patients.

Tous les patients ont rapporté une amélioration de leur qualité de vie. Concernant le profil de sécurité, un accident vasculaire cérébral (AVC) a été rapporté dans chacun des groupes, soit un taux de événements indésirables de 0,7%. Le seuil de tolérance pour valider l’approche était fixé à 13%. Aucune lésion sur œsophage, nerf phrénique ou veine pulmonaire n’a été rapportée.

Selon les chercheurs, les résultats pourraient encore s’améliorer avec la pratique et les évolutions technologiques. Des études de plus grande envergure sont nécessaires pour apporter des preuves définitives sur la sécurité de la procédure. Un essai randomisé avec un groupe contrôle est également indispensable avant de valider cette approche, précisent-ils.

« Cette technologie a suscité beaucoup d’enthousiasme chez les électrophysiologistes. Beaucoup de médecins estiment que l’ablation par électroporation va être à l’avenir la méthode majoritaire. En ce sens, il s’agit d’un réel changement de paradigme », a commenté le Dr Verma.

 

Prévention CV : l’acide bempédoïque confirme son efficacité chez les patients intolérants aux statines

Sue Hughes
7 mars 2023
Nouvelle-Orléans, Etats-Unis — La baisse du taux de cholestérol LDL-c obtenue avec l’acide bempédoïque (Nexletol®/ Nilemdo®), un nouvel hypocholestérolémiant oral, est associée à une réduction de 13% des événements cardiovasculaires majeurs (décès cardiovasculaire, infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral ou revascularisation coronaire) chez les patients intolérants aux statines. C’est ce que révèlent les résultats très attendus de l’essai de phase 3 CLEAR Outcomes.
Ces résultats positifs pour ce nouveau traitement ont été présentés lors du congrès de l’American College of Cardiology (ACC 2023) et publiés simultanément dans le NEJM. Ils avaient déjà été annoncés par le laboratoire en décembre dernier, mais les détails concernant le bénéfice obtenu sur le plan cardiovasculaire, ainsi que sur la tolérance n’avaient pas été divulgués.
L’étude montre que l’acide bempédoïque est bien toléré à la fois en prévention primaire et secondaire chez des patients qui ne peuvent pas ou ne souhaitent pas prendre de statines. Résultats notables : le risque d’infarctus du myocarde a été réduit de 23%, tandis que le taux d’hospitalisation pour revascularisation coronaire est abaissé de 19%.
En association avec l’ézétimibe
L’acide bempédoïque est un inhibiteur de l’ATP-citrate lyase, une enzyme qui intervient dans le métabolisme du cholestérol. Au cours de cette étude, le taux de LDL-c a été abaissé en moyenne de 21%. Si cet effet sur le cholestérol avait déjà été démontré, ce qui a valu au traitement une autorisation de mise sur le marché (AMM), aucune étude d’envergure n’avait encore apporté la preuve d’un impact bénéfique sur le risque cardiovasculaire.
« Ces résultats confirment que le traitement par acide bempédoïque est une approche efficace pour réduire les événements cardiovasculaires majeurs chez les patients intolérants aux statines », a souligné le Dr Steve Nissen (Cleveland Clinic, Cleveland, Etats-Unis), principal auteur de l’étude.
Ces résultats confirment que le traitement par acide bempédoïque est une approche efficace pour réduire les événements cardiovasculaires majeurs chez les patients intolérants aux statines.
Dans cet essai, l’acide bempédoïque a été évalué en monothérapie, mais il serait probablement à utiliser dans la pratique clinique en association avec l’ézétimibe, un inhibiteur de l’absorption intestinale du cholestérol, a indiqué le cardiologue. Il a, en effet, été démontré que cette combinaison est associée à une baisse du LDL-c de 38%.
En Europe, l’acide bempédoïque en monothérapie (Nilemdo®) ou en association fixe à l’ézétimib (Nustendi®) a reçu une AMM en 2020 sur la base des résultats de quatre études pivots qui ont démontré son effet hypocholestérolémiant.
Nustendi® est indiqué chez les adultes atteints d’hypercholestérolémie primaire ou de dyslipidémie mixte traités par statine lorsque le seuil de LDL-c recommandé n’est pas atteint avec la dose maximale de statine en association avec l’ézétimibe ou lorsqu’il y a une intolérance/contre-indication aux statines et que le LDL-c n’est pas suffisamment réduit par l’ézétimibe.
« Je pense que c’est ainsi [en association avec l’ézétimibe] que sera utilisé l’acide bempédoïque. Il est alors possible d’obtenir une baisse de près de 40% du LDL-c, soit un résultat similaire à ce qui peut être observé avec 40 mg de simvastatin ou 20 mg d’atorvastatin, mais sans donner de statine. C’est là que je perçois le potentiel de ce traitement », a commenté le Dr Nissen.
Selon lui, l’intolérance aux statines est « un problème ennuyeux », qui empêche de nombreux patients d’atteindre les niveaux suffisants de cholestérol LDL associés aux bénéfices cardiovasculaires. L’acide bempédoïque étant activé dans le foie et non dans les tissus périphériques, l’incidence des effets indésirables au niveau musculaire apparait faible.
LDL-c abaissé de 29,2 mg/dL
L’essai CLEAR Outcomes a inclus 13 970 patients (48% de femmes) avec des antécédents cardiovasculaires ou à haut risque d’événements cardiovasculaires, ne pouvant pas ou ne voulant pas prendre de statines en raison des effets indésirables associés. Ils ont été randomisés pour prendre de l’acide bempedoïque par voie orale (180 mg/jour) ou un placebo.
A l’inclusion, le taux moyen de LDL-c dans les deux groupes était de 139 g/dL. Après six mois de traitement, les patients sous acide bempedoïque avaient un taux moyen abaissé de 29,2 mg/dL, par rapport au groupe placebo, soit une diminution de 21,1% du LDL-c. Le taux de protéine C-réactive (CRP) était également réduit de 22% avec le traitement hypolipémiant.
Le critère principal d’évaluation est un critère composite combinant décès cardiovasculaire, infarctus du myocarde, AVC ou hospitalisation pour une revascularisation coronaire. Après une durée médiane de suivi de 40,6 mois, l’incidence de ces événements cardiovasculaires majeurs est de 11,7% contre 13,3% dans le groupe placebo, soit une baisse de 13% (RR=0,87 ; p=0,004).
Avec une baisse de risque absolu de 1,6%, les chercheurs estiment que le traitement de 63 patients par acide bempedoïque pendant 40 mois permet d’éviter un événement cardiovasculaire majeur.
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Vaccination anti-COVID-19 et protection cardiaque : nouvelles données

Carolyn Crist 6 mars 2023

Nouvelle Orléans, Etats-Unis — Un nouveau rapport suggère que la vaccination contre le Covid-19 est associée à une diminution des événements cardiovasculaires indésirables majeurs (MACE) chez les personnes qui ont été infectées par le SARS-CoV-2.

Les patients entièrement vaccinés présentaient un risque de 41 % moins élevé de subir un événement cardiaque que ceux qui n’étaient pas vaccinés. Les personnes partiellement vaccinées présentaient un risque inférieur de 24 %.

« À notre grande surprise, une vaccination, même partielle, était associée à un risque plus faible d’événements cardiovasculaires indésirables », a déclaré la première auteure, Joy Jiang (Icahn School of Medicine, Mount Sinai, New York).

À notre grande surprise, une vaccination, même partielle, était associée à un risque plus faible d’événements cardiovasculaires indésirables.

« Compte tenu de l’ampleur de l’infection par le SARS-CoV-2 dans le monde, nous espérons que nos résultats pourront contribuer à améliorer les taux de vaccination, en particulier chez les personnes souffrant de comorbidités », a-t-elle ajouté.

L’étude a été publiée en ligne dans le Journal of the American College of Cardiology le 20 février et présentée lors du congrès de l’American College of Cardiology (ACC)/Congrès mondial de cardiologie (CMC) 2023.

Une analyse à partir de la vaste cohorte N3C

L’infection par le SARS-CoV-2 augmente le risque de MACE et de complications cardiovasculaires à long terme après guérison, ont rappelé les auteurs de l’étude. Cependant, des questions subsistent quant à la protection conférée par la vaccination contre le Covid-19.

Pour y voir plus clair, Joy Jiang et ses collègues ont analysé les données de la National COVID Cohort Collaborative (N3C), incluant les patients âgés de 18 à 90 ans ayant été infectés par le SARS-CoV-2 entre le 1er mars 2020 et le 1er février 2022. À partir du premier jour de l’infection initiale, la durée du suivi était de 180 jours.

L’équipe de recherche s’est uniquement intéressée aux vaccinations ARNm par le Comirnaty® de Pfizer-BioNTech et le Spikevax® Moderna, et au vaccin vecteur de Johnson et Johnson. Les patients ont été considérés comme entièrement vaccinés s’ils avaient reçu au moins deux doses d’ARNm ou une dose de Johnson et Johnson 14 jours ou plus avant l’infection.

Une vaccination partielle équivalait à une dose de vaccin ARNm ou une deuxième dose de vaccin ARNm ou une seule dose de Johnson et Johnson dans les 14 jours précédant l’infection.

Parmi plus de 1,9 million de patients, l’âge moyen était de 45 ans et 55,9 % étaient des femmes. Environ 81,3 % des patients étaient blancs.

Au total, 195 136 patients (10,1 %) ont été complètement vaccinés et 22 707 patients (1,2 %) ont été partiellement vaccinés. Les 1,7 million de personnes restantes (88,7 %) n’ont pas été vaccinées.

Des événements cardiovasculaires indésirables majeurs ont été observés chez 13 948 patients (0,7 %), dont 12 733 cas chez les patients non vaccinés (0,7 %), 160 chez les patients partiellement vaccinés (0,7 %) et 1055 chez les patients entièrement vaccinés (0,5 %).

Le délai médian des décès après l’infection était de 17 jours, et le délai médian entre la dernière vaccination et le décès était de 212 jours. Au total, 3175 patients sont décédés après un MACE.

De l’importance des comorbidités et de l’âge

En général, les patients ayant subi un MACE présentaient des différences significatives en termes de comorbidités par rapport à ceux qui n’avaient pas subi d’événement. Par exemple, environ 29,1 % des patients ayant été victimes d’un MACE avaient déjà eu un antécédent de MACE (vs 0,9%).

En outre, parmi les patients victimes de MACE versus à ceux sans MACE, 33,9% avaient un diabète de type 2 (contre 7,5%), 50,7% avaient une hyperlipidémie (contre 14,4%), 40,6% avaient une cardiopathie ischémique (contre 3,9%), 4% avaient une maladie du foie (contre 0,8%) et 29,4% étaient obèses (contre 16,4%).

Le risque de MACE augmentait significativement après l’infection chez les hommes, les personnes âgées de 66 ans ou plus et celles présentant des comorbidités, en particulier des antécédents de MACE.

Un effet protecteur de la vaccination

Cependant, la vaccination complète et la vaccination partielle ont toutes deux été associées à une réduction du risque de MACE. La vaccination complète a été associée à une réduction de 41 % du risque de MACE dans les six mois suivant l’infection par rapport à l’absence de vaccination (rapport de risque ajusté [RR], 0,59 ; intervalle de confiance [IC] à 95 %, 0,55 – 0,63), et la vaccination partielle a été associée à une réduction de 24 % du risque de MACE par rapport à l’absence de vaccination (RR ajusté, 0,76 ; IC à 95 %, 0,65 – 0,89).

« Nous avons cherché à clarifier l’impact de la vaccination sur les événements cardiovasculaires chez les personnes ont développé un Covid-19 et nous avons constaté que, en particulier chez les personnes présentant des comorbidités telles qu’un antécédent de MACE, un diabète de type 2, un taux de cholestérol élevé, une maladie du foie ou une obésité, il existe une association avec un risque plus faible de complications CV », a déclaré l’auteur principal le Pr Girish Nadkarni (Icahn School of Medicine,Mount Sinai, Etats-Unis).

« Bien que nous ne puissions pas établir de lien de causalité, ces données confirment que la vaccination peut avoir des effets bénéfiques sur diverses complications post-Covid-19 », a-t-il ajouté.

Ces données confirment que la vaccination peut avoir des effets bénéfiques sur diverses complications post-Covid-19.

Prochaines étapes

Des études supplémentaires sont nécessaires pour comprendre les mécanismes impliqués, écrivent les auteurs de l’étude, ainsi que la manière dont les nouveaux variants et les réinfections impactent le risque de MACE.

« Les preuves s’accumulent qui indiquent que l’infection par le SARS-CoV-2 augmente le risque de problèmes cardiaques, et il existe des preuves que la vaccination réduit ce risque », a déclaré le Dr Ziyad Al-Aly (Veterans Affairs St. Louis Health Care System, clinique à l’Université Washington), qui n’a pas participé à cette étude.

« Il y a tellement d’hésitation à se faire vacciner et de désinformation que ces données viennent s’ajouter à la base de données indiquant que les vaccins réduisent réellement le risque de problèmes cardiaques majeurs », a-t-il déclaré. « Ils montrent un degré de protection graduel – on obtient une certaine protection avec une vaccination partielle – mais l’effet protecteur le plus optimal avec une vaccination complète. »

Pollution sonore et impacts cardiovasculaires

Pollution sonore : un impact non négligeable sur le cœur des hommes

Pascale Solère

16 janvier 2023

 

Paris, France — Que sait-on des impacts de la pollution sonore sur le système cardiovasculaire ? Cette question a été abordée lors de la présentation de la Pre Marianne Zeller (Université de Bourgogne Franche Comté) au cours des dernières Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie (JESC 2023).

On en retiendra que la « pollution sonore impacte le cœur à un niveau significatif même si limité à l’échelle individuelle quand l’impact en population pèse lui un poids loin d’être négligeable en termes de santé publique.

Et elle impacte manifestement surtout les hommes, apparemment plus sensibles à celle-ci. Quand côté pollution aérienne, on n’a pas « d’effet sexe », résume M Zeller.

Ce qui doit nous amener à l’avenir à « intégrer cette notion –pollution(s) et cœur ne font pas bon ménage – dans nos enseignements mais aussi dans l’éducation thérapeutique des patients », commente le Pr Pierre Gibelin (CHU de Nice), modérateur de cette session.

La pollution sonore impacte le cœur à un niveau significatif même si limité à l’échelle individuelle. Pre Marianne Zeller

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Statines chez le sujet âgé : stop ou encore ?

Dr Jean-Pierre Usdin

17 janvier 2023

Paris, France — La prévention des maladies cardiovasculaires chez le sujet âgé a-t-elle ses particularités ? Cette question a fait l’objet d’une session commune avec la Fédération Française de Cardiologie lors des Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie qui se sont déroulées du 11 au 13 janvier 2023.

Intérêt des statines, prévention des facteurs de risque, déprescriptions et marqueurs du risque CV chez les seniors ont fait l’objet de diverses interventions que seront abordées dans une série d’articles sur Medscape.

La première thématique : « Statines chez le sujet âgé stop ou encore ? » a été présentée par le Pr Victor Aboyans (CHU Limoges). En préambule, la question qui se pose est : le cholestérol est-il un toujours un facteur de risque chez les sujets âgés ?

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Antihypertenseurs et risque de démence

Ryan Syrek

20 janvier 2023

L’incidence de l’hypertension artérielle (HTA) et de la démence est en augmentation à travers le monde, en raison notamment du vieillissement des populations. Une nouvelle étude a examiné l’effet de différents types de médicaments contre l’HTA sur le développement de la démence (voir infographie). Ces résultats, ainsi que de nouvelles études sur les facteurs de risque vasculaire de la maladie d’Alzheimer, ont donné lieu au sujet clinique de la semaine.

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Nouveaux anticoagulants : le point sur les inhibiteurs du facteur XI en développement

Vincent Richeux

19 janvier 2023

Paris, France — L’anticoagulant idéal permettant de réduire le risque ischémique sans augmenter le risque hémorragique sera-t-il bientôt à portée de main ? Une session des Journées européennes de la Société française de cardiologie (JESFC 2023) a fait le point sur le développement des inhibiteurs de facteur XI qui pourraient s’avérer utiles dans certaines indications associées à un risque hémorragique élevé.

Par voie orale, en sous cutané ou en intraveineux, plusieurs inhibiteurs de facteur XI sont actuellement testés en prévention du risque thromboembolique. Que ce soit avec l’ARN antisens (FXI-ASO), les anticorps anti-XI (osocimab et abelacimab) ou les peptides anti-XI (milvexian et asundexia), ces nouveaux anticoagulants ont donné des résultats intéressants dans des études de phase 2, notamment sur le risque hémorragique.

Mécanismes de l’hémostase préservés

Malgré l’arrivée des anticoagulants oraux directs (AOD), il existe un besoin de disposer de nouveaux anticoagulants dans certaines indications, a expliqué le Pr Gilles Montalescot (hôpital de la Pitié-Salpêtrière, AP-HP, Paris), lors de sa présentation. Des antithrombotiques plus efficaces et mieux adaptés sont, par exemple, attendus en post-infarctus, chez les patients coronariens, chez les plus âgés avec comorbidités multiples ou encore ceux en réanimation.

Les attentes sont d’autant plus fortes que certaines recherches dans ce domaine se sont avérées décevantes. C’est le cas notamment avec la bivalirudine, un inhibiteur de la thrombine administré en intraveineux, finalement retiré du marché faute de résultats satisfaisants. L’otamixaban, un anti-facteur Xa injectable prometteur a lui aussi été recalé après des résultats négatifs dans le post syndrome coronarien aigu.

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Insuffisance cardiaque : augmentation significative chez les moins de 50 ans

Stéphanie Lavaud

12 décembre 2022

France — En France, l’insuffisance cardiaque (IC) tend progressivement à toucher une population de plus en plus jeune. Tels sont les résultats d’une étude menée par l’équipe de la Fédération Hospitalo-Universitaire PREVENT-HeartFailure de l’hôpital européen Georges-Pompidou AP-HP, de l’Inserm et d’Université Paris Cité, coordonnée par le Pr Jean-Sébastien Hulot qui ont publiés le 1er décembre 2022 dans la revue  European Heart Journal .

En augmentation chez les moins de 50 ans

« L’insuffisance cardiaque est considérée comme une pathologie affectant les plus âgés, et la plupart des études se sont focalisées sur cette population. Néanmoins, des études récentes indiquent que le poids de l’IC dans des populations jeunes – de moins de 50 ans – est en augmentation », indiquent les auteurs. Pour évaluer cette tendance et caractériser l’épidémiologie de l’IC des jeunes adultes en France, une équipe de chercheurs s’est appuyée sur les données du Programme de Médicalisation des Systèmes d’Information (PMSI).

L’équipe de recherche a analysé les données des 1 486 877 patients hospitalisés pour insuffisance cardiaque entre 2013 et 2018 en France. Parmi ces patients, 70 075 avaient moins de 50 ans (4,7%).

Durant cette période, l’incidence de l’insuffisance cardiaque en France a été en légère baisse dans la population globale (de 3,99‰ à 3,65‰) mais a augmenté parmi les 18-50 ans (+0,041‰).

Cette évolution s’explique par une augmentation significative de l’incidence de l’IC chez les jeunes hommes (de 0,51‰ à 0,59‰, P<0,001), alors que l’incidence de l’IC chez les jeunes femmes est restée stable pendant la période d’étude (∼0,28‰). L’incidence a augmenté de façon exponentielle avec l’âge, passant de ∼0,07‰ à 18 ans à 1,31‰ à 50 ans.

L’IC en fonction de l’âge était similaire pour les hommes et les femmes mais est restée plus élevée dans la population masculine jeune par rapport à la population féminine jeune à chaque âge investigué. A 50 ans, l’incidence de l’IC était plus de deux fois plus élevée chez les hommes que chez les femmes (1,84‰ vs. 0,80‰ respectivement, P<0,001).

Causes sous-jacentes

Les diagnostics de myocardite-cardiomyopathie et de maladie cardiaque ischémique ont été établis chez 23% et 20%, respectivement, des patients âgés de 18 à 50 ans, alors que ces incidences étaient de 11% et 30% chez les patients âgés de 51 à 70 ans.

La proportion de décès à l’hôpital, toutes causes confondues, dans les 2 ans après la première hospitalisation pour IC était élevée, à ∼10% pour les patients âgés de 18 à 50 ans, et elle était similaire entre les patients atteints de pathologie d’origine ischémique et de myocardite-cardiomyopathie.

En conclusion, « l’augmentation de l’incidence de l’IC chez les jeunes adultes (<50 ans) documentée dans notre étude diffère de la tendance générale observée chez les patients plus âgés », indiquent les auteurs. Parmi la population jeune, les hommes semblent être plus vulnérables à l’IC prématurée que les femmes. « Dans la population jeune, et surtout chez les jeunes hommes, l’IC ischémique était la forme prédominante d’IC, et nos données suggèrent qu’elle est en augmentation progressive ». Les jeunes adultes hospitalisés pour une IC prématurée présentaient également des taux élevés de facteurs de risque majeurs et modifiables d’IC ischémique, comme l’obésité, la dyslipidémie, le tabagisme, l’hypertension et le diabète.

Tous ces éléments suggèrent un relâchement de la prévention de ces facteurs de risques. Les enjeux sont d’autant plus importants que ces jeunes patients sont très fréquemment ré-hospitalisés pour insuffisance cardiaque d’origine ischémique (24%), dans les deux ans qui suivent leur première hospitalisation.

« Bien que la cause de l’augmentation de l’incidence de l’IC dans la population jeune ne soit pas entièrement connue, elle pourrait refléter de véritables changements épidémiologiques liés à une prévalence accrue de facteurs de risque cardio-métaboliques chez les jeunes. Cette étude souligne la nécessité d’un parcours de soins spécifique pour les patients de moins de 50 ans atteints d’IC », concluent les auteurs.

Statines: la hausse de la glycémie compensée par le bénéfice cardiovasculaire

Mitchel Zoler
30 novembre 2022
Chicago, Etats-Unis – Le traitement par statines est bien associé à une hausse de la glycémie et du diabète de type 2, mais l’effet est très limité et le risque apparait minime par rapport au bénéfice du traitement hypolipémiant sur le plan cardiovasculaire, rapporte une nouvelle méta-analyse, portant sur 23 études pour un total de plus de 150 000 participants inclus. Les résultats ont été présentés lors du congrès AHA2022.
L’analyse montre que le traitement par statine augmente de manière significative le risque de diabète et d’aggravation de la glycémie « par une hausse très légère, mais systématique du glucose » dans le sang, a souligné l’un des auteurs de l’étude, le Dr David Preiss (School of Cardiovascular and Metabolic Health, University of Oxford, Royaume-Uni), lors de sa présentation. L’effet est plus important avec les statines à doses élevées comparativement à des doses plus faibles.
Impact léger sur le taux d’HbA1c
Malgré tout, « les bénéfices des statines sur le plan cardiovasculaire restent majeurs », autant chez les patients ayant un diabète ou un prédiabète que chez ceux qui présentent une glycémie normale, note le cardiologue. Même l’impact des statines à doses élevées sur la glycémie et l‘hémoglobine glyquée (HbA1c) apparait « extrêmement minime » et « n’enlève en rien le bénéfice du traitement par statines ».
Les bénéfices des statines sur le plan cardiovasculaire restent majeurs.
Pour illustrer ces différences entre le bénéfice apporté et les risques liés à la hausse de la glycémie, le Dr Preiss a précisé, en se basant sur les résultats de l’analyse, que le traitement de 10 000 personnes par statines à doses élevées pendant 5 ans en prévention secondaire du risque cardiovasculaire induit 150 nouveaux cas de diabète, mais permet d’éviter 1 000 évènements cardiovasculaires.
En prévention primaire, on observerait 130 cas de diabètes en plus et 500 événements cardiovasculaires en moins pour 10 000 patients à haut risque cardiovasculaires traités par statines à doses élevées.
Dans cette méta-analyse, les auteurs ont colligé les données de 19 études randomisées contre placebo pour un total de 123 940 participants, dont 21% de diabétiques, suivis pendant 4,3 ans en moyenne, auxquelles ils ont ajouté celles de 4 études comparant des statines chez 30 734 participants suivis pendant 4,9 ans. Les études ont évalué l’atorvastatine, la fluvastatine, la lovastatine, la pravastatine, la rosuvastatine et la simvastatine.

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