Nouvelles recommandations européennes sur la prise en charge des endocardites


Vincent Richeux

12 septembre 2023

Amsterdam, Pays-Bas — Les nouvelles recommandations sur la prise en charge des endocardites ont été présentées lors du Congrès de l’European Society of Cardiology (ESC) 2023. Changement majeur par rapport à la version précédente de 2015 : le document valide le passage d’une antibiothérapie intraveineuse à une antibiothérapie orale chez certains patients après stabilisation clinique, ce qui devrait nettement réduire le temps d’hospitalisation.

Ces nouvelles recommandations ont été publiées dans l’European Heart Journal. Elles insistent notamment sur la nécessité de s’appuyer sur un centre de référence et sur des experts pour décider de la prise en charge, qu’importe le niveau de gravité, en particulier lorsque se pose la question de pratiquer un traitement chirurgical en urgence (Classe I).

L’endocardite infectieuse reste rare, mais elle peut avoir de graves conséquences. Dans la moitié des cas, l’intervention chirurgicale est nécessaire pour retirer les tissus infectés et réparer ou remplacer les valves cardiaques atteintes. La mortalité hospitalière est malgré tout élevée puisqu’elle demeure autour de 20 %, tandis que la mortalité à cinq ans peut atteindre 40 %.

Antibioprophylaxie et gestes bucco-dentaires invasifs

L’importance des mesures de prévention est à nouveau soulignée dans ces recommandations. Une bactériémie d’origine cutanée est à l’origine de 40 % des endocardites, dont une majorité liée à une infection par staphylocoque, tandis que l’origine bucco-dentaire (infection par streptocoque) représente un tiers des cas. Les mesures d’hygiène sont donc fondamentales, en particulier chez les individus les plus à risque.

Comme dans les précédentes recommandations, l’antibioprophylaxie reste restreinte aux patients à haut risque d’endocardite, uniquement lorsque des gestes bucco-dentaires invasifs sont programmés. Le niveau de cette recommandation est néanmoins renforcé (Classe IIa à Classe I).

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Structures libérales légères de rééducation cardiaque : premier bilan d’une expérimentation réussie

 

Jacques Cofard

 

4 septembre 2023

 

France – Depuis trois ans, une expérimentation avec des structures libérales légères (SLL) destinée à la rééducation des patients coronariens et insuffisants cardiaques est en cours. Un arrêté parut au journal officiel du 18 aout la prolonge pour encore six mois, fixant son terme au 30 avril prochain (après une durée totale de 44 mois). A cette occasion, le Dr Dany-Michel Marcadet, porteur du projet, directeur d’un des trois centres, la SELARL parisienne cœur et santé, inclus dans l’expérimentation, nous livre une première évaluation.

« Nous avons inclus 2000 patients et espérons atteindre 2800 patients à la fin de cette expérimentation », précise le Dr MARCADET.

Combler la non-prise en charge de 70% des patients

En quoi consiste ces structures libérales légères ? « Environ 30 % des patients ayant eu un syndrome coronaire aigu et 10 % de ceux ayant eu une défaillance cardiaque bénéficient d’une réadaptation cardiaque […] Les structures libérales légères ont l’objectif de répondre à la non prise en charge après leur hospitalisation aiguë de 70 % des patients cardiaques (insuffisants coronariens et insuffisants cardiaques) », peut-on lire dans ce cahier des charges. Comment expliquer que plus des deux tiers de ces patients échappent à toute réadaptation ? « Le problème actuel est le manque de place dans toutes les structures de soin de suite et réadaptation – sur Paris intra-muros, ces structures sont peu nombreuses alors que les besoins y sont importants –, et que des patients « légers » qui pourraient bénéficier d’une prise en charge libérale ambulatoire se voient proposer une réadaptation en hospitalisation complète ou en hôpital de jour traditionnel. »

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Premières recommandations européennes sur la prise en charge des cardiomyopathies

 

Vincent Richeux

4 septembre 2023

Amsterdam, Pays-Bas — Les recommandations européennes sur la prise en charge des cardiomyopathies ont été présentées lors du Congrès de la Société européenne de cardiologie (ESC 2023) et publiées simultanément dans l’European Heart Journal. Pour la première fois, des recommandations internationales sont consacrées à l’ensemble des cardiomyopathies et non plus seulement à la cardiomyopathie hypertrophique (CMH).

En plus de la CMH, qui a fait l’objet de recommandations à part entière en 2014, le nouveau document de 146 pages aborde les cardiomyopathies dilatée, restrictive, la cardiomyopathie ventriculaire droite arythmogène (CVDA), ainsi que de la cardiomyopathie non dilatée à ventricule gauche, une nouvelle entité parmi ces pathologies affectant le muscle cardiaque.

« Ce document novateur reflète les avancées en génétique et en imagerie cardiaque, ainsi que l’émergence de nouveaux traitements ciblant les causes spécifiques de la maladie », a commenté la Dre Elena Arbelo (Hospital Clinic de Barcelona, Espagne), co-coordinatrice du groupe de travail chargé de la rédaction de ces recommandations.

Le mavacamten (Camzyos®), premier inhibiteur sélectif de la myosine cardiaque, fait ainsi son entrée dans le traitement de la CMH obstructive, tandis que la place du tafamidis (Vyndaqel®), un stabilisateur spécifique de la transthyrétine, est confirmée dans le traitement des formes symptomatiques de la cardiomyopathie amyloïde liée à la transthyrétine.

Progrès majeurs de la génétique et de l’imagerie

« Il y avait clairement un manque de recommandations de bonnes pratiques dans la prise en charge de ces cardiomyopathies, qui sont une cause importante de mort subite et d’insuffisance cardiaque chez le sujet jeune », a commenté auprès de Medscape édition française, le Pr Philippe Charron, (hôpital de la Pitié-Salpêtrière, AP-HP, Paris), qui a supervisé pour l’ESC la relecture du document par un groupe d’experts.

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Le COVID pourrait augmenter le risque d’hypertension artérielle

 

Lisa O’Mary

6 septembre 2023

États-Unis – Avoir le Covid-19 pourrait accroitre le risque de développer une hypertension artérielle dans les 6 mois, selon une nouvelle étude publiée lundi 21 août dans Hypertension.

1 personne sur 5 développerait une hypertension artérielle

L’hypertension artérielle touche déjà près de la moitié des adultes aux États-Unis et constitue un facteur de risque important de maladies mortelles comme les maladies cardiaques ou les AVC.

Constatant qu’un nombre particulièrement important de personnes avaient été diagnostiquées dernièrement avec une hypertension, les auteurs ont recherché s’il existait un lien entre le Covid et l’HTA.

Parmi les participants qui n’avaient pas d’antécédents d’hypertension artérielle connus :

  • une personne sur cinq ayant été hospitalisée pour Covid a développé une hypertension artérielle dans les 6 mois.
  • une personne sur 10 ayant eu le Covid mais n’ayant pas été hospitalisée a développé une hypertension artérielle dans les 6 mois.

Dans le détail, les chercheurs ont analysé les données de plus de 45 000 personnes qui ont eu le Covid entre mars 2020 et août 2022. Ces personnes n’avaient pas d’antécédents d’hypertension artérielle connus. Toutes les personnes ont été traitées au Montefiore Health System dans le Bronx, à New York (États-Unis) et sont retournées dans le système hospitalier pour une raison médicale dans un délai moyen de 6 mois.

L’hypertension a été définie comme « une tension artérielle supérieure ou égale à 130/80 mm Hg », selon un communiqué de presse de l’American Heart Association .

Grippe versus Covid

Dans une analyse visant à évaluer l’impact du Covid, les chercheurs ont comparé la probabilité d’apparition d’une hypertension artérielle chez les personnes ayant contracté la grippe et chez les personnes ayant contracté le Covid.

Les patients hospitalisés en raison du Covid étaient plus de deux fois plus susceptibles d’avoir une hypertension artérielle que les patients hospitalisés pour cause de grippe. Les personnes atteintes de Covid mais non hospitalisées étaient 1,5 fois plus susceptibles de développer une hypertension artérielle que les patients grippés non hospitalisés.

Les personnes les plus à risque étaient âgées de 40 ans ou plus, étaient des hommes ou souffraient de maladies comme la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), une coronaropathie ou une néphropathie chronique.

Les auteurs ont noté que les participants vivaient pour la plupart dans une zone socio-économique défavorisée, ce qui peut constituer un facteur de risque d’hypertension artérielle. Des aspects de la pandémie autres que le virus lui-même pourraient également avoir eu un impact sur le risque d’hypertension, comme l’isolement, un faible niveau d’activité, une mauvaise alimentation et le stress psychologique.

Des données supplémentaires nécessaires

Les chercheurs ont indiqué que des études supplémentaires étaient nécessaires pour surmonter les limites de leur recherche, notamment le fait qu’elle n’a porté que sur des personnes ayant eu des contacts avec le système de santé et qu’ils ne savaient pas si certaines personnes souffraient déjà d’hypertension artérielle non-diagnostiquée auparavant, ce qui est fréquent.

« Étant donné le nombre de personnes touchées par le Covid-19 par rapport à la grippe, ces statistiques sont alarmantes et suggèrent que beaucoup plus de patients développeront probablement une hypertension artérielle à l’avenir, ce qui pourrait représenter un fardeau important pour la santé publique », a déclaré le chercheur Tim Q. Duong, professeur de radiologie à l’Albert Einstein College of Medicine et au Montefiore Health System, dans un communiqué de presse.

« Ces résultats devraient sensibiliser davantage au dépistage de l’hypertension chez les patients à risque après un Covid-19 afin de permettre un diagnostic et un traitement plus précoces des complications liées à l’hypertension, telles que les maladies cardiovasculaires et rénales. »

Nouveaux facteurs de risque de maladies cardiovasculaires : quels sont-ils ?

 

Paolo Spriano , 14 août 2023

Tucson, États-Unis  – Les maladies cardiovasculaires (MCV) sont la principale cause de décès prématuré et d’invalidité dans la population générale et, selon l’Organisation Mondiale de la Santé, l’incidence des MCV augmente dans le monde entier.

Les facteurs de risque conventionnels qui contribuent à l’apparition et à l’aggravation des MCV ont été identifiés et largement étudiés. Ils comprennent les niveaux élevés de cholestérol, l’hypertension artérielle, le diabète, l’obésité, le tabagisme et le manque d’activité physique. Malgré la mise en place de mesures de prévention et de traitement de ces facteurs de risque avec des hypolipidémiants, des antihypertenseurs, des antiplaquettaires et des anticoagulants, le taux de mortalité lié aux MCV reste élevé.

En dépit de l’efficacité de nombreuses options de traitement actuellement disponibles, il existe encore des lacunes importantes dans l’évaluation des risques et le traitement des MCV.

Depuis quelques années, de nouveaux facteurs de risque coronarien sont apparus. Ils sont détaillés dans un éditorial publié dans The American Journal of Medicine qui décrit leur rôle et leur impact sur notre santé cardiovasculaire.

Inflammation systémique

Les nouveaux facteurs de risque coronariens comprennent les maladies suivantes caractérisées par une inflammation systémique.

Goutte : parmi les patients qui ont récemment connu une poussée de goutte, la probabilité d’expérimenter un événement CV aigu tel qu’un infarctus du myocarde ou un accident vasculaire cérébral est augmentée.

Polyarthrite rhumatoïde et lupus érythémateux disséminé : les patients atteints de l’une ou des deux de ces affections sont plus susceptibles de souffrir d’une coronaropathie concomitante prématurée et extrêmement prématurée.

Maladie inflammatoire de l’intestin (maladie de Crohn ou colite ulcéreuse) : les patients atteints de cette maladie ont un risque accru de développer une maladie coronarienne.

Psoriasis : les patients atteints de psoriasis sont jusqu’à 50 % plus susceptibles de développer une MCV.

Facteurs maternels et infantiles

Les facteurs maternels et infantiles suivants sont associés à un risque accru de développer une maladie coronarienne : diabète gestationnel ; prééclampsie ; accoucher d’un enfant de faible poids à la naissance ; accouchement prématuré ; et la ménopause prématurée ou chirurgicale. Le ou les facteurs qui augmentent le risque de maladie coronarienne associée à chacune de ces conditions ne sont pas connus, mais peuvent être le résultat d’une augmentation des cytokines et du stress oxydatif.

Une association inhabituelle et pourtant inexpliquée a été observée entre les migraines avec aura chez les femmes et les MCV incidentes.

L’association d’un traumatisme au début de la vie et du risque d’évènements CV indésirables chez les personnes jeunes et d’âge moyen qui ont des antécédents d’infarctus du myocarde est également intéressante.

Les patients transgenres qui se présentent pour des soins d’affirmation de genre courent également un risque CV accru. Chez ces patients, l’augmentation du risque de maladie coronarienne peut être liée à des taux élevés d’anxiété et de dépression.

Facteurs environnementaux

Le faible statut socioéconomique est devenu un facteur de risque. L’augmentation des facteurs de stress psychosociaux, les opportunités éducatives et économiques limitées et le manque d’influence des pairs favorisant des choix de vie plus sains peuvent être des éléments conduisant à une maladie coronarienne plus fréquente chez les personnes ayant des conditions de vie socio-économiques faibles.

On estime que la pollution de l’air a causé 9 millions de décès dans le monde en 2019, dont 62 % sont dus à des MCV et 31,7 % à des maladies coronariennes. Les aérosols environnementaux gravement pollués contiennent plusieurs métaux toxiques, tels que le plomb, le mercure, l’arsenic et le cadmium. Une exposition transitoire à divers polluants atmosphériques peut déclencher l’apparition d’un syndrome coronarien aigu.

Facteurs de style de vie

Les longues heures de travail des patients qui ont subi un premier infarctus du myocarde augmentent le risque d’événement récurrent, peut-être en raison d’une exposition prolongée à des facteurs de stress au travail.

Le fait de sauter le petit-déjeuner a été associé à une augmentation de la mortalité CV et toutes causes confondues.

La consommation à long terme de boissons contenant du sucre et des édulcorants artificiels a également été associée à une mortalité CV accrue.

Reconnaître la présence d’un ou plusieurs de ces nouveaux facteurs de risque pourrait aider à susciter et à améliorer les comportements pour réduire au minimum les facteurs de risque CV plus conventionnels.

Fibrillation Atriale : l’électroporation va-t-elle être le nouveau gold standard ?

 

Bordeaux, France – Parmi les traitements de la fibrillation auriculaire, l’ablation par l’électroporation est une technique récente, basée sur une nouvelle énergie, qui pourrait révolutionner la prise en charge de ce trouble du rythme cardiaque.

Elle a été développée par le Pr Pierre Jaïs, cardiologue et directeur général de l’institut des maladies du rythme cardiaque LIRYC. Depuis l’obtention du marquage CE en 2021, 25 000 interventions d’ablation de la fibrillation atriale (FA) par isolement des veines pulmonaires avec la nouvelle technique d’électroporation ont été réalisées.

Son taux d’efficacité, proche de 80 % dans les formes paroxystiques, sa courbe d’apprentissage réduite, une durée d’intervention d’1 heure et la préservation des tissus et organes environnants sont des avantages certains.

A l’occasion d’une visite de l’IHU de Bordeaux, le Pr Jaïs a décrit cette technique qui se présente comme l’avenir du traitement de la FA, détrônant à plus ou moins court terme l’ablation thermique standard, par cryothérapie ou radiofréquence.

Jusqu’à présent, des méthodes thermiques

Les équipes de LIRYC, l’IHU de Bordeaux dédié aux troubles du rythme cardiaque ont identifié dans les années 1990 les sources de la fibrillation atriale : du tissu cardiaque au niveau des veines pulmonaires de l’oreillette gauche (voir encadré ci-dessous). Puis ils ont développé le traitement aujourd’hui universellement pratiqué d’ablation par cathéter, visant à créer une barrière électrique complète et durable autour des 4 veines pulmonaires afin d’exclure les sources d’arythmie et ainsi de rétablir le rythme sinusal. 700 000 patients à travers le monde sont aujourd’hui traités par ablation thermique chaque année.

A ce jour, l’isolation des veines pulmonaires est principalement réalisée par ces méthodes thermiques, où la nécrose des tissus est obtenue soit par radiofréquence (> 50°C) soit par cryoablation (cryoballon, -60°C), deux options thérapeutiques indiquées chez les patients avec FA résistante aux médicaments, avec un taux de succès d’environ 64 % et 65 % à 1 an pour la FA paroxystique, respectivement.

Bien que peu invasives, ces techniques exposent à des complications : hématome inguinal (2-4,5 %), tamponnade péricardique (0,5-1,5 %), paralysie du nerf phrénique (0,5-3 %), AVC (0,5 %) et fistules atrio-œsophagiennes .

Des micro-chocs électriques de haut voltage tissu-spécifiques

Il faudra désormais compter avec l’ablation sélective des tissus à l’origine de l’arythmie par électroporation ou champs pulsés (Pulsed Field ablation). Cette technique utilise des micro-chocs électriques de haut voltage (> 2000 V) pour ouvrir en quelques millisecondes des pores à l’échelle nanométrique dans les membranes des cellules cardiaques pathologiques.

Son effet lésionnel provient donc de l’augmentation de la perméabilité de la membrane cellulaire par la formation de pores membranaires. La méthode peut ainsi être spécifique à un tissu donné et les données précliniques suggèrent que l’on peut cibler sélectivement les cardiomyocytes tout en épargnant l’œsophage, les nerfs et les vaisseaux sanguins environnants dont les seuils lésionnels sont plus élevés.

Pr Pierre Jaïs

Le Pr Pierre Jaïs, directeur général de LIRYC, raconte : « La start-up ayant développé la technologie FARAPULSE TM, appartenant désormais à Boston Scientific, nous avait sollicités pour notre expertise, notre reconnaissance au niveau mondial et notre invention de l’ablation thermique. Avec le Pr Vivek Reddy, de l’Icahn School of Medicine at Mount Sinai (New York, NY, USA), nous sommes ainsi les deux équipes dans le monde à avoir contribué à développer l’électroporation dans la fibrillation atriale, chez l’animal puis chez l’homme. Elle a depuis obtenu le marquage CE en 2021. Elle est indiquée dans la FA paroxystique.

Vingt centres en France en sont équipés, et plus de la moitié l’utiliseront probablement d’ici à deux ans. Actuellement, seuls 2 à 4 % des patients ayant une FA sont traités par ablation thermique, alors que bien plus sont éligibles. L’attente est longue : par exemple, il faut patienter 6 à 9 mois pour en bénéficier au CHU de Bordeaux. Or, intervenir plus tôt permet de limiter la survenue des complications et réduit le risque de passage à une forme persistante. Cette nouvelle technique par électroporation permet des procédures plus simples, plus rapides et surtout plus sûres. Je pense personnellement qu’il sera difficile de poursuivre avec les énergies thermiques lorsque l’électroporation sera diffusée : elle deviendra la technique par défaut dans la FA paroxystique et probablement de la FA persistante. »

« Lorsque l’électroporation sera diffusée : elle deviendra la technique par défaut dans la FA paroxystique et probablement de la FA persistante. »           Pr Pierre Jaïs

Des taux d’efficacité proches de 80%

D’après un important registre multicentrique, l’électroporation (technologie FARAPULSE TM) s’est révélée efficace pour traiter les signaux cardiaques anormaux, tout en limitant le risque d’endommager les tissus environnants. Les premiers résultats d’efficacité sont de 78 % à un an.

« L’intervention dure environ 1h en moyenne (contre 1,5 à 2 heures pour la radiofréquence et la cryothérapie) et la courbe d’apprentissage avec cette nouvelle technique par électroporation est très rapide », précise le Dr Mélèze Hocini, directrice adjointe de LIRYC et cardiologue au CHU de Bordeaux.

Un autre système d’électroporation (PulseSelect, Medtronic) vient d’obtenir le marquage CE (15 mars 2023). Les résultats de l’essai PULSED-AF avec ce dispositif médical ont été présentés au congrès de l’American College of Cardiology (ACC 2023), conduit chez 300 patients avec une FA paroxystique ou persistante symptomatique en échec thérapeutique sous au moins 1 antiarythmique de classe I ou III, dans 41 centres de neuf pays. 69,5 % des patients du groupe FA paroxystique n’ont présenté aucune arythmie atriale (TA, FA, flutter commun) à la fin du suivi, et 62,3 % dans le groupe FA persistante. 80 % des patients dans chacun des groupes n’ont présenté aucune récidive symptomatique. Concernant le profil de sécurité, un AVC a été rapporté dans chacun des groupes, soit un taux d’évènements indésirables de 0,7 %. Aucune lésion sur l’œsophage ou le nerf phrénique ou même de sténoses des veines pulmonaires n’ont été rapportées.

A Bordeaux, un IHU dédié à la rythmologie et à la modélisation cardiaque
LIRYC, l’institut des maladies du rythme cardiaque (Bordeaux, Pessac) est l’IHU dédié à la rythmologie et modélisation cardiaque. Pour le Pr Michel Haïssaguerre, cardiologue et président d’honneur de l’IHU (Institut hospitalo-universitaire), « l’approche électrique du cœur ne peut être uniquement le fait des médecins seuls » et « il faut multiplier les champs du possible de la recherche scientifique, en regroupant autour des cliniciens des équipes pluridisciplinaires ». L’IHU a été créé en 2010 grâce au Programme d’investissement d’Avenir. Il est dédié à la rythmologie et à la modélisation cardiaque, et se focalise sur 3 cardiopathies : fibrillations auriculaire, ventriculaire et l’insuffisance cardiaque. Il est rattaché au pôle cardio-thoracique de l’hôpital cardiologique de Haut-Lévêque du CHU de Bordeaux. Dans une optique de valorisation, LIRYC s’entoure de partenaires industriels : grands industriels du dispositif médical, du médicament ou de l’imagerie, grands groupes, entreprises locales et start-ups. Quatre d’entre elles ont d’ailleurs été créées et sont hébergées à l’institut (InHEART, Certis Therapeutics et CareLine Solutions, PulseHeart).

Une méthode d’avenir

Sur la base des études publiées, nombreux sont ceux qui voient en l’ablation par électroporation l’avenir du traitement de la FA réfractaire. Des études supplémentaires à grande échelle et notamment randomisées sont attendues.

Va-t-on vers un changement des pratiques ? « En dépit de l’inertie au changement, je suis convaincu que l’électroporation remplacera les énergies thermiques dans l’ablation de la FA paroxystique et persistante, considère le Pr Jaïs : Elle deviendra l’énergie de référence dans les recommandations internationales. Nous conduisons l’étude BEAT AF (ground-BrEAking electroporation-based inTervention for Atrial Fibrillation treatment)  dont les inclusions prendront fin en 2023. Elle comprend deux essais cliniques randomisés distincts afin de tester la supériorité de l’électroporation dans la FA paroxystique, et son efficacité potentielle dans la FA persistante. Il est cependant dramatique de constater que c’est peut-être la dernière fois en Europe que nous pouvons jouer ce rôle de pionnier dans la mise au point de techniques biomédicales. Le MDR (« Medical Device Regulation ») ou UE 2017/745, le nouveau règlement européen sur les dispositifs médicaux, complexifie tellement l’accès de l’innovation au marché et au marquage CE que les startups américaines restent désormais aux USA pour la facilité d’obtention de l’autorisation de commercialisation de la part de la FDA, au détriment de l’Europe. C’est une catastrophe, d’autant que si le but de ce nouveau règlement était la recherche des complications rares, il aurait été plus pertinent d’imposer des registres obligatoires une fois l’accès au marché accordé. »

 

La Fibrillation Atriale en chiffres
La fibrillation atriale (auriculaire) touche 1 à 2 % de la population mondiale, soit 33 millions d’individus dont 11 millions d’Européens. 750 000 Français en souffrent (>1 % de la population). C’est l’arythmie la plus fréquente chez l’adulte. Il est bien établi que la FA augmente le risque de mortalité (+ 46 % pour la mortalité toutes causes) et elle est associée à une morbidité importante : la FA multiplie par 5 le risque d’insuffisance cardiaque, par 2,4 celui d’accident vasculaire cérébral  et détériore la qualité de vie des patients. Elle peut provoquer une réduction de 20 à 30 % du débit cardiaque.

La FA est très liée à l’âge[6]. Près de 8 adultes sur 10 atteints de FA ont 65 ans et plus, plus fréquemment des hommes que des femmes. En raison du vieillissement de la population, la prévalence de la FA devrait augmenter avec une estimation de 18 millions d’individus en Europe en 2050. Avec davantage de patients susceptibles d’être touchés par la FA, les taux d’AVC liés à la FA, d’hospitalisations et de consultations devraient augmenter. Aujourd’hui, jusqu’à 2,6 % des dépenses de santé annuelles totales sont associées à la FA dans les pays européens (2,5 milliards en France dont la moitié due aux frais d’hospitalisation) .

Mise à jour des performances de la batterie du système HeartWare™ Ventricular Assist Device (HVAD™)

Cette lettre fait suite à la lettre de notification aux clients existants de Medtronic de juin 2022 intitulée « Information urgente
de sécurité » concernant l’interaction entre le mode de configuration de la batterie et la carte de circuit imprimé interne de
la batterie, qui peut provoquer des défauts électriques dans certaines batteries.
Le but de cette lettre est de vous informer que la modification du mode de configuration de la batterie pour atténuer le
problème de défaut électrique a été mise en oeuvre, et que Medtronic commencera à échanger toutes les batteries avec de
nouvelles batteries contenant le changement de mode. Ainsi que décrit dans la lettre de juin 2022, les défaillances électriques
de la batterie (problème n°2) été causées par une interaction entre la configuration du logiciel qui régit la batterie HVAD et
un composant interne. Les représentants de Medtronic sur le terrain vous informeront lorsque les nouvelles batteries seront
disponibles pour votre centre. Veuillez noter que ce changement de mode de configuration ne concerne que les batteries
externes et n’affecte pas la batterie interne du contrôleur.

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Les nouveaux iPhone peuvent désactiver les défibrillateurs implantables

Ted Bosworth

16 février 2021

New York, Etats-Unis – Les patients concernés doivent savoir que certains modèles récents de smartphones équipés d’aimants, comme l’iPhone 12, peuvent désactiver leur défibrillateur cardiaque implantable (DCI).

« Après avoir placé l’iPhone à proximité du défibrillateur, au niveau de la partie gauche du thorax, nous avons constaté un arrêt immédiat de son fonctionnement. Cet arrêt a persisté pendant toute la durée du test », explique l’équipe de chercheurs menée par le Dr Joshua Greenberg, étudiant en électrophysiologie (hôpital Henry Ford,Detroit). Leurs observations ont été rapportées dans un article publié par la revue Heart Rhythm.

Un problème connu mais ré-activé avec le dernier iPhone

L’American Heart Association (AHA) avait déjà alerté sur le fait que les champs magnétiques pouvaient inhiber les générateurs d’impulsions présents dans les DCI et les stimulateurs cardiaques. Le site web de l’AHA a publié une liste d’appareils, avec leur potentiel d’interférence fonctionnelle, mais les téléphones portables et les autres appareils courants y étaient considérés jusqu’ici comme n’induisant qu’un faible risque de problème.

Le dernier iPhone (et peut-être d’autres smartphones récents) semble différent sur ce plan : il possède un réseau circulaire d’aimants entourant une bobine de charge centrale, et ce réseau interagit avec la technologie MagSafe, propriété d’Apple, qui accélère la recharge de l’appareil. Les aimants servent également à orienter le téléphone sur le chargeur et à activer d’autres accessoires fonctionnant sous MagSafe.

Au départ, les auteurs de l’étude craignaient que ce réseau d’aimants soit assez puissant pour interférer avec les DCI ou d’autres appareils à risque. Dans une étude publiée précédemment, la force du champ magnétique suffisant pour interférer avec les dispositifs cardiaques implantables avait été estimée à 10 gauss.

Interruption de fonctionnement du défibrillateur implantable (barre orange montrée par la flèche rouge) avec l’iPhone 12 posé sur la poitrine d’un patient (flèche verte) et fluoroscopie de iPhone12 montrant le circuit d’aimants circulaire (flèche jaune). Crédit [1]

Des tests ont été effectués sur un patient portant un DAI de Medtronic. « Après avoir placé l’iPhone à proximité du défibrillateur, au niveau de la partie gauche du thorax, nous avons constaté un arrêt immédiat de son fonctionnement. Cet arrêt a persisté pendant toute la durée du test ». Et selon les auteurs de l’étude, le phénomène a été reproduit à de nombreux reprises et pour différents positionnements du smartphone. Des études antérieures avaient montré que les modèles précédents ne présentaient pas ce risque. Dans l’une d’entre elles, qui portait sur l’iPhone 6 et sur une Apple Watch chez 148 patients porteurs de différents types de dispositifs électroniques implantables (y compris des stimulateurs cardiaques, des défibrillateurs cardioverteurs, des défibrillateurs de resynchronisation et des stimulateurs cardiaques de resynchronisation), un seul cas d’interférence significative avait été observé au cours des 1 352 tests réalisés.

Des interférences induites par l’iPhone 6 ont été détectées par télémétrie inductive chez 14 % des patients mais elles ne semblaient pas cliniquement significatives, et ce type d’interférence n’a pas été observé avec l’Apple Watch. La seule interaction observée, qui concernait un iPhone 6 et un stimulateur cardiaque à deux chambres, suggérait que les interactions entre appareils sont peu fréquentes.

Attention aussi aux bracelets d’activité connectés

Plus récemment, une femme équipée d’un DCI à chambre unique et de marque Medtronic, qui s’était endormie avec son Apple Watch, a été réveillée par des bips d’avertissement provenant de son stimulateur cardiaque, selon une étude de cas. La proximité de la montre reproduisant l’avertissement pendant l’examen clinique, l’Apple Watch a été suspectée mais il s’est finalement avéré que l’interférence magnétique provenait du bracelet et non de la montre. Ce cas a donné lieu à des études supplémentaires avec les Fitbit et d’autres Apple Watch. Ces deux types de bracelets, qui contiennent des aimants permettant de suivre la fréquence cardiaque, se sont montrés capables de désactiver les DCI à une distance d’environ 2 cm. Sur la base de ces résultats, les auteurs ont conclu que les patients devraient être avertis du risque posé par les bracelets d’activité connectés, concluant qu’ils devraient être tenus à une distance minimale de 6 pouces (environ 17 cm) des DCI et ne pas être portés au cours du sommeil.

Sur son site web, Apple publie une page mettant spécifiquement en garde contre le potentiel interactif entre les iPhone 12 et les appareils médicaux. Si la firme reconnait que l’iPhone 12 contient plus d’aimants que les modèles précédents, elle affirme que l’iPhone 12 « ne devrait pas présenter un risque d’interférence magnétique plus important pour les appareils médicaux que les modèles précédents ». Néanmoins, les instructions d’Apple conseillent de garder l’iPhone et les accessoires MagSafe à plus de 6 pouces des appareils médicaux.

Avertir les patients

Joshua Greenberg et son équipe concluent que l’iPhone 12 présente un risque plus important de provoquer un dysfonctionnement des DCI et d’autres dispositifs médicaux. En conséquence, l’étude met en avant « un important problème de santé publique concernant la nouvelle génération d’iPhone 12 ».

Très au courant de ce type de problématique, le Dr Bruce Wilkoff, qui est en charge des dispositifs de stimulation cardiaque et de tachyarythmie à la Cleveland Clinic, estime que la recherche sur ce problème ne devrait pas se limiter aux iPhone 12 mais concerner également d’autres appareils portables : « Les stimulateurs cardiaques et les défibrillateurs implantables sont conçus pour répondre à des aimants pour des raisons impératives de fonctionnement, mais [le problème est que] les aimants ont de nombreuses autres applications. »  Ils peuvent modifier la fonction du dispositif cardiaque implantable, mais seulement « de façon temporaire, et lorsqu’ils sont placés à sa proximité. »

La solution au problème est a priori simple. « Les patients doivent veiller à ne pas placer ces objets à proximité de leur DCI », conseille Bruce Wilkoff. Ils doivent être conseillés et bénéficier de conseils pratiques, selon les auteurs. Il s’agit notamment de ne pas placer ces appareils dans une poche située trop près d’un DCI. Les auteurs demandent que les fabricants de smartphones et d’autres appareils dotés d’aimants suffisamment puissants pour modifier le fonctionnement des stimulateurs cardiaques et des DCI communiquent de façon plus audible à ce sujet, et ils conseillent également aux médecins d’y sensibiliser leurs patients.

Apple publie une nouvelle liste d’appareils pouvant interférer avec les dispositifs cardiaques

Patrice Wendling

1er juillet 2021

Cupertino, Etats-Unis – L’entreprise Apple a étendu la liste de ses produits qui devraient être maintenus à une distance « de sécurité » des dispositifs cardiaques pour cause d’interférences électromagnétiques potentielles.

Un document du support d’Apple liste désormais une vaste liste de produits incluant : AirPods, Apple Watches, HomePods, iPads, Beats, ordinateurs Mac, les modèles d’iPhone 12, et accessoires MagSafe .

La compagnie basée à Cupertino en Californie signale que ces produits spécifiques contiennent des aimants et que, « dans certaines conditions, les aimants et les champs magnétiques peuvent interférer avec les dispositifs médicaux. Pour exemple, les pacemakers et les défibrillateurs peuvent contenir des capteurs qui répondent aux aimants et ondes radios quand ils sont en contact rapproché ».

Le document fait suite à une étude rapportée le mois dernier dans laquelle l’IPhone max avec la technologie MagSafe, conçue pour optimiser le chargement sans fil, a interféré avec des dispositifs électroniques implantables lors de tests in vivo et ex vivo, avec des différences de susceptibilité selon les dispositifs cardiaques.

A la suite de la publication d’autres rapports sur de potentielles interférences électromagnétiques, la FDA a fait paraitre une alerte en mai, établissant que « les téléphones cellulaires ne semblent pas poser de problème significatif pour les porteurs de pacemaker », mais que les patients devraient éviter de porter leur téléphone au-dessus de leur dispositif implantable.

Ce nouveau document, publié le 25 juin, repéré en premier par MacRumors, avise aussi les clients de conserver leur « produit Apple à une distance de sécurité de leur dispositif médical (distance de plus de 15 cm ou plus de 30 cm si l’appareil dispose d’un chargement sans fil). »

« Si vous suspectez que votre produit Apple interfère avec votre dispositif médical, arrêtez d’utiliser votre produit Apple et consulter votre médecin et le fabricant de votre dispositif » indique le document.

Les produits Apple spécifiquement concernés sont :

AirPods et leur boitier de chargement :

  • AirPods et boitier de chargement
  • AirPods and boitier de chargement sans fil
  • AirPods Pro et boitier de chargement sans fil
  • AirPods Max et boitier intelligent

Apple Watch et ses accessoires

  • Apple Watch
  • Apple Watch bands avec aimants
  • Apple Watch avec accessoires de chargement magnétique

HomePod

  • HomePod
  • HomePod mini

iPad et accessoires

  • iPad
  • iPad mini
  • iPad Air
  • iPad Pro
  • iPad Smart Covers and Smart Folios
  • iPad Smart Keyboard and Smart Keyboard Folio
  • Magic Keyboard for iPad

iPhone et accessoires MagSafe

  • Modèles d’iPhone 12
  • Accessoires MagSafe

Mac et accessoires

  • Mac mini
  • Mac Pro
  • MacBook Air
  • MacBook Pro
  • iMac
  • Apple Pro Display XDR

Beats

  • Beats Flex
  • Beats X
  • PowerBeats Pro
  • UrBeats3

Le document du support Apple ne fait pas référence aux études de sécurité menées avec l’iPhone 12/MagSafe, mais mentionne que « certains autres produits Apple contiennent des aimants qui ne sont pas susceptibles d’interférer avec les dispositifs médicaux. »

Apple indique également que davantage d’informations concernant la sécurité sont disponibles dans la section Informations importantes de Sécurité des guides utilisateurs de ses produits.

Bornes de recharge pour voitures électriques : y-a-t-il un risque pour les porteurs de dispositifs cardiaques ?

Nadine Eckert

22 mai 2023

Berlin, Allemagne – D’après une nouvelle étude du Centre allemand du Cœur de Munich (Deutsches Herzzentrum), les porteurs d’un stimulateur cardiaque ou d’un défibrillateur automatique implantable (DAI) peuvent recharger leur voiture électrique à une borne de recharge rapide (BRR) sur l’autoroute sans risque de perturber leur dispositif. Ce résultat est important car « les nouvelles stations de recharge à haute puissance pour les voitures électriques peuvent générer de forts champs électromagnétiques et provoquer des interférences électromagnétiques sur les stimulateurs cardiaques et les défibrillateurs, ce qui pourrait entraîner des dysfonctionnements », explique le Dr Carsten Lennerz, auteur principal de l’étude publiée dans la revue EP Europace.

Voitures électriques et dispositifs cardiaques : une préoccupation ancienne

Ce n’est pas la première fois que la sécurité des voitures électriques et de l’infrastructure liée à leur recharge est étudiée chez les porteurs d’implants cardiaques électriques (cardiac implantable electronic devices, CIED) tels que les stimulateurs, les DAI et les systèmes de resynchronisation cardiaque (CRT).

Comme l’explique Daniel Steven, porte-parole du groupe de travail « Electrophysiologie et rythmologie » de la Société allemande de cardiologie (DGK), « les groupements d’intérêts de l’industrie automobile et des forums internet les plus divers se préoccupent depuis des années de savoir si le champ électromagnétique émis par les batteries de voiture peut interférer avec le bon fonctionnement des CIED. »

Les experts ont, en effet, craint que les stimulateurs cardiaques ne tombent en panne ou que les DAI ne détectent à tort des arythmies, délivrant alors des décharges électriques douloureuses. À l’origine, la question était de savoir si des interférences pouvaient déjà se produire entre le champ électromagnétique généré par les batteries à haute tension et les CIED lors de l’utilisation d’une voiture électrique. « À partir d’une intensité de champ magnétique de 300 µT, on peut effectivement supposer que des interférences peuvent se produire avec les systèmes implantés », justifie Daniel Steven, qui dirige le département d’électrophysiologie au Centre cardiaque de l’université de Cologne.

La conduite et la recharge à domicile se sont avérées sûres

Néanmoins, les premières études qui ont été menées sur le sujet, se sont avérées rassurantes : même lorsque les batteries délivrent une puissance élevée au cours de la conduite, aucune interférence avec les stimulateurs cardiaques n’a été observée. Les intensités de champ se situaient entre 30 et 50 µT et ne présentaient donc aucun risque pour les patients. « Les batteries haute tension sont bien isolées, ne serait-ce que pour éviter les interférences avec les systèmes électriques de la voiture. Les constructeurs automobiles ont donc un intérêt intrinsèque à réduire l’intensité du champ dans la voiture », explique Daniel Steven.

D’autres recherches ont porté sur la recharge des voitures électriques à domicile. Les stations de recharge domestiques fonctionnent avec du courant alternatif, ont une puissance de 11 kW et sont moins bien protégées que les BRR. « Mais, là encore, on a constaté que ni le contact avec le câble ni celui avec la station de recharge ne dépassaient une intensité de champ de 150-180 µT. »

Les chargeurs rapides sont également sûrs

L’étude présentée ici s’est intéressée aux bornes à haute puissance, qui doivent recharger le plus rapidement possible les voitures électriques sur l’autoroute. Ces BRR ont une puissance de recharge allant jusqu’à 350 kW et fonctionnent avec du courant continu, ce qui leur permet de fournir rapidement plus d’énergie.

Carsten Lennerz et son équipe ont recruté 130 patients portant un stimulateur cardiaque, un DAI ou un système CRT. Ils étaient âgés en moyenne de 59 ans, et près de 80% étaient des hommes. Les voitures électriques utilisées étaient une Tesla Modèle 3, une Audi E-tron 55 Quattro, une VW ID.3 et une Porsche Taycan Turbo. Comme ces voitures ne sont pas encore en mesure d’absorber la charge maximale de 350 kW, des processus de charge ont en outre été effectués avec une voiture test de Ionity conçue à cet effet.

Afin d’exclure tout risque potentiel, les dispositifs implantables des participants à l’étude ont été programmés de manière à détecter les interférences électromagnétiques de manière optimale. En outre, les participants ont placé les câbles de charge sur leur épaule de manière à ce qu’ils se trouvent directement au-dessus du stimulateur cardiaque ou du DAI.

Aucune interférence malgré le scénario du pire

« Cette étude a été conçue comme un scénario du pire, en maximisant le risque d’interférences électromagnétiques. Malgré cela, nous n’avons pas constaté d’interférence cliniquement significative ni de dysfonctionnement des appareils pendant l’utilisation des BRR », rapporte Carsten Lennerz.

Au total, les participants à l’étude ont effectué 561 processus de charge, au cours desquels il n’y a eu ni défaillance des stimulateurs cardiaques, ni détection erronée d’arythmies. D’après les auteurs, aucune modification de la programmation ni aucun dommage sur les appareils eux-mêmes n’ont été observés à la suite des processus de charge.

« En raison des grandes quantités d’énergie délivrées par les BRR, les câbles eux-mêmes doivent être fortement isolés et en partie refroidis. Et cette densité d’isolation autour des câbles fait que le champ électromagnétique est très fortement confiné », explique Daniel Steven. En fait, les intensités de champ les plus élevées qu’ont mesurés les chercheurs munichois étaient de 80-90 µT – et ce, au niveau de la station de recharge, à hauteur de la tête de l’utilisateur, donc loin du câble et de la voiture elle-même.

Garder ses distances ne peut nuire

« Il semble que ni l’utilisation d’une voiture électrique, ni les processus de recharge avec un chargeur à courant alternatif au domicile ou par un chargeur à haute puissance ne génèrent des interférences pouvant être dangereuses pour les porteurs de stimulateur cardiaque », explique Daniel Steven.

Et Carsten Lennerz de conclure : « Les patients porteurs d’un CIED peuvent être rassurés. Le risque de dysfonctionnement des stimulateurs cardiaques et des DAI est extrêmement faible. Au moment de la recharge, il n’y a pas de danger à s’asseoir dans la voiture ou à rester debout à côté du câble ou de la station de recharge. Nous recommandons cependant de ne pas placer le câble de charge directement sur le dispositif cardiaques et de garder une certaine distance avec les éléments de charge. »