COVID-19 et lésions cutanées : plutôt un signe tardif de la maladie ?

Aude Lecrubier
14 avril 2020
France — Un nombre croissant de lésions cutanées ont été observées chez des patients suspects d’être infectés par le Covid-19.
Selon les informations disponibles à ce jour, elles toucheraient majoritairement des sujets jeunes, asymptomatiques ou atteints de formes non-graves de Covid et surviendraient tardivement au cours de l’histoire naturelle de la maladie.
« Il s’agit d’acrosyndromes (aspect de pseudo-engelures des extrémités), apparition subite de rougeurs persistantes parfois douloureuses, et des lésions d’urticaire passagère », indiquait récemment le Syndicat National des Dermatologues-Vénéréologues (SNDV) dans un communiqué.
« Alors que les érythèmes du visage semblent très rares, nous ont été rapportées assez rapidement, des lésions ressemblant à des engelures, surtout sur les orteils, auxquelles sont souvent associés un prurit ou des gonflements. Le nombre de cas parait important et la survenue inhabituelle en cette saison », a précisé le Pr Marie Beylot-Barry (CHU Bordeaux), Présidente de la Société Française de Dermatologie (SFD), à Medscape édition Française.
Une profusion de cas d’engelures signalés en quelques jours
Aux dizaines de cas qui ont été rapportés sur le groupe WhatsApp (400 dermatologues) du syndicat des dermato-vénérologues (SNDV) début avril s’ajoutent désormais une centaine de cas, a indiqué le Pr Marie Beylot-Barry.
Ces nouveaux cas ont été recensés suite à l’appel de la SFD à rapporter et à documenter les observations de lésions cutanées chez les patients suspects de Covid. Ils sont en cours d’analyse.
Signes tardifs du Covid-19 ?
De ce que l’on en sait à ce stade, il semblerait que ces cas surviennent plutôt chez des adolescents ou des jeunes adultes, dans des formes asymptomatiques ou non-graves du Covid-19 et assez tardivement.
« La plupart des patients n’ont absolument aucun symptôme. Seulement quelques cas ont été au contact d’une personne infectée ou ont eu des symptômes à minima. Aussi, les quelques tests PCR qui ont été réalisés se sont révélés négatifs. Ces manifestations cutanées semblent donc plutôt être un signe très tardif d’une infection presque déjà guérie. Ces signes ne surviennent très probablement pas à un stade précoce ou contagieux », a commenté le Pr Beylot-Barry pour Medscape édition française.
« Nous sommes en train de prélever du sang sur ces patients pour pouvoir réaliser des sérologies afin de confirmer s’ils ont été ou non en contact avec le virus », ajoute-t-elle.
Ces manifestations cutanées semblent donc plutôt être un signe très tardif d’une infection presque déjà guérie Pr Beylot-Barry
Des cas décrits aussi en réanimation:
Quelques signes cutanés ont aussi été décrits dans les services de réanimation mais ils semblent différents des pseudo-engelures décrites ci-dessus. « Ils ressemblent plutôt à des petites nécroses des extrémités lorsqu’il y a des troubles de la coagulation, à ces stades avancés. Il faudrait qu’ils soient vus par des dermatologues pour que l’on puisse vraiment en avoir le coeur net », précise le Pr Beylot-Barry.
Dans la littérature:
Le 26 mars, une publication italienne dans le Journal of The European Academy of Dermatology and Venerology , a rapporté des manifestations cutanées chez 18 patients sur les 88 infectés par le virus. Il s’agissait de rougeurs (érythème) (n=14), d’urticaire (n=3), ou encore des vésicules semblables à celles de la varicelle (n=1). Les symptômes ont été observés précocement pour 8 d’entre eux et après l’hospitalisation pour les 10 autres.
Plus récemment, un cas clinique italien publié dans Dermatologia Pediatria a décrit un tableau de pseudo-engelures similaire à la profusion de cas d’engelures recueillis par la SFD.
Enfin aux États Unis le Dr Randy Jacobs, dermatologue à l’université de Californie a rapporté des signes liés l’occlusion des petits vaisseaux : pétéchies, bleus, éruptions livédoïdes transitoires.
En pratique, outre le recueil précis des cas, la SFD souhaite favoriser la mise en place de filières permettant aux dermatologues et aux généralistes qui voient les patients en première ligne de les faire tester (PCR virale naso-pharyngée et prélèvement sanguin en vue d’une sérologie quand elle sera disponible, à renouveler 14 jours plus tard).
Droits : Photo étude COVIDSKIN – Société Française de Dermatologie

Perte du Goût et de l’Odorat et COVID-19

Anosmie-agueusie liées au COVID-19 : observations et recommandations des jeunes ORL de l’YO-IFOS

Jérome R. Lechien, MD, PhD, MS

6 avril 2020

France, Belgique – Au cours des dernières semaines, beaucoup de spécialistes ORL (nez-gorge et oreilles) et infectiologues européens ont observé que les patients infectés par le coronavirus (COVID-19) présentaient des troubles de l’odorat et du goût.

Ces symptômes d’anosmie/hyposmie (perte partielle ou totale de l’odorat) et de dysgueusie (perte partielle ou totale du goût) ont été retrouvés chez un grand nombre de patients infectés en Allemagne, France, Italie, Espagne, Angleterre et aux USA. 

Face à la multiplication des déclarations médicales dans la presse, un groupe de spécialistes ORL du YO-IFOS (le groupe jeunes ORL de la fédération internationale des sociétés d’ORL créé à Paris en 2017) a réalisé une étude européenne multicentrique afin d’investiguer ces troubles de l’odorat et du goût chez des patients Covid-19 [1]

Etude multicentrique sur 417 patients

Cette étude a été réalisée sur 417 patients présentant une forme non-sévère d’infection de COVID-19 (dont l’infection est prouvée par un test PCR). Parmi ceux-ci, on compte 263 femmes (63%) et 154 hommes (37%). Les symptômes généraux les plus fréquents de la maladie sont la toux, les douleurs musculaires, la perte d’appétit et la fièvre. Les symptômes ORL les plus fréquents sont les douleurs faciales et l’obstruction nasale. 86% des patients infectés ont affirmé présenter des troubles partiels ou complets de l’odorat et 88% des troubles partiels ou complets du goût. 

Notre étude montre que ces troubles de l’odorat surviennent soit avant l’apparition des symptômes (généraux et ORL) (dans 12% des cas), soit pendant (65% des cas) ou soit après (23% des cas). 

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Anosmie-agueusie liées au COVID-19

Un Pacemaker « en plein cœur »

Dans le magazine Sciences et Avenir n°877 de MARS 2020, il y a un article très intéressant sur les nouvelles technologies de PACEMAKER (Stimulateur Cardiaque) notamment les modèles implantés directement à l’intérieur du cœur (tel le MICRA) sans sonde, et ceux alimentés par des ondes ultrasonores par un boitier extérieur (WISE de la société EBR System).

Voici à titre d’information un scan de l’article mais je vous engage à acheter le magazine ou à lire l’article sur la version en ligne du site Sciences et Avenir : https://www.sciencesetavenir.fr/

Pacemaker en plein coeur

COVID-19 : des symptômes gastro-intestinaux précoces, signes d’une possible transmission fécale

Ricki Lewis
23 mars 2020
Shanghai, Chine — La transmission féco-orale pourrait faire partie du tableau clinique global du Covid-19, d’après deux rapports publiés par la revue Gastroenterology [1,2]. Des chercheurs ont en effet observé la présence d’ARN et de protéines du SARS-Cov 2 dans des selles à un stade précoce de l’infection, et leur persistance après disparition de la symptomatologie respiratoire.
Cependant, cette découverte ne permet pas (encore) de tirer des conclusions claires : « Nous avons la preuve de la présence du virus dans les selles, mais pas d’un virus infectieux », explique à Medscape Medical News le Pr David A. Johnson, qui dirige le service de gastroentérologie à Norfolk (Ecole de Médecine de Virginie de l’Est).
L’accumulation de preuves de la présence de virus dans les selles a néanmoins conduit l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM) à prendre des précautions concernant la transplantation fécale. Concernant les essais cliniques en cours, l’ANSM a notamment suspendu les inclusions de patients, ainsi que les initiations de traitement et les essais cliniques sur le microbiote fécal (voir encadré en fin d’article) [3].
Présence du virus dans les selles
Cette découverte n’est pas vraiment inattendue. Les coronavirus responsables du SARS et du MERS se retrouvent dans les selles, rapporte l’équipe de Jinyang Gu (Ecole de Médecine de l’Université Jiao Tong, à Shangai) dans un des articles récemment publiés[1].
De plus, au fur et à mesure de l’extension de l’infection à Covid-19 en dehors de la Chine, les cliniciens ont remarqué une symptomatologie gastro-intestinale légère chez certains patients – comme une diarrhée, des nausées, des vomissements, des douleurs abdominales – avant l’apparition de la fièvre, de la toux sèche et de la dyspnée. Aux Etats-Unis, le premier patient diagnostiqué porteur du virus Covid-19 rapportait avoir souffert de nausées et de vomissements pendant deux jours, avec une détection de l’ARN viral dans les selles et dans les échantillons pulmonaires, d’après une publication antérieure.
Pour Jinyang Gu et son équipe, il est probable que les enquêtes, au début, n’ont pas tenu compte des cas qui se manifestaient d’abord par une symptomatologie gastro-intestinale (GI) légère.
« Bien que les premiers rapports de cas indiquent qu’environ 10% seulement des personnes touchées par le SARS-CoV2 présentaient une telle symptomatologie, on ne sait pas encore si certaines personnes pourraient ne présenter que ces symptômes, précisément », ajoute David Johnson.

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COVID 19 et transmission fecale

 

Hypertension: les diurétiques trop souvent prescrits en plus des inhibiteurs calciques

Dr Jean-Pierre Usdin
13 mars 2020
Toronto, Canada — Selon une étude américaine, les patients traités par inhibiteurs des canaux calciques (ICCa) pour une hypertension sont deux fois plus nombreux à se voir prescrire ensuite du furosémide, un puissant diurétique, comparativement à ceux traités par un autre antihypertenseur [1]. Et ce, probablement pour résorber, de manière inappropriée, un oedème périphérique, effet secondaire fréquent des ICCa.
« Un oedème induit sous inhibiteur calcique n’est pas la conséquence d’une surcharge hydrique », ont rappelé les auteurs de l’étude, qui soulignent que la prescription de diurétique dans cette indication, et plus particulièrement de diurétique de l’anse (dont fait partie le furosémide), est non seulement inutile, mais en plus risquée chez les patients les plus âgés.
« Traiter par des diurétiques alors que la volémie est normale peut placer les patients dans un risque de diurèse excessive pouvant favoriser les chutes, l’insuffisance rénale aiguë, l’incontinence urinaire ou encore les déséquilibres électrolytiques, dont les effets sont particulièrement néfastes dans une population âgée et fragile. »
Conséquence de la vasodilatation
Les inhibiteurs calciques font partie des médicaments indiqués en première ligne dans le traitement de l’hypertension. Aux Etats-Unis, ils sont dans la liste des dix médicaments les plus prescrits. Ils peuvent toutefois provoquer des oedèmes périphériques, dont l’incidence varie entre 2 et 25%; selon le type de molécule, la dose et la durée du traitement.
Un oedème induit sous inhibiteur calcique n’est pas la conséquence d’une sur-charge hydrique.
Ces médicaments freinent l’entrée du calcium dans les muscles responsables de la contraction des artères. Ce sont les effets de la vasodilatation consécutive à cette inhibition qui sont, en partie, responsables de la formation des oedèmes, qui surviennent en général dans les membres inférieurs, plus fréquemment avec la classe des dihydropyridines (amlodipine, nifédipine…).
Pour caractériser les pratiques de prescription après l’administration d’un ICCa, le Dr Rachel Savage (Women’s College Hospital, Toronto, Canada) et ses collègues ont mené une étude rétrospective, en s’intéressant à la prescription de furosémide, un puissant diurétique, chez des patients âgés de 66 ans ou plus traités pour une hypertension.
Pour cela, les chercheurs ont extrait d’une base de données du système de santé canadien celles de patients pris en charge entre 2011 et 2016. Ils ont constitué une cohorte de plus de 41 000 patients hypertendus mis sous inhibiteur calcique qu’ils ont comparé avec, d’un côté, 66 500 patients recevant un autre antihypertenseur et, de l’autre, 231 500 patients traités pour une pathologie autre que l’hypertension.

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Hypertension et diurétiques

COVID-19 : les facteurs de risque de décès identifiés

Ricki Lewis
17 mars 2020
Wuhan, Chine – Qui sont les patients à risque de décès par coronavirus ? Une étude chinoise parue dans le Lancet a repéré et listé un certain nombre de facteurs aggravants, pouvant conduire les patients infectés au décès [1]. Retrouvera-t-on les mêmes critères chez les patients français ? Les choses sont d’ores et déjà moins claires (voir encadré).
PA, diabète et ventilation non invasive
Dans cet article, le premier à examiner les facteurs de risque associés au décès chez les adultes hospitalisés à Wuhan pour le Covid-19, les auteurs expliquent que les patients qui n’ont pas survécu étaient susceptibles d’être plus âgés, de présenter des comorbidités, et des D-dimères élevés.
« Un âge élevé et des signes de sepsis à l’admission, sous-tendant des pathologies comme une pression artérielle élevée et un diabète, et une utilisation prolongée de la ventilation non invasive constituaient des facteurs élevés de risque de décès chez ces patients » explique Zhibo Liu, co-autrice, dans le communiqué de presse. Une coagulation défectueuse faisait aussi partie du tableau clinique.
Le Dr Fei Zhou, de l’Académie des Sciences Médicales chinoise et ses collègues ont conduit une étude de cohorte rétrospective, observationnelle et multicentrique sur 191 patients, dont 137 avaient pu rentrer chez eux après hospitalisation et 54 sont décédés à l’hôpital.
91 des 191 patients présentaient des comorbidités
L’étude publiée en ligne dans le Lancet a inclus tous les patients hospitalisés dans les hôpitaux de Jinyintan et Wuhan ayant une infection par le Covid-19 confirmée au laboratoire qui sont sortis de l’hôpital ou sont décédés au 31 janvier de cette année. Les patients gravement atteints de la province étaient transférés dans ces deux hôpitaux jusqu’au 1er février. Les chercheurs ont comparé les données démographiques, cliniques, les traitements et les données de laboratoire issus des dossiers médicaux numériques entre les survivants et ceux qui ont succombé à la maladie. Les examens ont aussi inclus des séries d’échantillons d’ARN viral.
En tout, 91 (48%) des 191 patients présentaient des comorbidités. La plus fréquente était l’hypertension (30%), suivi du diabète (19%) et d’une pathologie coronarienne (8%).
Le risque de décès à l’hôpital augmente avec l’âge (odds ratio 1,10, 95% IC : 1,03 – 1,17, par année d’augmentation en âge), un score SOFA (Sequential Organ Failure Assessment) élevé (5,65, 2,61 – 12,23; P < 0,0001), et un taux de D-dimère excédant 1 μg/L à l’admission.

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COVID19 et facteurs de commorbidité

Conséquences cardiaques de l’infection à coronavirus

Susan Jeffrey
28 février 2020
Houston, Etats-Unis — Quelles sont les spécificités cardiaques des patients atteints par l’infection à coronavirus ? Le 14 février dernier, l’American College of Cardiology (ACC) a publié un document sur les effets cardiaques de l’actuelle infection à coronavirus, COVID-19 [1]. A côté des différentes manifestations cardiaques satellites de l’infection virale, les experts insistent sur le rôle délétère de l’affection cardiovasculaire sous-jacente, tout en rappelant que les incertitudes concernant l’évolution et les conséquences de l’infection feront l’objet de mises à jour régulières.
Rapports cliniques et pandémies dues au virus du même type
Ce bulletin lu et accepté par les experts du Science and Quality Oversight Committee « fait le point sur l’épidémie qui a été initialement signalée fin décembre 2019 en se focalisant sur les événements cardiaques obtenus à partir des rapports cliniques » indique l’ACC dans un communiqué de presse. « Compte tenu des questions en suspens concernant COVID-19, ce document décrit le retentissement cardiaque observé lors des pandémies dues au virus du même type, pour permettre une prise en charge par analogie ».
Les rapports préliminaires indiquent qu’un nombre important de malades souffrant du COVID 19 avaient déjà une affection cardiovasculaire, a expliqué à theheart.org/Medscape Cardiology, Mohammad Madjid (professeur assistant en médecine au McGovern Medical School, University of Texas Health Science Center, Houston) et conseiller expert impliqué dans la rédaction du document. « Nous savons que les infections avec le virus de la grippe, par exemple, déstabilisent et aggravent la condition cardiaque, et nous pensons qu’il en sera de même au cours du COVID-19. Les effets cardiovasculaires ne seront probablement pas uniformes, et risquent de varier en gravité selon les patients »
Actuellement, le document cible les manifestations cardiaques survenant au début de l’infection virale. Par exemple, les rapports préliminaires sous-entendent que les patients ayant une affection sous-jacente sont ceux qui ont le plus fort risque de complications et de mortalité liées au virus : avec plus de 50% des patients hospitalisés ayant d’une maladie chronique [1]. Par ailleurs, 40% des patients hospitalisés ayant infection COVID-19 confirmée souffrent d’une maladie cardio vasculaire ou cérébro-vasculaire.
Les symptômes et la présentation clinique d’un infarctus du myocarde dans le contexte d’un COVID-19 peut passer au second plan conduisant à un retard du diagnostic ACC
Arythmie et insuffisance cardiaque
Dans un article récent qui concerne 138 patients hospitalisés atteints du COVID-19, les auteurs notent que : 19,6% ont développé détresse respiratoire aiguë, 16,7% ont une arythmie, 8,7% un état de choc, 7,2% une insuffisance cardiaque aiguë, 3,6% une insuffisance rénale.

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Conséquences cardiaques infection covid19

COVID-19 : l’ESC conseille de continuer les antihypertenseurs en dépit des inquiétudes

Miriam E. Tucker

17 mars 2020

 

France – La Société Européenne de Cardiologie (ESC) a publié vendredi dernier un communiqué sur son site demandant instamment aux médecins et aux patients de continuer leur traitement antihypertenseur à base d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IEC) et de bloqueurs des récepteurs de l’angio II (ARA II), précisant que la nouvelle théorie, basée sur ce qui s’est passé en Chine,  qui voudrait que ces agents puissent augmenter le risque de développer le COVID-19 ou d’augmenter sa sévérité, n’a pas été validée scientifiquement et/ou cliniquement [1].

Les antihypertenseurs, facteurs aggravant de l’infection à Covid-19

L’inquiétude vis-à-vis des traitements antihypertenseurs trouve son origine dans des observations montrant que le nouveau coronavirus SARS-CoV-2 à l’origine de la maladie Covid-19 se lie à l’enzyme de conversion de l’angiotensine 2 (ACE2) pour infecter les cellules, et que les IEC et les ARA II augmentent tous les deux les taux de ACE2.

 

Il a été postulé que ce mécanisme pourrait constituer un potentiel facteur de risque facilitant l’acquisition de l’infection à COVID-19 et aggravant sa gravité. Néanmoins, de façon paradoxale, l’hypothèse a aussi été émise que cela puisse protéger d’une atteinte sévère des poumons associée à la maladie.

Dans le même temps, un article du Lancet Respiratory publié le 11 mars est titré : « Les patients atteints d’hypertension et de diabète ont-ils un risque accru d’infection à COVID-19 ? ».

« Nous…faisons l’hypothèse que les traitements du diabète et de l’hypertension à base de médicaments stimulant la production d’ACE2 augmentent le risque de développer une maladie à COVID-19 particulièrement grave et léthale », écrivent les auteurs.

Ces propos, fortement relayés par les médias britanniques et « amplifiés sur les réseaux sociaux », ont entrainé l’inquiétude des patients, avec parfois, des arrêts de traitement.

 

C’est pourquoi, dans un communiqué posté sur son site vendredi dernier, l’ESC a réagi via sa branche Hypertension de l’ESC et fait savoir que ces inquiétudes étaient entièrement spéculatives.

Dans ce communiqué, les experts de l’ESC « recommandent que les médecins et les patients continuent leur traitement avec leur médicament antihypertenseur habituel car il n’y a aucune preuve clinique ou scientifique suggérant qu’un traitement par IEC ou ARA II doivent être arrêté à cause de l’infection à Covid-19. »

Le communiqué, signé du Pr Giovanni de Simone, au nom des autres membres du groupe d’experts, précise aussi que les données sur le potentiel effet protecteur de ces antihypertenseurs contre des complications pulmonaires viennent d’observations sur l’animal et non chez l’homme.

 

« Les spéculations sur la sécurité des IEC ou des ARA II en lien avec le Covid-19 ne reposent pas sur une base scientifique ou des preuves » conclut le panel d’experts.

FA : nouvelles recommandations américaines 2019

Dr Walid Amara
6 novembre 2019
Dix points-clés à retenir sur les nouvelles recommandations américaines 2019 dans le traitement de la fibrillation atriale.
TRANSCRIPTION
Bonjour, je voudrais vous parler de la dernière mise à jour des recommandations américaines (AHA/ACC/HRS) de prise en charge de la fibrillation atriale (FA). Les dernières recommandations américaines remontent à 2014 et ils viennent de les mettre à jour. En Europe, nous suivons encore les recommandations de 2016, mais on attend une mise à jour probablement au cours de l’année 2020.
À la lecture de ces recommandations, j’ai retenu 10 principaux points clés :
1. Le premier concerne les anticoagulants oraux directs (AOD) : l’edoxaban est entré dans ces recommandations en classe I, niveau de preuve B ; nous avons en effet les données concernant l’edoxaban dans la FA avec l’essai randomisé ENTRUST-AF PCI. Concernant le choix entre AOD et AVK, comme pour les recommandations européennes, la préférence va pour les AOD versus AVK, et c’est une indication de classe I, niveau de preuve A.
2. Un deuxième message clé que j’ai retenu est que la décision du traitement anticoagulant ne doit pas être basée sur le fait que la FA est paroxystique ou persistante — cela paraît plutôt évident, mais c’est vrai que souvent, dans la pratique, les médecins ont tendance à raisonner et à se dire « cette FA est rare, je ne vais pas l’anticoaguler, tandis que celle-ci, je vais l’anticoaguler. »
3. Autre message : lorsqu’on utilise des anticoagulants – des AOD – on insiste bien sur le fait de réaliser un bilan rénal et hépatique au début du traitement et de le refaire de manière annuelle.
4. Concernant les patients chez qui il faut particulièrement mettre les AVK, ceux qui ont un CHADS-VASC supérieur ou égal à 2, ou un CHADS-VASC supérieur ou égal à 3 s’il s’agit d’une femme, et qui ont une clairance de créatinine inférieure à 15 ou qui sont dialysés, dans ces cas-là, on préfère la warfarine ou l’apixaban pour l’anticoagulant oral. C’est un grade de recommandation IIb.
5. Les antidotes rentrent aussi dans les recommandations : l’idarucizumab, qui est l’antidote du dabigatran entre en classe I, niveau de preuve B et l’andexanet alfa, qui est un recombinant facteur Xa, lui rentre en grade IIa, niveau de preuve B.
6. On aborde aussi l’occlusion de l’auricule — elle peut être envisagée chez les patients qui ont une FA avec un risque thrombo-embolique, mais qui ont une contre-indication au traitement anticoagulant, mais attention : là, le niveau de recommandation est de grade IIb, avec un niveau de preuve B.
7. Concernant l’ablation de la FA : il y a un chapitre particulier qui concerne l’ablation de la FA en cas d’insuffisance cardiaque — vous savez qu’on a eu quand même
CASTLE-AF depuis, qui avait montré un bénéfice de l’ablation de la FA chez les patients qui ont une combinaison FA/insuffisance cardiaque avec une réduction des critères majeurs, et notamment de la mortalité. Cette fois-ci, l’ablation de la FA est jugée comme une option raisonnable chez les patients symptomatiques avec une insuffisance cardiaque à fraction d’éjection réduite et une FA, et pour réduire la mortalité et les hospitalisations pour insuffisance cardiaque, mais attention : le niveau de recommandation est IIb.
8. Concernant les patients qui doivent avoir un stent coronaire : il s’agit essentiellement des deux premiers qui avaient fait l’objets d’études, c’est-à-dire le rivaroxaban et le dabigatran, et dans ces cas-là, le double traitement avec clopidogrel associé avec rivaroxaban 15 ou clopidogrel associé avec dabigatran 150 x 2, est jugé comme une option raisonnable pour réduire le risque hémorragique par rapport à la trithérapie avec un grade de recommandation IIa.
9. On enfonce des portes qui sont déjà ouvertes, mais c’est bien d’insister sur ce point : réduire le poids chez le patient en surpoids ou obèse — là c’est un niveau de recommandation I. C’est important de le rappeler.
10. Enfin, dans l’AVC cryptogénique, on insiste sur le monitoring à la recherche d’une FA qui commence par des enregistreurs externes, mais si les enregistreurs sont négatifs, le recours à un moniteur cardiaque implantable pour la détection d’une FA asymptomatique est indiqué avec un grade de recommandations de IIa.

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FA nouvelles recommandations américaines 2019

Quelle gestion des AOD avant et pendant une chirurgie programmée ?

Dr Jean-Pierre Usdin
4 février 2020
Paris, France — Comment gérer le traitement par anticoagulants oraux directs (AOD) chez les patients qui vont bénéficier d’une chirurgie programmée? Au cours du congrès des Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie (JESFC2020), deux situations distinctes ont été évoquées: d’un côté, la chirurgie à risque hémorragique et, de l’autre, la procédure très particulière de l’ablation de la fibrillation atriale (FA), qui comporte aussi un risque élevé de thrombose.
A quel moment faut-il suspendre le traitement par AOD avant un acte chirurgical à risque hémorragique? Quand peut-on le reprendre? Ces questions, tous les anesthésistes, chirurgiens et cardiologues se les posent systématiquement avant toute opération sur un patient sous anticoagulant. Dans ses recommandations sur la gestion préopératoire des patients sous AOD, le Groupe d’intérêt en hémostase péri-opératoire (GIHP) a apporté des réponses très claires.
Tout d’abord, avant d’envisager une interruption du traitement, il faut pouvoir évaluer le risque hémorragique par rapport au risque thrombotique, ce qui implique d’avoir une discussion précise entre l’équipe chirurgicale et le cardiologue, a indiqué le Pr Anne Godier (Hôpital européen Georges Pompidou, AP-HP, Paris), au cours de sa présentation.
Jusqu’à cinq jours d’arrêt de traitement
La décision d’arrêter les AOD, en choisissant des délais d’interruption préopératoire plus ou moins longs, ou de les maintenir dépend du niveau de risque hémorragique associé à l’intervention chirurgicale, mais aussi du type d’anticoagulant utilisé, a rappelé la cardiologue. La fonction rénale, qui participe à l’élimination des anticoagulants est également prise en compte.
Lorsqu’il s’agit d’une intervention à faible risque hémorragique (chirurgie cutanée, chirurgie de la cataracte…), il est recommandé de ne pas prendre l’anticoagulant la veille au soir de l’opération et le matin même. En l’absence d’événements hémorragique, le médicament peut être repris au moins six heures après l’intervention.
Avant d’envisager une interruption du traitement, il faut pouvoir évaluer le risque hémorragique par rapport au risque thrombotique. Pr Anne Godier

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Quelle gestion des AOD avant et pendant une chirurgie programmée